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Monday, March 28, 2011

Les projets secrets pour le Yémen

Par F. William Engdahl*
pour http://www.voltairenet.org

Le 25 décembre 2009 les autorités états-uniennes arrêtaient un Nigérian, Abdulmutallab, à bord du vol de la Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit ; il était accusé d’avoir tenté de faire exploser l’avion avec une bombe qu’il avait dissimulée à l’embarquement. Les jours suivants, de nombreuses dépêches se succédaient sur CNN, dans le New York Times et dans d’autres medias selon lesquelles il était « soupçonné » d’avoir suivi un entraînement au Yémen pour cette mission terroriste. C’est ainsi que le monde a vu émerger une nouvelle cible de la Guerre contre le terrorisme états-unienne, un État isolé et démuni de la péninsule arabique : le Yémen. En observant de plus près le contexte d’apparition de cette supposée menace, l’agenda secret du Pentagone et des services secrets états-uniens pour le Yémen apparait plus clairement.



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Le détroit de Bab el-Mandab, qui se partage entre le Yémen, l’Érythrée et Djibouti, vu de l’espace
Depuis quelques mois, le monde assiste à l’intensification soutenue des opérations militaires états-uniennes au Yémen, un pays désespérément pauvre, voisin de l’Arabie Saoudite par sa frontière septentrionale, de la mer Rouge à l’ouest, et du golfe d’Aden au sud qui donne accès à la mer d’Arabie, bordant un autre pays désolé ayant également fait la une des médias récemment : la Somalie. Les preuves collectées portent à croire que le Pentagone et les services secrets états-uniens positionnent des unités militarisées autour de l’un des goulots d’étranglement stratégiques du trafic mondial de pétrole, Bab el-Mandab. Profitant des actes de piraterie en Somalie et des annonces faites à propos de la réémergence de la menace d’Al-Qaïda depuis le Yémen, les États-Unis visent à militariser l’une des voies d’acheminement de pétrole les plus vitales. Plus encore, les réserves de pétrole non-exploitées au Yémen et en Arabie Saoudite seraient les plus importantes au monde.
Le Nigérian âgé de 30 ans, accusé de la tentative d’attentat ratée, Abdulmutallab, aurait avoué que cette mission lui avait été confiée par Al-Qaïda pour la péninsule arabique (AQAP), basée au Yémen. Cette déclaration opportune permet de tourner l’attention de l’opinion publique sur le Yémen en le faisant apparaitre comme le nouveau centre névralgique de ce que l’on désigne comme l’organisation terroriste Al-Qaïda.
C’est précisément ce que soutient sur son blog Bruce Riedel (un ancien agent de la CIA durant trente ans, qui a conseillé le président Obama pour élaborer la politique du surge en Afghanistan) en évoquant les liens supposés entre le terroriste présumé et le Yémen : « La tentative de destruction du vol 253 de la Northwest Airlines entre Amsterdam et Détroit le jour de Noël démontre l’ambition grandissante de la branche d’Al-Qaïda au Yémen, qui, partie d’un programme d’action auparavant centré sur le Yémen, joue depuis un an un rôle dans le jihad islamique mondial. Le gouvernement affaibli du président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui n’est jamais parvenu à contrôler entièrement le pays et qui fait à présent face à d’innombrables problèmes, aura besoin d’un fort soutien des États-Unis pour contrer l’AQAP. » [1]

Éléments introductifs à la géopolitique du Yémen

Avant de poursuivre notre propos au sujet de cet incident, il faut regarder de plus près la situation actuelle du Yémen. Plusieurs éléments s’avèrent déconcertants dès lors qu’ils sont mis en parallèle avec les annonces répétées de Washington quant à la résurgence de la menace d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique.
Dès le début de l’année 2009, les pièces se sont mises en mouvement sur l’échiquier yéménite. Tariq al-Fadhli, un ancien chef de guerre jihadiste, originaire du Sud-Yémen, brisait l’alliance qu’il avait passée quinze ans auparavant avec le gouvernement yéménite du président Ali Abdallah Saleh. Tariq al-Fadhli annonçait alors qu’il rejoignait la large coalition d’opposition réunie dans le Mouvement du Sud. À la fin des années 1980, Tariq al-Fadhli participait au mouvement des Moudjahidine en Afghanistan. Sa rupture avec le gouvernement de Saleh fut annoncée dans les médias yéménites et arabes en avril 2009. La prise de distance de Tariq al-Fadhli avec la dictature yéménite donna un nouveau souffle au Mouvement du Sud. Al-Fadhli est d’ailleurs devenu l’une des figures majeures de la coalition.
Le Yémen est un agrégat artificiel, créé après la dislocation de l’URSS en 1990, alors le principal soutien de la République démocratique populaire du Yémen (Sud-Yémen). L’unification de la République arabe du Yémen (Nord-Yémen) et du Sud-Yémen généra un optimisme rapidement étouffé par la courte guerre civile de 1994. Les factions de l’armée du Sud-Yémen avaient alors organisé une révolte dénonçant la corruption et le caractère oligarchique du pouvoir du président Ali Abdallah Saleh. Celui-ci dirige seul le pays depuis 1978, d’abord au titre de président de la République arabe du Yémen, puis en tant que président du Yémen unifié depuis 1990. La rébellion menée par l’armée du Sud-Yémen échoua après l’alliance du président Saleh avec Tariq al-Fadhli, avec d’autres leaders salafistes yéménites, partisans d’une interprétation conservatrice de l’Islam, et avec des jihadistes. Cette manœuvre fut exécutée pour peser face à l’héritage marxiste du Parti socialiste du Sud-Yémen.
Avant 1990, Washington et le Royaume d’Arabie Saoudite soutenaient et apportaient leur aide à Saleh dans sa politique d’islamisation ; ils faisaient alors le pari de contenir les ambitions communistes du Sud-Yémen [2]. Depuis lors, Saleh s’est appuyé sur les puissantes mouvances salafistes jihadistes pour affermir son pouvoir despotique. La rupture d’al-Fadhli avec le pouvoir et son ralliement au groupe d’opposition du sud aux côtés de ses anciens ennemis socialistes portèrent un sérieux revers au président Saleh.
Le 28 avril 2009, immédiatement après l’annonce du ralliement d’al-Fadhli à la coalition du Mouvement du Sud, les mouvements de protestation se sont intensifiés dans les provinces de Lahij, Ad Dali et Hadramaout. Des dizaines de milliers de personnes, exerçant dans le civil ou dans l’armée, s’estimant abandonnées, manifestèrent pour réclamer de meilleurs salaires et davantage de protection sociale. Ces manifestations ne cessent de se multiplier depuis 2006. Pour la première fois, al-Fadhli fit une apparition publique lors des manifestations d’avril 2009. Sa présence a transformé le mouvement socialiste du Sud-Yémen, alors moribond, en une puissante vague nationaliste. Elle a également poussé le président Saleh à l’action, et celui-ci, inquiet des conséquences possibles du mouvement dans toute la péninsule arabique, demanda l’aide de l’Arabie Saoudite et des autres États du Conseil de coopération du Golfe.
Dans le nord du Yémen, Saleh fait face à une rébellion chiite d’obédience zaydite menée par al-Houthi, ce qui complique encore un peu plus la situation de ce pays manqué, comme le qualifient certains. Le 11 septembre 2009, lors d’une interview pour Al-Jazeera, Saleh accusait le leader de l’opposition chiite d’Irak, Moqtada al-Sadr, ainsi que l’Iran, d’apporter leur soutien aux rebelles du Nord-Yémen appartenant à la mouvance chiite ralliée à al-Houthi. Le président Saleh déclarait : « Nous ne pouvons pas accuser l’administration officielle iranienne, mais des Iraniens nous ont confié qu’ils étaient préparés à établir une médiation. Ceci signifie que l’Iran a des contacts avec [les partisans d’al-Houthi], étant donné que les Iraniens veulent intervenir entre le gouvernement yéménite et ces rebelles. De même, Moqtada al-Sadr, depuis Nadjaf en Irak, demande à être choisi comme médiateur. Cela montre qu’ils sont tous en contact les uns avec les autres. » [3]
Les autorités yéménites ont annoncé la découverte de caches d’armes obtenues via l’Iran. De leur côté, les partisans d’al-Houthi affirment avoir mis la main sur des équipements de l’armée du Yémen portant la marque d’une fabrication en Arabie Saoudite ; ils donnent ainsi un fondement à l’accusation qu’ils prononcent contre le gouvernement de Sanaa (la capitale du Yémen et le siège de l’ambassade des États-Unis) d’être aux ordres de l’Arabie Saoudite. L’Iran a démenti la découverte d’armes iraniennes dans le Nord-Yémen, qualifiant d’infondées les accusations qui font de l’Iran un soutien aux rebelles. [4]

Que dire d’Al-Qaïda ?

Le portrait qui se dégage à présent du président Saleh est celui d’un dictateur aux abois, soutenu par les États-Unis, en perte fulgurante de pouvoir, après deux décennies de despotisme dans le Yémen unifié. L’économie du pays a connu une phase de ralentissement spectaculaire en 2008, lorsque le prix du pétrole s’est effondré. Près de 70% des richesses du Yémen proviennent de l’exploitation du pétrole. Le gouvernement central de Saleh est installé à Sanaa, dans le nord du pays, tandis que le pétrole se trouve dans le sud du Yémen. Pourtant, c’est bien Saleh qui contrôle les flux de capitaux issus du pétrole. Pour Saleh, l’amoindrissement des bénéfices provenant du pétrole a rendu inévitable la redite de l’option à laquelle il a l’habitude de céder : celle de corrompre les groupes d’opposition.
C’est dans ce contexte intérieur chaotique, qu’est intervenue, en janvier 2009, l’annonce, abondamment reprise sur des sites Internet soigneusement sélectionnés, selon laquelle Al-Qaïda, la supposée organisation terroriste créée par le Saoudien, autrefois entraîné par la CIA, Oussama ben Laden, aurait développé une branche importante au Yémen dédiée aux opérations en Arabie Saoudite et au Yémen.
Le 20 janvier 2009, Nasir al-Wahayshi, le chef d’Al-Qaïda au Yémen, annonçait, via les forums jihadistes en ligne, la formation d’un groupe unique à ses ordres pour la péninsule arabique. Selon al-Wahayshi, ce nouveau groupe, Al-Qaïda pour la péninsule arabique, serait composé des membres d’Al-Qaïda au Yémen, rejoints par ceux du réseau démantelé d’Al-Qaïda en Arabie Saoudite. Il est intéressant de constater que la presse a alors affirmé que le Saoudien Abu-Sayyaf al-Shihri, un ancien détenu de Guantanamo (n° 372) officierait en tant qu’adjoint d’al-Wahayshi.
Quelques jours plus tard, une vidéo était mise en ligne par al-Wahayshi, sous le titre alarmant : « Nous partons d’ici, et nous nous retrouverons à Al-Aqsa ». Al-Aqsa fait référence à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, que les Juifs nomment le Mont du Temple, le site où s’élevait le temple de Salomon, et que les Musulmans appellent Al-Haram Al-Sharif. Dans cette vidéo, des menaces sont d’abord formulées contre les dirigeants musulmans – dont le président du Yémen Saleh, la famille royale saoudienne et le président égyptien Moubarak. La vidéo affirme ensuite la volonté de l’organisation terroriste d’exporter le jihad du Yémen vers Israël afin de « libérer » les sites sacrés de l’Islam et la bande de Gaza, des opérations qui pourraient déclencher un troisième conflit mondial si certains sont assez fous pour aller jusque-là.
Outre les propos de l’ex-détenu de Guantanamo al-Shihri, la vidéo citent ceux d’Abu Hareth Muhammad al-Awfi, présenté comme un chef militaire, et qui aurait été le détenu n°333 à Guantanamo. Étant entendu que la torture échoue à récolter des confessions fiables, certains analystes ont envisagé que l’objectif réel des interrogatoires menés par la CIA et le Pentagone à Guantanamo depuis 2001 était d’utiliser des techniques brutales afin d’entraîner ou de recruter des cellules terroristes dormantes, activées sur ordre des services secrets états-uniens, une accusation aussi difficile à prouver qu’à réfuter. On ne peut que s’interroger sur la présence de ces deux anciens « hauts diplômés » de Guantanamo au sein de la nouvelle cellule d’AQAP.
En apparence, al-Fadhi et le Mouvement du Sud dont le soutien populaire s’est étendu, considèrent Al-Qaïda au Yémen comme infréquentable. Dans une interview, al-Fadhi déclarait : « J’entretiens des relations très proches avec tous les mouvements jihadistes du nord, du sud et d’ailleurs, mais pas avec Al-Qaïda. » [5] Cela n’a pas empêché le président Saleh d’affirmer que le Mouvement du Sud et Al-Qaïda ne faisait qu’un, une position commode pour s’assurer le soutien de Washington.
Selon des rapports des services secrets états-uniens, le sud du Yémen abriterait tout au plus 200 membres d’Al-Qaïda. [6]
En mai 2009, al-Fadhi s’est démarqué d’Al-Qaïda et affirmait dans la presse : « Il y a quinze ans, nous [le Sud-Yémen] avons été envahis et nous subissons une occupation immorale. Nous sommes donc attelés à servir notre cause et nous ne servons aucune autre cause sur la planète. Nous voulons notre indépendance et mettre un terme à cette occupation. » [7]. Le jour même, profitant de l’aubaine, Al Qaïda promouvait son action et affichait son soutien à la cause du Sud-Yémen.
Le 14 mai 2009, dans une bande sonore diffusée sur Internet, al-Wahayshi, le leader d’AQAP, exprimait sa sympathie envers le peuple des provinces méridionales dans sa tentative de défense contre «  l’oppression  » qu’il subit et déclarait : « Ce qui se passe dans les gouvernorats de Lahij, d’Ad Dali, d’Abyan, de Hadramaout et dans les autres provinces du sud est inacceptable. Nous devons soutenir et aider [les sud-yéménites]. » Il promettait également des représailles : « L’oppression que vous subissez ne saurait se passer de punition… le meurtre de Musulmans dans la rue constitue un crime grave et injustifié. » [8]
La prétendue émergence d’Al-Qaïda au Sud-Yémen, une base modeste dont on ne cesse pourtant pas de parler, sur les terres du Mouvement du Sud dans lequel certains observateurs voient un paravent au programme radical d’Al-Qaïda, est opportunément interprétée par le Pentagone comme un casus belli et sert de prétexte à l’intensification des opérations militaires de cette région stratégique.
En effet, après avoir déclaré que le conflit interne au Yémen était l’affaire du seul Yémen, le président Obama a ordonné des frappes aériennes sur le pays. Le Pentagone a déclaré que les attaques des 17 et 24 décembre avaient tué trois membres importants d’Al-Qaïda ; rien n’a cependant pu le prouver. À présent, le conte de Noël du terroriste de Détroit revivifie le programme de la Guerre contre le terrorisme au Yémen. Obama propose désormais un soutien militaire au gouvernement du président Saleh.

Les pirates somaliens de plus en plus actifs

En même temps que les titres de CNN égrainaient les nouvelles menaces terroristes venues du Yémen, sortaient comme d’un chapeau les annonces de l’intensification des attaques, devenues monnaie courante, de pirates somaliens sur la marine commerciale empruntant le golfe d’Aden et la mer d’Arabie depuis le sud du Yémen [9] ; une intensification faisant suite à une réduction des contrôles de patrouilles internationales.
Le 29 décembre 2009, la chaîne de télévision russe RAI Novosti rapportait que des pirates somaliens avaient capturé un cargo grec dans le golfe d’Aden au large de la Somalie. Plus tôt au cours de la même journée, un chimiquier britannique et les vingt-six membres de son équipage étaient également interceptés par des pirates dans le golfe d’Aden. Prouvant sa maitrise de l’utilisation des médias occidentaux, le chef des pirates, Mohamed Shakir, annonçait par téléphone au journal britannique le Times : « Nous avons intercepté un navire battant pavillon britannique dans le golfe d’Aden tard hier soir. » Un compte-rendu des services secrets états-uniens (cité par Stratfor) rapporte que le Times, propriété de Rupert Murdoch, soutien financier des néo-conservateurs, est parfois utilisé par les services secrets israéliens pour faire germer des histoires accommodantes.
Ces deux derniers événements portèrent le nombre des attaques et des détournements de navires à un niveau record. Pour l’année 2009, au 22 décembre, les attaques par des pirates somaliens dans le golfe d’Aden et au large de la côte orientale de la Somalie s’élevaient à 174, et concernaient 35 navires détournés et 587 personnes prises en otage ; cela représente la quasi-totalité des attaques de piraterie réussis dans le monde, selon le Centre de surveillance de la piraterie du Bureau maritime international. Une question se pose à présent : Auprès de qui les “pirates” somaliens obtiennent-ils les armes et la logistique leur permettant d’éviter les patrouilles internationales dépêchées par de nombreux États ?
Ainsi, le 3 janvier 2009, le président Saleh a reçu un appel téléphonique du président de la Somalie Sharif Sheik Ahmed ; ce dernier l’informait des derniers développements de la situation en Somalie. Sharif Ahmed, dont le propre pouvoir à Mogadiscio est si faible qu’il est parfois surnommé le président de l’aéroport de Mogadiscio, déclara à Saleh qu’il partagerait avec lui toutes les informations à sa disposition concernant les activités terroristes initiées en Somalie qui menaceraient la stabilité et la sécurité du Yémen et de la région.
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Le goulot d’étranglement pétrolier et autres affaires pétrolières

L’importance stratégique de la région située entre le Yémen et la Somalie revêt ici une signification géopolitique particulière. C’est en effet là que se trouve le site de Bab el-Mandab, que le gouvernement états-unien classe parmi les sept principaux goulots d’étranglement stratégiques dans le domaine du transport pétrolier. L’Agence de l’information sur l’énergie (EIA) états-unienne précise que « la fermeture de Bab el-Mandab pourrait empêcher les tankers du Golfe Persique d’atteindre le Canal de Suez et le complexe d’oléoducs de Sumed, les déroutant par le sud de l’Afrique. Le détroit de Bab el-Mandab est un goulot d’étranglement entre la corne africaine et le Moyen-Orient, ainsi qu’un pont stratégique entre la Mer Méditerranée et l’Océan Indien. » [10]
Au carrefour du Yémen, de Djibouti et de l’Érythrée, Bab el-Mandab relie la Golfe d’Aden à la Mer d’Arabie. Le pétrole et les autres marchandises en provenance du Golfe Persique doivent franchir Bab el-Mandab avant d’entrer dans le Canal de Suez. En 2006, le Département de l’énergie à Washington rapportait qu’un volume d’environ 3,3 millions de barils de pétrole transitait chaque jour par cette étroite voie navigable vers l’Europe, les États-Unis et l’Asie. L’essentiel du pétrole, soit environ 2,1 millions de barils par jour, prend la direction du nord par Bab el-Mandab vers le complexe de Suez/Sumed qui débouche sur la Méditerranée.
Un prétexte pour une militarisation par les États-Unis et l’OTAN des eaux entourant Bab el-Mandab serait l’occasion pour Washington de prendre un nouvel nouvel avantage dans sa poursuite du contrôle des sept goulots d’étranglement pétrolier les plus essentiels dans le monde, ce qui représente une part importante de toute future stratégie états-unienne destinée à priver de leur approvisionnement en pétrole la Chine, l’Union européenne ou toute autre région ou pays s’opposant à la politique US. Sachant que des volumes importants de pétrole saoudien transitent par Bab el-Mandab, le contrôle miliataire de ce point par les États-Unis servirait à dissuader l’Arabie Saoudite de contracter de futures ventes de pétrole avec la Chine, ou d’autres, dans une monnaie autre que le dollar, comme l’expliquait récemment Robert Fisk, le journaliste du quotidien britannique The Independent.
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Données de la production pétrolière yéménite (en bleu, la production et en rouge, la consommation)
(Source : EIA, gouvernement états-unien)
Les États-Unis seraient en outre en position de menacer le transport pétrolier chinois depuis Port-Soudan sur la Mer Rouge, juste au nord de Bab el-Mandab, un cordon d’approvisionnement vital pour les besoins énergétiques nationaux de la Chine.
Au-delà de sa situation géopolique en tant qu’important goulot d’étranglement du transit pétrolier mondial, le Yémen est en outre doté de réserves de pétroles importantes. Les bassins de Masila et de Shabwa récèlent d’après les compagnies pétrolières internationales de potentielles « découvertes de premier choix » [11]. Le Français Total et plusieurs autres compagnies pétrolières internationales de moindre taille sont engagés dans le développement de la production pétrolière yéménite. Il est possible que les préoccupations récentes de Washington concernant le Yémen aillent bien au-delà d’une simple organisation Al-Qaïda de bric et de brac dont l’exsitence même en tant qu’organisation terroriste globale a été mise en doute par de nombreux experts avisés de l’Islam.



 F. William Engdahl
Journaliste états-unien, il a publié de nombreux ouvrages consacrés aux questions énergétiques et géopolitiques. Derniers livres parus en français : Pétrole, une guerre d’un siècle : L’ordre mondial anglo-américain (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2007) et OGM : semences de destruction : L’arme de la faim (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2008).
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Traduction Nathalie Krieg
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[1] « The Menace of Yemen », par Bruce Riedel, The Daily Beast, 31 décembre 2009.
[2] « Yemen : Intensifying Problems for the Government », Stratfor, 7 mai 2009.
[3] Cité dans « Yemen President Accuses Iraq’s Sadrists of Backing the Houthi Insurgency », Terrorism Monitor, Jamestown Foundation, Volume : 7 Numéro : 28, 17 septembre 2009.
[4] NewsYemen, 8 septembre 2009 ; Yemen Observer, 10 septembre 2009.
[5] Albaidanew.com, le 14 mai 2009, cité par la Jamestown Foundation, op.cit.
[6] « Despite U.S. Aid, Yemen Faces Growing al-Qaeda Threat » , par Abigail Hauslohner, Time, 22 décembre 2009.
[7] Tariq al Fadhli, dans Al-Sharq al-Awsat, 14 mai 2009, cité par la Jamestown Foundation, op. cit.
[8] Interview d’al-Wahayshi, al Jazeera, 14 mai 2009.
[9] « Pirates, corsaires et flibustiers du XXIe siècle », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 25 juin 2010.
[10] Département de l’énergie, Energy Information Administration (gouvernement états-unien), consulté ici
[11] Adelphi Energy, « Yemen Exploration Blocks 7 & 74 » Consulté ici.

Les projets secrets pour le Yémen

Par F. William Engdahl*
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Le 25 décembre 2009 les autorités états-uniennes arrêtaient un Nigérian, Abdulmutallab, à bord du vol de la Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit ; il était accusé d’avoir tenté de faire exploser l’avion avec une bombe qu’il avait dissimulée à l’embarquement. Les jours suivants, de nombreuses dépêches se succédaient sur CNN, dans le New York Times et dans d’autres medias selon lesquelles il était « soupçonné » d’avoir suivi un entraînement au Yémen pour cette mission terroriste. C’est ainsi que le monde a vu émerger une nouvelle cible de la Guerre contre le terrorisme états-unienne, un État isolé et démuni de la péninsule arabique : le Yémen. En observant de plus près le contexte d’apparition de cette supposée menace, l’agenda secret du Pentagone et des services secrets états-uniens pour le Yémen apparait plus clairement.



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Le détroit de Bab el-Mandab, qui se partage entre le Yémen, l’Érythrée et Djibouti, vu de l’espace
Depuis quelques mois, le monde assiste à l’intensification soutenue des opérations militaires états-uniennes au Yémen, un pays désespérément pauvre, voisin de l’Arabie Saoudite par sa frontière septentrionale, de la mer Rouge à l’ouest, et du golfe d’Aden au sud qui donne accès à la mer d’Arabie, bordant un autre pays désolé ayant également fait la une des médias récemment : la Somalie. Les preuves collectées portent à croire que le Pentagone et les services secrets états-uniens positionnent des unités militarisées autour de l’un des goulots d’étranglement stratégiques du trafic mondial de pétrole, Bab el-Mandab. Profitant des actes de piraterie en Somalie et des annonces faites à propos de la réémergence de la menace d’Al-Qaïda depuis le Yémen, les États-Unis visent à militariser l’une des voies d’acheminement de pétrole les plus vitales. Plus encore, les réserves de pétrole non-exploitées au Yémen et en Arabie Saoudite seraient les plus importantes au monde.
Le Nigérian âgé de 30 ans, accusé de la tentative d’attentat ratée, Abdulmutallab, aurait avoué que cette mission lui avait été confiée par Al-Qaïda pour la péninsule arabique (AQAP), basée au Yémen. Cette déclaration opportune permet de tourner l’attention de l’opinion publique sur le Yémen en le faisant apparaitre comme le nouveau centre névralgique de ce que l’on désigne comme l’organisation terroriste Al-Qaïda.
C’est précisément ce que soutient sur son blog Bruce Riedel (un ancien agent de la CIA durant trente ans, qui a conseillé le président Obama pour élaborer la politique du surge en Afghanistan) en évoquant les liens supposés entre le terroriste présumé et le Yémen : « La tentative de destruction du vol 253 de la Northwest Airlines entre Amsterdam et Détroit le jour de Noël démontre l’ambition grandissante de la branche d’Al-Qaïda au Yémen, qui, partie d’un programme d’action auparavant centré sur le Yémen, joue depuis un an un rôle dans le jihad islamique mondial. Le gouvernement affaibli du président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui n’est jamais parvenu à contrôler entièrement le pays et qui fait à présent face à d’innombrables problèmes, aura besoin d’un fort soutien des États-Unis pour contrer l’AQAP. » [1]

Éléments introductifs à la géopolitique du Yémen

Avant de poursuivre notre propos au sujet de cet incident, il faut regarder de plus près la situation actuelle du Yémen. Plusieurs éléments s’avèrent déconcertants dès lors qu’ils sont mis en parallèle avec les annonces répétées de Washington quant à la résurgence de la menace d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique.
Dès le début de l’année 2009, les pièces se sont mises en mouvement sur l’échiquier yéménite. Tariq al-Fadhli, un ancien chef de guerre jihadiste, originaire du Sud-Yémen, brisait l’alliance qu’il avait passée quinze ans auparavant avec le gouvernement yéménite du président Ali Abdallah Saleh. Tariq al-Fadhli annonçait alors qu’il rejoignait la large coalition d’opposition réunie dans le Mouvement du Sud. À la fin des années 1980, Tariq al-Fadhli participait au mouvement des Moudjahidine en Afghanistan. Sa rupture avec le gouvernement de Saleh fut annoncée dans les médias yéménites et arabes en avril 2009. La prise de distance de Tariq al-Fadhli avec la dictature yéménite donna un nouveau souffle au Mouvement du Sud. Al-Fadhli est d’ailleurs devenu l’une des figures majeures de la coalition.
Le Yémen est un agrégat artificiel, créé après la dislocation de l’URSS en 1990, alors le principal soutien de la République démocratique populaire du Yémen (Sud-Yémen). L’unification de la République arabe du Yémen (Nord-Yémen) et du Sud-Yémen généra un optimisme rapidement étouffé par la courte guerre civile de 1994. Les factions de l’armée du Sud-Yémen avaient alors organisé une révolte dénonçant la corruption et le caractère oligarchique du pouvoir du président Ali Abdallah Saleh. Celui-ci dirige seul le pays depuis 1978, d’abord au titre de président de la République arabe du Yémen, puis en tant que président du Yémen unifié depuis 1990. La rébellion menée par l’armée du Sud-Yémen échoua après l’alliance du président Saleh avec Tariq al-Fadhli, avec d’autres leaders salafistes yéménites, partisans d’une interprétation conservatrice de l’Islam, et avec des jihadistes. Cette manœuvre fut exécutée pour peser face à l’héritage marxiste du Parti socialiste du Sud-Yémen.
Avant 1990, Washington et le Royaume d’Arabie Saoudite soutenaient et apportaient leur aide à Saleh dans sa politique d’islamisation ; ils faisaient alors le pari de contenir les ambitions communistes du Sud-Yémen [2]. Depuis lors, Saleh s’est appuyé sur les puissantes mouvances salafistes jihadistes pour affermir son pouvoir despotique. La rupture d’al-Fadhli avec le pouvoir et son ralliement au groupe d’opposition du sud aux côtés de ses anciens ennemis socialistes portèrent un sérieux revers au président Saleh.
Le 28 avril 2009, immédiatement après l’annonce du ralliement d’al-Fadhli à la coalition du Mouvement du Sud, les mouvements de protestation se sont intensifiés dans les provinces de Lahij, Ad Dali et Hadramaout. Des dizaines de milliers de personnes, exerçant dans le civil ou dans l’armée, s’estimant abandonnées, manifestèrent pour réclamer de meilleurs salaires et davantage de protection sociale. Ces manifestations ne cessent de se multiplier depuis 2006. Pour la première fois, al-Fadhli fit une apparition publique lors des manifestations d’avril 2009. Sa présence a transformé le mouvement socialiste du Sud-Yémen, alors moribond, en une puissante vague nationaliste. Elle a également poussé le président Saleh à l’action, et celui-ci, inquiet des conséquences possibles du mouvement dans toute la péninsule arabique, demanda l’aide de l’Arabie Saoudite et des autres États du Conseil de coopération du Golfe.
Dans le nord du Yémen, Saleh fait face à une rébellion chiite d’obédience zaydite menée par al-Houthi, ce qui complique encore un peu plus la situation de ce pays manqué, comme le qualifient certains. Le 11 septembre 2009, lors d’une interview pour Al-Jazeera, Saleh accusait le leader de l’opposition chiite d’Irak, Moqtada al-Sadr, ainsi que l’Iran, d’apporter leur soutien aux rebelles du Nord-Yémen appartenant à la mouvance chiite ralliée à al-Houthi. Le président Saleh déclarait : « Nous ne pouvons pas accuser l’administration officielle iranienne, mais des Iraniens nous ont confié qu’ils étaient préparés à établir une médiation. Ceci signifie que l’Iran a des contacts avec [les partisans d’al-Houthi], étant donné que les Iraniens veulent intervenir entre le gouvernement yéménite et ces rebelles. De même, Moqtada al-Sadr, depuis Nadjaf en Irak, demande à être choisi comme médiateur. Cela montre qu’ils sont tous en contact les uns avec les autres. » [3]
Les autorités yéménites ont annoncé la découverte de caches d’armes obtenues via l’Iran. De leur côté, les partisans d’al-Houthi affirment avoir mis la main sur des équipements de l’armée du Yémen portant la marque d’une fabrication en Arabie Saoudite ; ils donnent ainsi un fondement à l’accusation qu’ils prononcent contre le gouvernement de Sanaa (la capitale du Yémen et le siège de l’ambassade des États-Unis) d’être aux ordres de l’Arabie Saoudite. L’Iran a démenti la découverte d’armes iraniennes dans le Nord-Yémen, qualifiant d’infondées les accusations qui font de l’Iran un soutien aux rebelles. [4]

Que dire d’Al-Qaïda ?

Le portrait qui se dégage à présent du président Saleh est celui d’un dictateur aux abois, soutenu par les États-Unis, en perte fulgurante de pouvoir, après deux décennies de despotisme dans le Yémen unifié. L’économie du pays a connu une phase de ralentissement spectaculaire en 2008, lorsque le prix du pétrole s’est effondré. Près de 70% des richesses du Yémen proviennent de l’exploitation du pétrole. Le gouvernement central de Saleh est installé à Sanaa, dans le nord du pays, tandis que le pétrole se trouve dans le sud du Yémen. Pourtant, c’est bien Saleh qui contrôle les flux de capitaux issus du pétrole. Pour Saleh, l’amoindrissement des bénéfices provenant du pétrole a rendu inévitable la redite de l’option à laquelle il a l’habitude de céder : celle de corrompre les groupes d’opposition.
C’est dans ce contexte intérieur chaotique, qu’est intervenue, en janvier 2009, l’annonce, abondamment reprise sur des sites Internet soigneusement sélectionnés, selon laquelle Al-Qaïda, la supposée organisation terroriste créée par le Saoudien, autrefois entraîné par la CIA, Oussama ben Laden, aurait développé une branche importante au Yémen dédiée aux opérations en Arabie Saoudite et au Yémen.
Le 20 janvier 2009, Nasir al-Wahayshi, le chef d’Al-Qaïda au Yémen, annonçait, via les forums jihadistes en ligne, la formation d’un groupe unique à ses ordres pour la péninsule arabique. Selon al-Wahayshi, ce nouveau groupe, Al-Qaïda pour la péninsule arabique, serait composé des membres d’Al-Qaïda au Yémen, rejoints par ceux du réseau démantelé d’Al-Qaïda en Arabie Saoudite. Il est intéressant de constater que la presse a alors affirmé que le Saoudien Abu-Sayyaf al-Shihri, un ancien détenu de Guantanamo (n° 372) officierait en tant qu’adjoint d’al-Wahayshi.
Quelques jours plus tard, une vidéo était mise en ligne par al-Wahayshi, sous le titre alarmant : « Nous partons d’ici, et nous nous retrouverons à Al-Aqsa ». Al-Aqsa fait référence à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, que les Juifs nomment le Mont du Temple, le site où s’élevait le temple de Salomon, et que les Musulmans appellent Al-Haram Al-Sharif. Dans cette vidéo, des menaces sont d’abord formulées contre les dirigeants musulmans – dont le président du Yémen Saleh, la famille royale saoudienne et le président égyptien Moubarak. La vidéo affirme ensuite la volonté de l’organisation terroriste d’exporter le jihad du Yémen vers Israël afin de « libérer » les sites sacrés de l’Islam et la bande de Gaza, des opérations qui pourraient déclencher un troisième conflit mondial si certains sont assez fous pour aller jusque-là.
Outre les propos de l’ex-détenu de Guantanamo al-Shihri, la vidéo citent ceux d’Abu Hareth Muhammad al-Awfi, présenté comme un chef militaire, et qui aurait été le détenu n°333 à Guantanamo. Étant entendu que la torture échoue à récolter des confessions fiables, certains analystes ont envisagé que l’objectif réel des interrogatoires menés par la CIA et le Pentagone à Guantanamo depuis 2001 était d’utiliser des techniques brutales afin d’entraîner ou de recruter des cellules terroristes dormantes, activées sur ordre des services secrets états-uniens, une accusation aussi difficile à prouver qu’à réfuter. On ne peut que s’interroger sur la présence de ces deux anciens « hauts diplômés » de Guantanamo au sein de la nouvelle cellule d’AQAP.
En apparence, al-Fadhi et le Mouvement du Sud dont le soutien populaire s’est étendu, considèrent Al-Qaïda au Yémen comme infréquentable. Dans une interview, al-Fadhi déclarait : « J’entretiens des relations très proches avec tous les mouvements jihadistes du nord, du sud et d’ailleurs, mais pas avec Al-Qaïda. » [5] Cela n’a pas empêché le président Saleh d’affirmer que le Mouvement du Sud et Al-Qaïda ne faisait qu’un, une position commode pour s’assurer le soutien de Washington.
Selon des rapports des services secrets états-uniens, le sud du Yémen abriterait tout au plus 200 membres d’Al-Qaïda. [6]
En mai 2009, al-Fadhi s’est démarqué d’Al-Qaïda et affirmait dans la presse : « Il y a quinze ans, nous [le Sud-Yémen] avons été envahis et nous subissons une occupation immorale. Nous sommes donc attelés à servir notre cause et nous ne servons aucune autre cause sur la planète. Nous voulons notre indépendance et mettre un terme à cette occupation. » [7]. Le jour même, profitant de l’aubaine, Al Qaïda promouvait son action et affichait son soutien à la cause du Sud-Yémen.
Le 14 mai 2009, dans une bande sonore diffusée sur Internet, al-Wahayshi, le leader d’AQAP, exprimait sa sympathie envers le peuple des provinces méridionales dans sa tentative de défense contre «  l’oppression  » qu’il subit et déclarait : « Ce qui se passe dans les gouvernorats de Lahij, d’Ad Dali, d’Abyan, de Hadramaout et dans les autres provinces du sud est inacceptable. Nous devons soutenir et aider [les sud-yéménites]. » Il promettait également des représailles : « L’oppression que vous subissez ne saurait se passer de punition… le meurtre de Musulmans dans la rue constitue un crime grave et injustifié. » [8]
La prétendue émergence d’Al-Qaïda au Sud-Yémen, une base modeste dont on ne cesse pourtant pas de parler, sur les terres du Mouvement du Sud dans lequel certains observateurs voient un paravent au programme radical d’Al-Qaïda, est opportunément interprétée par le Pentagone comme un casus belli et sert de prétexte à l’intensification des opérations militaires de cette région stratégique.
En effet, après avoir déclaré que le conflit interne au Yémen était l’affaire du seul Yémen, le président Obama a ordonné des frappes aériennes sur le pays. Le Pentagone a déclaré que les attaques des 17 et 24 décembre avaient tué trois membres importants d’Al-Qaïda ; rien n’a cependant pu le prouver. À présent, le conte de Noël du terroriste de Détroit revivifie le programme de la Guerre contre le terrorisme au Yémen. Obama propose désormais un soutien militaire au gouvernement du président Saleh.

Les pirates somaliens de plus en plus actifs

En même temps que les titres de CNN égrainaient les nouvelles menaces terroristes venues du Yémen, sortaient comme d’un chapeau les annonces de l’intensification des attaques, devenues monnaie courante, de pirates somaliens sur la marine commerciale empruntant le golfe d’Aden et la mer d’Arabie depuis le sud du Yémen [9] ; une intensification faisant suite à une réduction des contrôles de patrouilles internationales.
Le 29 décembre 2009, la chaîne de télévision russe RAI Novosti rapportait que des pirates somaliens avaient capturé un cargo grec dans le golfe d’Aden au large de la Somalie. Plus tôt au cours de la même journée, un chimiquier britannique et les vingt-six membres de son équipage étaient également interceptés par des pirates dans le golfe d’Aden. Prouvant sa maitrise de l’utilisation des médias occidentaux, le chef des pirates, Mohamed Shakir, annonçait par téléphone au journal britannique le Times : « Nous avons intercepté un navire battant pavillon britannique dans le golfe d’Aden tard hier soir. » Un compte-rendu des services secrets états-uniens (cité par Stratfor) rapporte que le Times, propriété de Rupert Murdoch, soutien financier des néo-conservateurs, est parfois utilisé par les services secrets israéliens pour faire germer des histoires accommodantes.
Ces deux derniers événements portèrent le nombre des attaques et des détournements de navires à un niveau record. Pour l’année 2009, au 22 décembre, les attaques par des pirates somaliens dans le golfe d’Aden et au large de la côte orientale de la Somalie s’élevaient à 174, et concernaient 35 navires détournés et 587 personnes prises en otage ; cela représente la quasi-totalité des attaques de piraterie réussis dans le monde, selon le Centre de surveillance de la piraterie du Bureau maritime international. Une question se pose à présent : Auprès de qui les “pirates” somaliens obtiennent-ils les armes et la logistique leur permettant d’éviter les patrouilles internationales dépêchées par de nombreux États ?
Ainsi, le 3 janvier 2009, le président Saleh a reçu un appel téléphonique du président de la Somalie Sharif Sheik Ahmed ; ce dernier l’informait des derniers développements de la situation en Somalie. Sharif Ahmed, dont le propre pouvoir à Mogadiscio est si faible qu’il est parfois surnommé le président de l’aéroport de Mogadiscio, déclara à Saleh qu’il partagerait avec lui toutes les informations à sa disposition concernant les activités terroristes initiées en Somalie qui menaceraient la stabilité et la sécurité du Yémen et de la région.
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Le goulot d’étranglement pétrolier et autres affaires pétrolières

L’importance stratégique de la région située entre le Yémen et la Somalie revêt ici une signification géopolitique particulière. C’est en effet là que se trouve le site de Bab el-Mandab, que le gouvernement états-unien classe parmi les sept principaux goulots d’étranglement stratégiques dans le domaine du transport pétrolier. L’Agence de l’information sur l’énergie (EIA) états-unienne précise que « la fermeture de Bab el-Mandab pourrait empêcher les tankers du Golfe Persique d’atteindre le Canal de Suez et le complexe d’oléoducs de Sumed, les déroutant par le sud de l’Afrique. Le détroit de Bab el-Mandab est un goulot d’étranglement entre la corne africaine et le Moyen-Orient, ainsi qu’un pont stratégique entre la Mer Méditerranée et l’Océan Indien. » [10]
Au carrefour du Yémen, de Djibouti et de l’Érythrée, Bab el-Mandab relie la Golfe d’Aden à la Mer d’Arabie. Le pétrole et les autres marchandises en provenance du Golfe Persique doivent franchir Bab el-Mandab avant d’entrer dans le Canal de Suez. En 2006, le Département de l’énergie à Washington rapportait qu’un volume d’environ 3,3 millions de barils de pétrole transitait chaque jour par cette étroite voie navigable vers l’Europe, les États-Unis et l’Asie. L’essentiel du pétrole, soit environ 2,1 millions de barils par jour, prend la direction du nord par Bab el-Mandab vers le complexe de Suez/Sumed qui débouche sur la Méditerranée.
Un prétexte pour une militarisation par les États-Unis et l’OTAN des eaux entourant Bab el-Mandab serait l’occasion pour Washington de prendre un nouvel nouvel avantage dans sa poursuite du contrôle des sept goulots d’étranglement pétrolier les plus essentiels dans le monde, ce qui représente une part importante de toute future stratégie états-unienne destinée à priver de leur approvisionnement en pétrole la Chine, l’Union européenne ou toute autre région ou pays s’opposant à la politique US. Sachant que des volumes importants de pétrole saoudien transitent par Bab el-Mandab, le contrôle miliataire de ce point par les États-Unis servirait à dissuader l’Arabie Saoudite de contracter de futures ventes de pétrole avec la Chine, ou d’autres, dans une monnaie autre que le dollar, comme l’expliquait récemment Robert Fisk, le journaliste du quotidien britannique The Independent.
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Données de la production pétrolière yéménite (en bleu, la production et en rouge, la consommation)
(Source : EIA, gouvernement états-unien)
Les États-Unis seraient en outre en position de menacer le transport pétrolier chinois depuis Port-Soudan sur la Mer Rouge, juste au nord de Bab el-Mandab, un cordon d’approvisionnement vital pour les besoins énergétiques nationaux de la Chine.
Au-delà de sa situation géopolique en tant qu’important goulot d’étranglement du transit pétrolier mondial, le Yémen est en outre doté de réserves de pétroles importantes. Les bassins de Masila et de Shabwa récèlent d’après les compagnies pétrolières internationales de potentielles « découvertes de premier choix » [11]. Le Français Total et plusieurs autres compagnies pétrolières internationales de moindre taille sont engagés dans le développement de la production pétrolière yéménite. Il est possible que les préoccupations récentes de Washington concernant le Yémen aillent bien au-delà d’une simple organisation Al-Qaïda de bric et de brac dont l’exsitence même en tant qu’organisation terroriste globale a été mise en doute par de nombreux experts avisés de l’Islam.



 F. William Engdahl
Journaliste états-unien, il a publié de nombreux ouvrages consacrés aux questions énergétiques et géopolitiques. Derniers livres parus en français : Pétrole, une guerre d’un siècle : L’ordre mondial anglo-américain (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2007) et OGM : semences de destruction : L’arme de la faim (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2008).
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Traduction Nathalie Krieg
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[1] « The Menace of Yemen », par Bruce Riedel, The Daily Beast, 31 décembre 2009.
[2] « Yemen : Intensifying Problems for the Government », Stratfor, 7 mai 2009.
[3] Cité dans « Yemen President Accuses Iraq’s Sadrists of Backing the Houthi Insurgency », Terrorism Monitor, Jamestown Foundation, Volume : 7 Numéro : 28, 17 septembre 2009.
[4] NewsYemen, 8 septembre 2009 ; Yemen Observer, 10 septembre 2009.
[5] Albaidanew.com, le 14 mai 2009, cité par la Jamestown Foundation, op.cit.
[6] « Despite U.S. Aid, Yemen Faces Growing al-Qaeda Threat » , par Abigail Hauslohner, Time, 22 décembre 2009.
[7] Tariq al Fadhli, dans Al-Sharq al-Awsat, 14 mai 2009, cité par la Jamestown Foundation, op. cit.
[8] Interview d’al-Wahayshi, al Jazeera, 14 mai 2009.
[9] « Pirates, corsaires et flibustiers du XXIe siècle », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 25 juin 2010.
[10] Département de l’énergie, Energy Information Administration (gouvernement états-unien), consulté ici
[11] Adelphi Energy, « Yemen Exploration Blocks 7 & 74 » Consulté ici.

Thursday, March 17, 2011

Botnets : l’agence européenne de sécurité met en garde contre la surestimation des infections

par Christophe Auffray,
pour ZDNet France

 La vision actuelle des réseaux de PC zombies et des risques qu’ils représentent est brouillée par une surestimation du nombre de machines infectées basée sur la seule comptabilisation des adresses IP. Très médiatisés, ces chiffres n’en sont pas moins erronés. L’Enisa recommande donc d’autres indicateurs. Du concret et moins de marketing ?
 
L'Enisa publie un rapport d'analyse consacré aux réseaux de PC zombies, également dénommés botnets. L'agence européenne de sécurité des réseaux et de l'information dissèque les modes de fonctionnement divers des botnets, mais préconise également une approche différente de l'évaluation des risques.
L'Enisa, comme différents experts en sécurité, met en effet en garde contre la tentation de certains acteurs à surévaluer les infections et ainsi à réduire les risques présentés par un botnet au seul nombre de machines infectées le composant.

Torpig : 1,2 million d'IP, mais 180 000 machines hôtes
Or cette communication, notamment de la part des sociétés de sécurité, n'est pas sans incidence. Dans un billet de blog publié sur ZDNet.fr, Pierre Carron cite ainsi l'exemple du botnet Mariposa, qui selon Panda Software, comptait 13 millions de bots.
« L'ennui, c'est que toutes ces informations erronées finissent en bout de chaîne par influer sur les décisions de nos responsables économiques et politiques [...] A long terme, cette surenchère porte le risque de perdre toute crédibilité lors d'alertes légitimes sur de réels incidents de sécurité » s'inquiète ainsi Pierre Caron.
L'Enisa met donc en garde contre ces évaluations basées uniquement sur un comptage des adresses IP uniques. Cette méthodologie conduit à des surestimations, qui par ailleurs tendent à gonfler au fil des jours du fait de l'attribution dynamique d'IP.
Dans le cas du botnet Torpig ce sont ainsi 1,2 million d'IP infectées qui étaient détectées. Mais des chercheurs ont démontré qu'en réalité 180 000 machines compromises composaient Torpig et non 1,2 million comme le total des IP pouvait le laisser penser.
L'agence européenne appelle donc à plus de précaution dans l'évaluation de la taille des botnets, mais aussi à plus de transparence. En ligne de mire le marketing de la peur pratiqué par certains éditeurs de produits de sécurité, parfois très prompts à publier des chiffres d'infection impressionnants - plus à même de leur garantir des reprises dans la presse.

Le risque n'est pas nécessairement proportionné à la taille du botnet
Toutefois les éditeurs ne sont pas les seuls à grossir artificiellement le nombre de machines compromises. En effet, les administrateurs des botnets s'efforcent parfois eux-mêmes de leurrer les chercheurs en sécurité.
Un faux serveur de contrôle a été mis en place par des pirates pour gonfler la taille d'un botnet associé à un groupe baptisé la cyber-armée iranienne, relève par exemple Pierre Caron.
Pour l'Enisa, la seule taille d'un botnet ne peut en aucun cas être un indicateur approprié et fiable pour évaluer la menace représentée par un botnet. Les botnets exploités pour lancer des attaques en déni de service se composent ainsi de centaines de machines, et non de milliers.
Pour autant, ces botnets présentent un risque réel. Cependant, le nombre de zombies est insuffisant pour évaluer la menace. Une analyse de risque pertinente devra par exemple tenir compte de la bande passante dont dispose chaque machine - et donc le botnet.

Afin de mieux appréhender les botnets et les risques qu'ils peuvent présenter, l'Enisa préconise donc différentes approches et techniques, à la fois passives (analyse de trames, flux réseaux, DNS, fichiers de log, spam...) et actives (sinkholing, infiltration, DNS cache snooping, suivi des réseaux Fast-Flux, etc.).

Botnets : l’agence européenne de sécurité met en garde contre la surestimation des infections

par Christophe Auffray,
pour ZDNet France

 La vision actuelle des réseaux de PC zombies et des risques qu’ils représentent est brouillée par une surestimation du nombre de machines infectées basée sur la seule comptabilisation des adresses IP. Très médiatisés, ces chiffres n’en sont pas moins erronés. L’Enisa recommande donc d’autres indicateurs. Du concret et moins de marketing ?
 
L'Enisa publie un rapport d'analyse consacré aux réseaux de PC zombies, également dénommés botnets. L'agence européenne de sécurité des réseaux et de l'information dissèque les modes de fonctionnement divers des botnets, mais préconise également une approche différente de l'évaluation des risques.
L'Enisa, comme différents experts en sécurité, met en effet en garde contre la tentation de certains acteurs à surévaluer les infections et ainsi à réduire les risques présentés par un botnet au seul nombre de machines infectées le composant.

Torpig : 1,2 million d'IP, mais 180 000 machines hôtes
Or cette communication, notamment de la part des sociétés de sécurité, n'est pas sans incidence. Dans un billet de blog publié sur ZDNet.fr, Pierre Carron cite ainsi l'exemple du botnet Mariposa, qui selon Panda Software, comptait 13 millions de bots.
« L'ennui, c'est que toutes ces informations erronées finissent en bout de chaîne par influer sur les décisions de nos responsables économiques et politiques [...] A long terme, cette surenchère porte le risque de perdre toute crédibilité lors d'alertes légitimes sur de réels incidents de sécurité » s'inquiète ainsi Pierre Caron.
L'Enisa met donc en garde contre ces évaluations basées uniquement sur un comptage des adresses IP uniques. Cette méthodologie conduit à des surestimations, qui par ailleurs tendent à gonfler au fil des jours du fait de l'attribution dynamique d'IP.
Dans le cas du botnet Torpig ce sont ainsi 1,2 million d'IP infectées qui étaient détectées. Mais des chercheurs ont démontré qu'en réalité 180 000 machines compromises composaient Torpig et non 1,2 million comme le total des IP pouvait le laisser penser.
L'agence européenne appelle donc à plus de précaution dans l'évaluation de la taille des botnets, mais aussi à plus de transparence. En ligne de mire le marketing de la peur pratiqué par certains éditeurs de produits de sécurité, parfois très prompts à publier des chiffres d'infection impressionnants - plus à même de leur garantir des reprises dans la presse.

Le risque n'est pas nécessairement proportionné à la taille du botnet
Toutefois les éditeurs ne sont pas les seuls à grossir artificiellement le nombre de machines compromises. En effet, les administrateurs des botnets s'efforcent parfois eux-mêmes de leurrer les chercheurs en sécurité.
Un faux serveur de contrôle a été mis en place par des pirates pour gonfler la taille d'un botnet associé à un groupe baptisé la cyber-armée iranienne, relève par exemple Pierre Caron.
Pour l'Enisa, la seule taille d'un botnet ne peut en aucun cas être un indicateur approprié et fiable pour évaluer la menace représentée par un botnet. Les botnets exploités pour lancer des attaques en déni de service se composent ainsi de centaines de machines, et non de milliers.
Pour autant, ces botnets présentent un risque réel. Cependant, le nombre de zombies est insuffisant pour évaluer la menace. Une analyse de risque pertinente devra par exemple tenir compte de la bande passante dont dispose chaque machine - et donc le botnet.

Afin de mieux appréhender les botnets et les risques qu'ils peuvent présenter, l'Enisa préconise donc différentes approches et techniques, à la fois passives (analyse de trames, flux réseaux, DNS, fichiers de log, spam...) et actives (sinkholing, infiltration, DNS cache snooping, suivi des réseaux Fast-Flux, etc.).

Tuesday, January 26, 2010

Projet de loi Loppsi 2 sur Internet : Filtrage, fichage et piratage à tous les étages

Publié le 18 janvier 2010 par Marie-Anne Boutoleau

Alors que, au moment où nous écrivons, deux décrets d’application de la loi Hadopi ne sont toujours pas publiés (dans l’attente d’un avis de la Cnil qui tarde à venir), les fastueux locaux ont été aménagés et les membres de la Haute autorité ont été nommés.

Mais Hadopi n’est qu’une étape dans la traque des internautes. Depuis quelques mois, le gouvernement prépare une nouvelle offensive contre les libertés numériques dans le cadre du projet de loi Loppsi 2 (« Loi d’Orientation et de Programmation Pour la Sécurité Intérieure »). Des motifs apparemment légitimes peuvent être des prétextes et des précédents redoutables, surtout quand on constate que le projet Loppsi 2 intervient au moment où l’Union européenne travaille dans la plus grande discrétion à la mise en place d’outils de surveillance du web et est partie prenante dans les négociations secrètes autour du futur Accord commercial anti-contrefaçon qui est soupçonné de vouloir étendre Hadopi à l’international.

Nous nous proposons ici de faire le point, en nous appuyant sur les critiques que ce projet a déjà suscitées. Nous en reparlerons lors du prochain Jeudi d’Acrimed : « Haro sur Internet », le 21 janvier.

Le projet de loi Loppsi 2, déposé le 27 mai 2009 et publié sur le site de l’Assemblée nationale, devrait être discuté dans le courant de l’année à l’Assemblée nationale. D’ores et déjà, il suscite réserves et inquiétudes, que ce soit du côté de la Cnil, du Syndicat de la magistrature ou [des défenseurs des libertés numériques, comme loppsi.org. Outre qu’il prévoit une inquiétante extension des possibilités d’accès aux fichiers de police et de leur utilisation (y compris à des fins d’enquête administrative, par exemple pour les personnels appelés à travailler dans des « zones sensibles » comme les aéroports), la création de nouveaux fichiers attentatoires aux libertés individuelles ou un important développement de la vidéosurveillance, il entend également introduire diverses mesures de surveillance et de filtrage du Net et de ses utilisateurs.

Le filtrage de la pornographie infantile comme cheval de Troie ?

Ainsi, le projet de loi envisage dans son article 4 de filtrer Internet, via l’élaboration d’une « liste noire » de sites interdits, au prétexte de la lutte contre la pédopornographie.

I. – L’article 6 de la loi n° 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique est ainsi modifié :
1° Après le quatrième alinéa du 7. du I, sont insérés deux alinéas ainsi rédigés :
« Lorsque les nécessités de la lutte contre la diffusion des images ou des représentations de mineurs relevant des dispositions de l’article 227-23 du code pénal le justifient, l’autorité administrative notifie aux personnes mentionnées au 1 les adresses internet des services de communication au public en ligne entrant dans les prévisions de cet article, et auxquelles ces personnes doivent empêcher l’accès sans délai. [...] »

Le motif semble légitime. Mais…

Mais partout où il a été mis en place, le filtrage en vue de lutter contre la pornographie infantile sur le Net s’est révélé d’une redoutable inefficacité. Il est même arrivé qu’il interdise l’accès à des sites qui n’ont rien à voir avec la pornographie infantile, comme par exemple en Australie, où « environ la moitié des sites sur la liste ne sont pas liés à la pornographie pédophile, il y a un grand nombre de sites de poker, de liens YouTube, de sites gay ordinaires et de pornographie hétéro, d’entrées Wikipedia, de sites sur l’euthanasie, de sites sur des religions marginales, satanistes, fétichistes, de sites chrétiens, un site sur un tour operator et même un site d’un dentiste du Queensland », ainsi que le relève le blog News of Tomorrow citant le Sydney Morning Herald [1].

Ce n’est pas tout. Une telle disposition remet gravement en cause la neutralité du Net : principe de base d’Internet, qui veut que le réseau permette à tout utilisateur d’avoir accès sans discrimination à tous les contenus qui y sont diffusés ainsi qu’à tous les protocoles permettant d’y accéder, et de diffuser librement du contenu sans discrimination, c’est-à-dire sans censure ni filtrage, en utilisant ces mêmes protocoles. Tout filtrage apparemment sélectif crée un redoutable précédent. Jérémie Zimmermann, porte-parole de La Quadrature du Net, s’en inquiète sur le blog du NouvelObs.com (« Geek c’est chic ») : « Bientôt seront filtrés les sites de jeux interdits, les sites marchands ne payant pas la TVA, puis pourquoi pas les sites faisant offense au président de la République... Instaurer le filtrage, c’est ouvrir la boite de Pandore, ouvrir la porte à la censure du web. » Pour lui, le filtrage de la pédopornographie est « un cheval de Troie pour le filtrage des autres contenus » et la volonté de filtrer le web est « la prochaine grosse tendance législative ». Quant à l’Asic (Association des services Internet communautaires) elle s’interroge sur la constitutionnalité d’une telle mesure, après la censure d’Hadopi première version par le Conseil Constitutionnel, soupçonnant que cette mesure, si elle était adoptée, serait elle aussi censurée pour les mêmes raisons.

Adopter le principe du filtrage ouvre la porte à tous les abus.

Par exemple, dans l’hypothèse où les FAI (fournisseurs d’accès à Internet) ne seraient pas ou que partiellement dédommagés pour leurs efforts, ils pourraient bien exiger une contrepartie de l’Etat pour la mise en place à leurs frais du dispositif : pouvoir filtrer des sites ou services offerts par des concurrents (par exemple, de la vidéo à la demande) ou certains protocoles comme le « peer-to-peer » (qui est déjà victime de ces procédés) par l’intermédiaire de ce qu’on appelle des demi-connexions. Certes, pour l’instant, les FAI, ou du moins Free, comme le relève PcInpact, s’opposent à une mesure qui engage trop leur responsabilité. Et ils semblent avoir finalement obtenu gain de cause, dans la mesure où le projet de loi inclut désormais un principe de subsidiarité (qui fait qu’il ne seront saisis qu’en dernière instance, après démarches auprès de l’éditeur puis de l’hébergeur) et supprime pour eux de l’obligation de résultats. Pourtant, il ne faut pas croire que le projet de les impliquer directement soit abandonné.

De surcroît, la mise en place de la liste noire et de techniques dites de « filtrage hybride », c’est-à-dire mariant le filtrage par nom de domaine et adresse IP présente des risques supplémentaires.

Le principe est le suivant, comme l’explique La Quadrature du Net dans une note de synthèse sur le sujet .Au travers d’enquêtes ou sur signalement d’internautes, les services de police maintiennent une liste noire d’URL pointant sur des ressources pédopornographiques. Cette liste est communiquée aux Fournisseurs d’Accès à Internet (FAI) qui empêchent l’accès à ces ressources à leurs abonnés. Concrètement, à partir de la liste noire, les FAI récupèrent la liste d’adresses IP correspondant aux noms de domaines où sont hébergées les ressources à bloquer. Puis, ils envoient une commande à leurs routeurs via le protocole Border Gateway Protocol (BGP) pour les reconfigurer, afin que toute demande d’accès à une des IP suspectes soit routée vers la plate¬-forme de filtrage, et non plus relayée directement au serveur demandé par l’utilisateur. Ainsi, lorsqu’un abonné demande à accéder à une ressource hébergée sur un site dont l’adresse IP a été associée par un FAI à celui d’une URL fichée par la police, la requête est redirigée par les routeurs du FAI vers la plate¬-forme de filtrage qui bloque la communication si la ressource correspondante est dans la liste noire, et qui sinon relaie la communication.

Or non seulement ce mode de filtrage, s’il est le plus probable, n’est techniquement pas sans défauts [2], mais surtout ces mesures risquent de transformer l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC) en « opérateur IP à part entière », comme l’explique PCInpact.

L’industrie du disque en embuscade ?

On l’a vu : des intérêts économiques sont en jeu. Parmi eux, les intérêts de l’industrie du disque. Alors que le Conseil constitutionnel a fortement restreint les possibilités de filtrage pour « atteinte au droit d’auteur et aux droits voisins » en censurant Hadopi première mouture, Jérôme Roger, porte-parole de la SPPF (Société Civile des Producteurs de Phonogrammes en France), interrogé par Pcinpact, ne s’y trompe pas : « Le débat nous intéresse de très près car les engagements qui seraient pris concernant les contenus pédophiles peuvent effectivement passer par du filtrage. Ce sont des mesures d’engagements volontaires prises dans un projet de charte. ». Et il ajoute « Les problématiques de l’industrie musicale ne sont pas éloignées de ces autres préoccupations qui peuvent paraître évidemment beaucoup plus graves et urgentes à traiter. Bien évidemment, les solutions de filtrage qui pourraient être déployées à cette occasion devraient faire l’objet d’une réflexion à l’égard des contenus, dans le cadre de la propriété intellectuelle. »

En attendant, la publication du « Plan en faveur de la création sur Internet », dit « rapport Zelnik » [3]., comme le sont les propositions de taxer les publicités des services en ligne (et notamment Google) ou d’ étendre la « taxe copie privée » aux cartouches d’encre pour financer la numérisation des livres (et parce qu’elles peuvent potentiellement servir à imprimer des livres « piratés ?). PCInpact note à ce propos : « Le consommateur paie sur le support DVD (pour enregistrer ses photos), paie sur l’imprimante (pour le tirage lesdites photos) et on devra en plus payer pour les cartouches (sur l’encre des dites photos). Après le triple play, le triple pay. »

A terme, certains rêvent, sans rire, de prendre modèle sur la Chine, à l’instar l’image du député UMP Jacques Myard] qui a livré fin décembre le fond de sa pensée sur la radio d’extrême-droite Radio Courtoisie : « La vérité est que le réseau internet aujourd’hui est totalement pourri. Et quand je dis pourri, c’est que peut-être nous avons tous dans notre réseau internet des chevaux de Troie qui vont se réveiller peut-être dans un an, peut-être dans 18 mois, peut-être demain matin. C’est un réel problème. J’espère que l’on va prendre conscience de la nécessité de nationaliser ce réseau, et d’avoir la capacité de mieux le maîtriser, les Chinois l’ont fait. » [4] Heureux adepte des nationalisations, mais répressives… sur un réseau mondial.

Jacques Myard n’est d’ailleurs pas le seul à pousser dans le sens d’un contrôle intégral : Bono, chanteur multimillionnaire du groupe irlandais U2, chantre du « charity business » et évadé fiscal, est aussi intéressé par le système chinois. Constatant dans une tribune parue dans le New York Times, qu’« une décennie de partage de musique et de brigandage en ligne a rendu évident le fait que les gens qui en pâtissent sont les créateurs – en l’occurrence, les jeunes auteurs compositeurs de chansons qui ne peuvent pas vivre de la vente de places de concerts et des ventes de T-shirts – et que ceux qui tirent profit de ce vol des plus pauvres sont les riches fournisseurs d’accès, dont le gonflement des profits est un miroir parfait des pertes dont souffre l’industrie musicale. » Et de conclure, ce moquant de ces FAI sans scrupules : « Nous sommes un bureau de poste, nous disent-ils, qui sait ce qu’il y a dans les emballages de papier brun ? Mais nous savons, grâce au noble effort entrepris par les États-Unis pour mettre fin à la pornographie infantile, sans même parler de l’ignoble effort mené par la Chine pour supprimer toute dissidence en ligne, qu’il est parfaitement possible de pister les contenus. » [5]

L’usurpation d’identité contre la libre critique

Le projet de loi Loppsi réserve quelques autres surprises concernant la liberté d’expression sur le Net. Ainsi de son article 2, qui entend réprimer l’usurpation d’identité sur Internet est formulé en ces termes :

Le code pénal est ainsi modifié : [...]
2° L’article 222-16-1 est ainsi rétabli :

« Art. 222-16-1. – Le fait d’utiliser, de manière réitérée, sur un réseau de communication électronique l’identité d’un tiers ou des données qui lui sont personnelles, en vue de troubler la tranquillité de cette personne ou d’autrui, est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende.

« Est puni de la même peine le fait d’utiliser, sur un réseau de communication électronique, l’identité d’un tiers ou des données qui lui sont personnelles, en vue de porter atteinte à son honneur ou à sa considération. »

Ainsi formulé, cet article, qui aurait pu combler le vide juridique qui entoure l’usurpation d’identité, est porteur d’ambiguïtés potentiellement attentatoires à la liberté d’expression. Non seulement le « trouble à la tranquillité d’autrui », par exemple, n’est pas précisément défini, mais il est associé à des « actes réitérés » alors qu’un seul acte peut être pris en compte pour déterminer l’« atteinte à l’honneur ou à la considération ». Or, qu’est-ce qu’un « acte réitéré » ? « Un billet blog publié en 2007 puis un autre en 2009 seront-ils analysés en un acte réitéré ? », s’interroge l’Asic (Association des services Internet communautaires). Et PCInpact de s’interroger : « les peines d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende sont conditionnées à des hypothèses : il s’agit de vouloir "troubler la tranquillité" de l’usurpé ou d’un tiers "de manière réitérée" (donc plusieurs fois), ou de porter atteinte à son honneur voire à sa considération. Remarquons que ces conditions peuvent s’expliquer naturellement puisque à défaut, le seul fait d’utiliser le pseudo d’un tiers, sans le savoir, aurait pu conduire à une sanction quasi automatique. »

Mais il y a pire, comme le note l’Asic : « Dans la mesure où ils ne visent pas seulement l’usurpation d’identité mais aussi tout usage de toute donnée personnelle d’autrui d’une manière qui trouble sa tranquillité, les interdictions pourraient s’appliquer au fait de « tagger » quelqu’un sur une photo sur un réseau social sans son accord, au fait de critiquer qui que ce soit sur un blog, au fait de critiquer un artiste, une personnalité, une personne publique sur un forum, ou s’appliquer même à la vidéo de Sarkozy au salon de l’agriculture disant "casse-toi pauv’con" », voire au « fait de poster les coordonnées d’un député sur un site en invitant les citoyens à le contacter pour exprimer leur opposition à un texte de loi (s’il s’en suit un nombre important d’appels pouvant nuire à la tranquillité du député) ! », comme cela a été maintes fois fait lors de la bataille contre Hadopi.

En bref, là encore, le texte manque sa cible et risque de se retourner contre les internautes [6].

Fichage en folie

Les mesures qui menacent de porter atteinte à liberté d’expression et aux libertés numériques ne sont pas les seules : le projet de loi Loppsi 2 prévoit d’utiliser les nouvelles technologies pour ficher de manière beaucoup plus étendue la population. En son article 10, après avoir modifié les dispositions relatives à l’alimentation des fichiers de police STIC et JUDEX (« fichiers d’antécédents ») qui pourront désormais conserver des données sur des personnes innocentées ou bénéficiaires d’un non-lieu (et donc sans « antécédents »), le projet de loi crée et réglemente l’usage des « fichiers d’analyse sérielle ». A leur propos, le Syndicat de la magistrature s’insurge :

« Le projet de loi prévoit d’augmenter la taille de ces fichiers dédiés aux infractions "présentant un caractère sériel", en abaissant de 7 à 5 ans le quantum des peines encourues par les personnes mises en cause pour de telles infractions (nouvel article 230-13 du Code pénal). On assiste donc à une nouvelle extension du fichage, dans un pays qui compte déjà 58 fichiers recensés… Tout se passe comme si les limites du fichage de la population étaient sans cesse repoussées, au nom d’une efficacité toujours postulée, rarement étayée. Ici, il s’agit d’inclure dans ces fichiers de rapprochement les personnes susceptibles d’être impliquées dans des affaires de plus petite délinquance. Aujourd’hui, c’est 5 ans, demain ce sera 3, jusqu’où ? Manifestement, le fichage généralisé est en marche. S’agissant du contrôle de ces fichiers, le nouvel article 230-15 renvoie aux dispositions très contestables concernant les fichiers d’antécédents. »

Ce fichage devrait concerner également des témoins et victimes. Ce super-fichier peut paraître assez anodin à la lecture du projet de loi et ne pas modifier grand-chose par rapport à ce qui existe déjà. Pourtant, il constitue un bond en avant en la matière, comme l’explique PCInpact [7] : « Il s’agit d’un système de traitement des données ouvertes (informations disponibles sur internet, Facebook, Twitter, etc.) ou fermées (IP, numéro de téléphone, données détenues par les FAI) qui pourront être exploitées dans le cadre de certaines infractions. C’est là une capacité énorme de rapprochement et de traitement de la sérialité qui est en phase d’installation. Une infraction a lieu près d’une banque et voilà la police autorisée à analyser la liste de tous les mobiles qui ont passé un appel à partir d’une borne située à proximité, les références GPS des voitures en circulation dans les alentours, les numéros de CB utilisés pour payer ou retirer de l’argent, le tout croisé avec tous les fichiers possibles comme ceux détenus par les autres administrations et tous les opérateurs privés, ou sur les réseaux internet. On veut aller très vite et ratisser très large. » [8]

Les pirates de la police

Enfin, le projet de loi Loppsi 2 prévoit que la police pourrait, sous contrôle du juge d’instruction (par ailleurs appelé à disparaître), installer à l’insu de leur propriétaire des mouchards capables de lire tous les caractères saisis au clavier et tout ce qui apparaît à l’écran, et cela pendant une durée de huit mois, sur les ordinateurs de citoyens suspects de participer à des crimes en bande organisée ou à la préparation et la réalisation d’actes terroristes, et ce y compris en dehors des heures légales au cours desquelles une perquisition peut être menée, comme l’indique l’article 23 (qui dépend du chapitre « Protection des intérêts fondamentaux de la nation ») du projet de loi dont voici des extraits :


« Art. 706-102-1. – Lorsque les nécessités de l’information concernant un crime ou un délit entrant dans le champ d’application de l’article 706-73 l’exigent, le juge d’instruction peut, après avis du procureur de la République, autoriser par ordonnance motivée les officiers et agents de police judiciaire commis sur commission rogatoire à mettre en place un dispositif technique ayant pour objet, sans le consentement des intéressés, d’accéder, en tous lieux, à des données informatiques, de les enregistrer, les conserver et les transmettre, telles qu’elles s’affichent sur un écran pour l’utilisateur d’un système de traitement automatisé de données ou telles qu’il les y introduit par saisie de caractères. Ces opérations sont effectuées sous l’autorité et le contrôle du juge d’instruction.

« Art. 706-102-2. – À peine de nullité, les décisions du juge d’instruction prises en application de l’article 706-102-1 précisent l’infraction qui motive le recours à ces mesures, la localisation exacte ou la description détaillée des systèmes de traitement automatisé de données ainsi que la durée des opérations.

« Art. 706-102-3. – Les décisions sont prises pour une durée maximale de quatre mois. Si les nécessités de l’instruction l’exigent, l’opération de captation des données informatiques peut, à titre exceptionnel et dans les mêmes conditions de forme, faire l’objet d’une prolongation supplémentaire de quatre mois.

« Le juge d’instruction peut, à tout moment, ordonner l’interruption de l’opération.

« Art. 706-102-4. – Les opérations prévues à la présente section ne peuvent, à peine de nullité, avoir un autre objet que la recherche et la constatation des infractions visées dans les décisions du juge d’instruction.

« Le fait que ces opérations révèlent des infractions autres que celles visées dans ces décisions ne constitue pas une cause de nullité des procédures incidentes.

« Art. 706-102-5. – En vue de mettre en place le dispositif technique mentionné à l’article 706-102-1, le juge d’instruction peut autoriser l’introduction dans un véhicule ou dans un lieu privé, y compris hors des heures prévues à l’article 59, à l’insu ou sans le consentement du propriétaire ou du possesseur du véhicule ou de l’occupant des lieux ou de toute personne titulaire d’un droit sur celui-ci. S’il s’agit d’un lieu d’habitation et que l’opération doit intervenir hors des heures prévues à l’article 59, cette autorisation est délivrée par le juge des libertés et de la détention saisi à cette fin par le juge d’instruction. Ces opérations, qui ne peuvent avoir d’autre fin que la mise en place du dispositif technique, sont effectuées sous l’autorité et le contrôle du juge d’instruction. Les dispositions du présent alinéa sont également applicables aux opérations ayant pour objet la désinstallation du dispositif technique ayant été mis en place.

« En vue de mettre en place le dispositif technique mentionné à l’article 706-102-1, le juge d’instruction peut également autoriser la transmission par un réseau de communications électroniques de ce dispositif. Ces opérations sont effectuées sous l’autorité et le contrôle du juge d’instruction. Les dispositions du présent alinéa sont également applicables aux opérations ayant pour objet la désinstallation du dispositif technique ayant été mis en place. »

Seuls les ordinateurs des médecins, juges et avocats sont exclus du dispositif.

Amère ironie : au moment ou la lutte contre le « piratage » de la musique, des films et bientôt des livres sur Internet semble être une priorité, la police et la justice pourraient être habilitées à « pirater » des ordinateurs et réseaux appartenant à des particuliers, des organisations ou des entreprises et ce sans leur accord. En effet, l’installation de ces « mouchards », que ce soit par le biais de logiciels espions (assimilables à des virus) ou de puces branchées directement sur la carte mère des machines concernées, ne saurait être qualifiée autrement que de techniques de « piratage », au sens le plus commun donné à ce mot, et ce même s’ils ne permettent que des captures d’écran et pas l’accès à des données non lues sur la machine concernée.

Ceci est d’autant plus inquiétant qu’à chaque fois que des mesures exceptionnelles ont été prises sous couvert de lutte contre les crimes les plus graves, elles ont ensuite été étendues à la lutte contre des crimes et délits beaucoup plus commun, voire à de simples suspects de ces crimes et délits, à l’image du fichage génétique, destiné au départ aux délinquants sexuels, mais qui à force d’extension à toutes sortes de catégories touche aujourd’hui 2 % de la population française. Les notions mêmes de bande organisée (« tout groupement formé ou toute entente établie en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, d’une ou de plusieurs infractions » selon l’article 132-71 du code pénal) et de terrorisme (« une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur » selon l’article 421-1 du même code) étant définies en droit français de manière suffisamment floue pour que ces concepts puissent être le cas échéant étendus à beaucoup de monde, les citoyens soucieux de la défense des libertés individuelles devraient avoir du souci à se faire.

Fourre-tout, le projet de loi Loppsi n’en est pas moins dangereux. Il confirme le rapport paranoïaque qu’entretient le gouvernement de Nicolas Sarkozy aux nouvelles technologies de l’information et de la communication dont il est incapable de comprendre les enjeux, et qui sont vues tantôt comme un danger qu’il faut circonscrire, tantôt d’un point de vue purement utilitaire comme suppléantes au politiques sécuritaires du gouvernement.

Or, cette position est pour le moins paradoxale, les mesures de contrôle du Net et de répression des internautes « tous coupables » (filtrage, surveillance passive) risquent de généraliser l’usage par tout un chacun des technologies de contournement et de cryptage, rendant particulièrement difficile le travail de la police dans sa lutte contre la cybercriminalité, qu’on prétend pourtant renforcer (et créant du même coup de nouveaux marchés, comme le suggère un article récent de ReadWriteWeb à propos d’Hadopi).

Mais laissons le mot de la fin au Syndicat de la magistrature :

« [...] l’exposé des motifs du projet de loi "d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure", en dressant la liste exhaustive des prétendues "menaces" intérieures et extérieures, révèle une conception de la société à la limite de la paranoïa. Il en résulte un aggloméré de mesures sans liens particuliers entre elles, visant tantôt à créer de nouvelles incriminations ou à aggraver les anciennes, tantôt à permettre à l’Etat d’instituer un régime d’impunité pour ses agents de renseignements ou de mieux avoir à l’œil des populations ciblées. Comme si le contenu de ces dispositions alarmantes n’était pas suffisant, le projet de loi est rédigé (sciemment ?) de manière si complexe et si obscure qu’il sera inintelligible pour le justiciable et les professionnels en charge de le mettre en application. »

Marie-Anne Boutoleau

Notes

[1] Selon le site Read Write Web, ce taux atteindrait même les deux tiers : « A moins qu’il ne s’agisse d’une erreur, mais avec un taux d’erreur de 68%, on peut légitimement se demander si toute cette histoire de censure est une bonne idée. Une chose est certaine : ce ne sont pas les pédophiles qui sont visés, bien au contraire, ils seront grâce à cette loi, qui les obligera à adopter des usages plus sécurisés de l’internet (VPN, cryptage, etc), bien plus à l’abri des forces de police qu’ils ne l’ont jamais été. »

[2] Dans son étude d’impact, le ministère lui-même reconnaît les risques de « surblocage » liés à l’utilisation des techniques de filtrages par IP, DNS ou hybrides (le blocage par proxy étant trop coûteux pour être sérieusement envisagé), c’est à dire le risque que des sites légaux mais partageant le même serveur et donc la même IP et/ou le même nom de domaine qu’un site interdit soient pénalisés, mais aussi le risque que les serveurs en question soient saturés. D’autre part, le protocole BGP qui est utilisé pour rediriger les routes en vue de filtrer des contenus n’a pas été conçu pour cela et son utilisation dans ce but peut rendre perméable à des attaques susceptibles de perturber tout le réseau et mettre en jeu la sécurité nationale, comme l’explique dans sa note La Quadrature du Net.

[3] Du nom de son rapporteur, Patrick Zelnik, fondateur de Virgin France et du label Naïve (qui a édité Carla Bruni, femme de l’actuel président de la République, n’y voyons aucun rapport...) et ex-président du Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP)à , syndicat patronal affilié au Medef qui, comme le relève PcInpact, défend aujourd’hui le filtrage d’Internet , de l’Union des producteurs phonographiques français indépendants (UPFI) de 2000 à 2004 et actuel président d’Impala, (syndicat européen des sociétés phonographiques indépendantes) depuis juillet 2006. Voir son CV complet sur Wikipédia], devrait le combler d’aise : ce projet ne propose la création d’une carte « Musique en ligne » qui serait remise aux « jeunes internautes » pour l’achat de musique en ligne, en guise d’offre légale. Autrement dit, de faire subventionner les majors par les consommateurs et le contribuable.

Dans sa note de synthèse sur ce rapport, PCInpact précise : « Concrètement, on préconise l’instauration d’une carte d’une valeur faciale (par exemple) de 50 euros à dépenser sur les plateformes légales et payantes. 20 à 25 euros seraient payés par l’internaute (jeune), 20 euros par l’État, et 5 à 10 euros par les professionnels. Cette carte serait utilisable sur tous les sites participants à l’opération. » Une mesure vivement critiquée[[À titre d’exemple, le NouvelObs.com liste les critiques adressées à ce rapport en France, tandis que lefigaro.fr souligne à juste titre que « L’idée d’une "taxe Google" suscite l’ironie à l’étranger ».

[4] Propos rapportés par PCINpact.

[5] A decade’s worth of music file-sharing and swiping has made clear that the people it hurts are the creators — in this case, the young, fledgling songwriters who can’t live off ticket and T-shirt sales like the least sympathetic among us — and the people this reverse Robin Hooding benefits are rich service providers, whose swollen profits perfectly mirror the lost receipts of the music business. We’re the post office, they tell us ; who knows what’s in the brown-paper packages ? But we know from America’s noble effort to stop child pornography, not to mention China’s ignoble effort to suppress online dissent, that it’s perfectly possible to track content. »

[6] Pour un historique de cette article du projet de loi, consulter les articles que PCInpact avait précédemment consacrés au sujet, ici, ici, et .

[7] Voir aussi le blog de Georges Moréas pour un historique et une explication détaillée.

[8] Comme le note par ailleurs PCInpact, ce système, qui devrait s’appeler Périclès, tombe à point nommé. En effet, la Direction générale de l’armement devrait se doter d’une technologie similaire (toutefois limitée à des données ouvertes). Et l’Union européenne finance Indect, un programme de recherche sur la « détection automatique de menaces, de comportements anormaux ou de violence » qui vise entre autres la « surveillance continue et automatique » non seulement d’Internet, mais aussi des « systèmes informatiques individuels ». Lire à ce propos l’article rédigé par l’auteure du présent article sur le blog « Le pot de colle ».

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