« Carnet de route » est le sixième épisode du cycle TERRES. Au Cambodge, suite à l’adoption en 2001 de la Loi sur la propriété foncière, 56 % des terres arables sont passées aux mains de sociétés privés. Les minorités, spoliées de leurs terres et de leurs habitats, se mobilisent pour la défense de leurs droits. A Phnom Penh, les politiques partielles de relogements n’améliorent en rien la situation des déplacés. De plus, l’avancée de projets immobiliers au cœur de la capitale conduit à l’expulsion, souvent violente, des populations les plus démunies.
Une coalition internationale de chercheurs et d'ONG a publié la plus grande base de données publique du monde sur les transactions foncières internationales, rapporte le blog Global Development du quotidien The Guardian (Royaume-Uni). Il s'agit d'une étape importante pour mettre en évidence un problème de développement qui a reçu peu d'attention des médias.
Le rapport indique que près de 5% des terres agricoles africaines ont été achetées ou louées par des investisseurs depuis 2000, et insiste sur le fait que ce n'est donc pas un phénomène nouveau, mais souligne aussi que le nombre de telles transactions de terres a considérablement augmenté au cours des cinq dernières années.
De nombreux observateurs sont de plus en plus inquiets car ces transactions de terres ont lieu généralement dans les pays les plus pauvres du monde et auront un impact sur la frange la plus vulnérable des populations, les agriculteurs. Les bénéfices profitent rarement à l'ensemble de la population, en partie en raison d'un manque de transparence dans la procédure des transactions.
Un rapport complémentaire publié par Global Witness, intitulé Dealing with Disclosure, (Gérer la divulgation), met l'accent sur l'impérieuse nécessité de la transparence dans les transactions foncières.
Les nations les plus pauvres du monde sont ciblées
Le rapport de Global Witness indique que 754 transactions foncières ont été identifiées, impliquant la majorité des pays africains pour environ 56,2 millions d'hectares.
Les pays cibles de transactions foncières,carte du projet Land Matrix
Les nations ciblées sont généralement parmi les plus pauvres du monde. Les pays où la plupart des transactions sont en cours sont le Mozambique (92 offres), l’Éthiopie (83), la Tanzanie (58) et Madagascar (39). Certains de ces accords ont fait les gros titres parce qu'ils ont été conclus afin d'assurer le contrôle des importations alimentaires des pays ou entités acquéreurs, alors que les régions ciblées sont confrontées à des crises alimentaires majeures.
L'ONG GRAIN a déjà expliqué en détail l'essentiel de ses préoccupations dans un rapport approfondi publié en 2008:
La synergie actuelle entre la crise alimentaire et la crise financière a déclenché un nouvel « accaparement des terres » au niveau mondial. D’un côté, des gouvernements préoccupés par l’insécurité alimentaire qui recourent à des importations pour nourrir leurs populations s'emparent de vastes territoires agricoles à l’étranger pour assurer leur propre production alimentaire offshore. De l’autre, des sociétés agro-alimentaires et des investisseurs privés, affamés de profits dans un contexte d’aggravation de la crise financière, voient dans les investissements dans des terres agricoles à l’étranger une source de revenus importante et nouvelle. De ce fait, des terres agricoles fertiles sont de plus en plus privatisées et concentrées. Si elle devait rester incontrôlée, cette main basse sur les terres à l’échelle planétaire pourrait sonner le glas des petites exploitations agricoles et des moyens de subsistance ruraux dans bien des régions du monde.
Au Malawi, les transactions foncières ont augmenté de plus en plus principalement au détriment des agriculteurs locaux. Un rapport de Bangula explique les difficultés rencontrées par les agriculteurs du Malawi, comme Dorothy Dyton et sa famille :
Comme la plupart des petits exploitants agricoles au Malawi, ils n'ont pas de titre de propriété pour la terre où Dorothy Dyton est né, et en 2009 elle et environ 2 000 personnes qui pratiquent l'agriculture de subsistance dans la région ont été informées par leur chef local que la terre avait été vendue et qu'ils ne pouvaient plus y cultiver. […] Depuis lors, dit Dorothy Dyton, “la vie est très dure pour nous.” La réserve de chasse d'un côté de la communauté et la rivière Shire et la frontière du Mozambique de l'autre, il n'y a pas d'autres terres disponibles pour eux à cultiver et la famille gagne la vie péniblement maintenant en vendant du bois de chauffe qu'elle collecte de la forêt voisine.
Préparation de la terre à Madagascar. Photo de Foko Madagascar, utilisée avec l'autorisation du e l'auteur
Les agriculteurs de Madagascar partagent des préoccupations similaires, car ils n'ont pas de droit de propriété sur la terre qu'ils cultivent et une véritable réforme agraire doit encore être mise en œuvre. L'association Terres Malgaches est à la pointe de la protection des terres pour la population locale. Elle signale que :
Les familles malgaches ne possèdent pas de document foncier pour sécuriser leurs terres contre les accaparements de toutes sortes. En effet, depuis la colonisation, l’obtention de titres fonciers auprès de l’un des 33 services des domaines d’un pays de 589 000 km2 nécessite 24 étapes, 6 ans en moyenne et jusqu’à 500 dollars US. (..) . Face aux convoitises et accaparements dont les terres malgaches font l’objet actuellement, seule la possession d’un titre ou d’un certificat foncier, seuls documents juridiques reconnus, permet d’entreprendre des actions en justice en cas de conflit.
L'association fait état également des pratiques de la société minière Sheritt, à Ambatovy, qui ont créé un buzz dans la blogosphère locale en raison des inquiétudes de la population locale pour l'environnement et les malversations (par l'intermédiaire de Mines Alerte Canada) :
Le projet Ambatovy de Sherritt International dans l’Est de Madagascar – dont le coût d’investissement s’élève à 5,5 milliards USD et dont le début de la production est prévu ce mois-ci - comprendra des mines d’extraction à ciel ouvert […] Il s’arrêtera dans 29 ans. Il y a déjà de nombreuses raisons de préoccupation au sujet de la mine de la part des milliers de personnes locales à proximité des installations.Elles disent que leurs champs ont été détruits, l’eau est sale, les poissons dans les rivières sont morts, et il y a eu des glissements de terrains près de leur village. Pendant les essais de la nouvelle usine, il y a eu au moins quatre fuites différentes de dioxyde de soufre venant de l’installation hydro-métallurgique qui, selon les villageois auraient causé la mort d'au moins deux adultes et deux bébés et rendu malades au moins 50 personnes.
En janvier, des travailleurs originaires d'Ambatovy durant la phase de la construction licenciés ont commencé une grève sauvage, en faisant valoir que les emplois qui leur ont été promis ne se sont pas matérialisées à la fin de la construction. Les gens dans les villes voisines comme Moramanga disent que leurs filles sont de plus en plus engagées dans la prostitution.
Video montrant le témoignage d'un travailleur d'Ambatovy.
Les solutions pour la population locale ?
Peut-être, cependant, le sort des agriculteurs malgaches est-il en train de changer lentement. Les discussions sur la réforme foncière sont en cours, selon cet article :
Selon un document présenté à la International Conference on Global Land Grabbing 2011 (Conférence internationale sur l'accaparement des terres 2011), environ 50 projets agro-industriels ont été annoncés entre 2005 et 2010, environ 30 sont encore actifs, couvrant une superficie totale d'environ 150.000 ha. Les projets comprennent des plantations pour la production de canne à sucre, le manioc et du biocarburant à base de plantes médicinales jatropha.
Pour éviter les impacts négatifs de l'accaparement des terres, l'ONG EPT a élaboré des modèles sociaux pour les investisseurs, avec un financement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). L'objectif est d'aider les investisseurs dans les négociations avec les habitants de la région où ils veulent réaliser des projets, comme un moyen de prévenir de futurs problèmes.
Il est dans l'intérêt à long terme des investisseurs, des gouvernements hôtes et des populations locales concernées de veiller à ce que ces dispositions soient bien négociées, que les pratiques soient durables et que les avantages soient partagés. En raison de la nature transnationale de ces accords, aucun mécanisme institutionnel unique ne permettra d'atteindre ce résultat. Il faut plutôt, une combinaison du droit international, des politiques gouvernementales, et l'implication de la société civile, des médias et des communautés locales pour minimiser les menaces et réaliser des avantages réciproques.
La nécessité d'une transparence dans les transactions foncières est aussi soulignée par Megan MacInnes, chargée de campagne sur le terrain de Global Witness :
Beaucoup trop de personnes sont maintenues dans l'ignorance d'offres de transactions massives de terres qui pourraient détruire leurs maisons et leurs moyens de subsistance. Que cela doive changer, c'est bien compris, mais comment changer ne l'est pas. Pour la première fois, ce rapport (Dealing with Disclosure) [Gérer la divulgation] expose en détail quels sont les outils que les gouvernements, les entreprises et les citoyens peuvent utiliser pour lever le voile du secret qui entoure l'acquisition de terres. Il tire des leçons du travail déjà effectué pour améliorer la transparence dans d'autres secteurs et expérimente ce qui est susceptible de s'appliquer au régime foncier. Les entreprises devraient porter la responsabilité de prouver qu'elles ne font pas de torts ; les collectivités, qui ont peu d'informations ou de pouvoir, ne devraient pas avoir à faire la preuve qu'une transaction foncière les affecte de façon négative.
Une coalition internationale de chercheurs et d'ONG a publié la plus grande base de données publique du monde sur les transactions foncières internationales, rapporte le blog Global Development du quotidien The Guardian (Royaume-Uni). Il s'agit d'une étape importante pour mettre en évidence un problème de développement qui a reçu peu d'attention des médias. Le rapport indique que près de 5% des terres agricoles africaines ont été achetées ou louées par des investisseurs depuis 2000, et insiste sur le fait que ce n'est donc pas un phénomène nouveau, mais souligne aussi que le nombre de telles transactions de terres a considérablement augmenté au cours des cinq dernières années.
De nombreux observateurs sont de plus en plus inquiets car ces transactions de terres ont lieu généralement dans les pays les plus pauvres du monde et auront un impact sur la frange la plus vulnérable des populations, les agriculteurs. Les bénéfices profitent rarement à l'ensemble de la population, en partie en raison d'un manque de transparence dans la procédure des transactions. Un rapport complémentaire publié par Global Witness, intitulé Dealing with Disclosure, (Gérer la divulgation), met l'accent sur l'impérieuse nécessité de la transparence dans les transactions foncières.
Les nations les plus pauvres du monde sont ciblées Le rapport de Global Witness indique que 754 transactions foncières ont été identifiées, impliquant la majorité des pays africains pour environ 56,2 millions d'hectares.
Les pays cibles de transactions foncières,carte du projet Land Matrix
Les nations ciblées sont généralement parmi les plus pauvres du monde. Les pays où la plupart des transactions sont en cours sont le Mozambique (92 offres), l’Éthiopie (83), la Tanzanie (58) et Madagascar (39). Certains de ces accords ont fait les gros titres parce qu'ils ont été conclus afin d'assurer le contrôle des importations alimentaires des pays ou entités acquéreurs, alors que les régions ciblées sont confrontées à des crises alimentaires majeures.
L'ONG GRAIN a déjà expliqué en détail l'essentiel de ses préoccupations dans un rapport approfondi publié en 2008:
La synergie actuelle entre la crise alimentaire et la crise financière a déclenché un nouvel « accaparement des terres » au niveau mondial. D’un côté, des gouvernements préoccupés par l’insécurité alimentaire qui recourent à des importations pour nourrir leurs populations s'emparent de vastes territoires agricoles à l’étranger pour assurer leur propre production alimentaire offshore. De l’autre, des sociétés agro-alimentaires et des investisseurs privés, affamés de profits dans un contexte d’aggravation de la crise financière, voient dans les investissements dans des terres agricoles à l’étranger une source de revenus importante et nouvelle. De ce fait, des terres agricoles fertiles sont de plus en plus privatisées et concentrées. Si elle devait rester incontrôlée, cette main basse sur les terres à l’échelle planétaire pourrait sonner le glas des petites exploitations agricoles et des moyens de subsistance ruraux dans bien des régions du monde.
Au Malawi, les transactions foncières ont augmenté de plus en plus principalement au détriment des agriculteurs locaux. Un rapport de Bangula explique les difficultés rencontrées par les agriculteurs du Malawi, comme Dorothy Dyton et sa famille :
Comme la plupart des petits exploitants agricoles au Malawi, ils n'ont pas de titre de propriété pour la terre où Dorothy Dyton est né, et en 2009 elle et environ 2 000 personnes qui pratiquent l'agriculture de subsistance dans la région ont été informées par leur chef local que la terre avait été vendue et qu'ils ne pouvaient plus y cultiver. […] Depuis lors, dit Dorothy Dyton, “la vie est très dure pour nous.” La réserve de chasse d'un côté de la communauté et la rivière Shire et la frontière du Mozambique de l'autre, il n'y a pas d'autres terres disponibles pour eux à cultiver et la famille gagne la vie péniblement maintenant en vendant du bois de chauffe qu'elle collecte de la forêt voisine.
Préparation de la terre à Madagascar. Photo de Foko Madagascar, utilisée avec l'autorisation du e l'auteur
Les agriculteurs de Madagascar partagent des préoccupations similaires, car ils n'ont pas de droit de propriété sur la terre qu'ils cultivent et une véritable réforme agraire doit encore être mise en œuvre. L'association Terres Malgaches est à la pointe de la protection des terres pour la population locale. Elle signale que :
Les familles malgaches ne possèdent pas de document foncier pour sécuriser leurs terres contre les accaparements de toutes sortes. En effet, depuis la colonisation, l’obtention de titres fonciers auprès de l’un des 33 services des domaines d’un pays de 589 000 km2 nécessite 24 étapes, 6 ans en moyenne et jusqu’à 500 dollars US. (..) . Face aux convoitises et accaparements dont les terres malgaches font l’objet actuellement, seule la possession d’un titre ou d’un certificat foncier, seuls documents juridiques reconnus, permet d’entreprendre des actions en justice en cas de conflit.
L'association fait état également des pratiques de la société minière Sheritt, à Ambatovy, qui ont créé un buzz dans la blogosphère locale en raison des inquiétudes de la population locale pour l'environnement et les malversations (par l'intermédiaire de Mines Alerte Canada) :
Le projet Ambatovy de Sherritt International dans l’Est de Madagascar – dont le coût d’investissement s’élève à 5,5 milliards USD et dont le début de la production est prévu ce mois-ci - comprendra des mines d’extraction à ciel ouvert […] Il s’arrêtera dans 29 ans. Il y a déjà de nombreuses raisons de préoccupation au sujet de la mine de la part des milliers de personnes locales à proximité des installations.Elles disent que leurs champs ont été détruits, l’eau est sale, les poissons dans les rivières sont morts, et il y a eu des glissements de terrains près de leur village. Pendant les essais de la nouvelle usine, il y a eu au moins quatre fuites différentes de dioxyde de soufre venant de l’installation hydro-métallurgique qui, selon les villageois auraient causé la mort d'au moins deux adultes et deux bébés et rendu malades au moins 50 personnes. En janvier, des travailleurs originaires d'Ambatovy durant la phase de la construction licenciés ont commencé une grève sauvage, en faisant valoir que les emplois qui leur ont été promis ne se sont pas matérialisées à la fin de la construction. Les gens dans les villes voisines comme Moramanga disent que leurs filles sont de plus en plus engagées dans la prostitution.
Video montrant le témoignage d'un travailleur d'Ambatovy.
Les solutions pour la population locale ? Peut-être, cependant, le sort des agriculteurs malgaches est-il en train de changer lentement. Les discussions sur la réforme foncière sont en cours, selon cet article :
Selon un document présenté à la International Conference on Global Land Grabbing 2011 (Conférence internationale sur l'accaparement des terres 2011), environ 50 projets agro-industriels ont été annoncés entre 2005 et 2010, environ 30 sont encore actifs, couvrant une superficie totale d'environ 150.000 ha. Les projets comprennent des plantations pour la production de canne à sucre, le manioc et du biocarburant à base de plantes médicinales jatropha.
Pour éviter les impacts négatifs de l'accaparement des terres, l'ONG EPT a élaboré des modèles sociaux pour les investisseurs, avec un financement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). L'objectif est d'aider les investisseurs dans les négociations avec les habitants de la région où ils veulent réaliser des projets, comme un moyen de prévenir de futurs problèmes.
Il est dans l'intérêt à long terme des investisseurs, des gouvernements hôtes et des populations locales concernées de veiller à ce que ces dispositions soient bien négociées, que les pratiques soient durables et que les avantages soient partagés. En raison de la nature transnationale de ces accords, aucun mécanisme institutionnel unique ne permettra d'atteindre ce résultat. Il faut plutôt, une combinaison du droit international, des politiques gouvernementales, et l'implication de la société civile, des médias et des communautés locales pour minimiser les menaces et réaliser des avantages réciproques.
La nécessité d'une transparence dans les transactions foncières est aussi soulignée par Megan MacInnes, chargée de campagne sur le terrain de Global Witness :
Beaucoup trop de personnes sont maintenues dans l'ignorance d'offres de transactions massives de terres qui pourraient détruire leurs maisons et leurs moyens de subsistance. Que cela doive changer, c'est bien compris, mais comment changer ne l'est pas. Pour la première fois, ce rapport (Dealing with Disclosure) [Gérer la divulgation] expose en détail quels sont les outils que les gouvernements, les entreprises et les citoyens peuvent utiliser pour lever le voile du secret qui entoure l'acquisition de terres. Il tire des leçons du travail déjà effectué pour améliorer la transparence dans d'autres secteurs et expérimente ce qui est susceptible de s'appliquer au régime foncier. Les entreprises devraient porter la responsabilité de prouver qu'elles ne font pas de torts ; les collectivités, qui ont peu d'informations ou de pouvoir, ne devraient pas avoir à faire la preuve qu'une transaction foncière les affecte de façon négative.
L'enquête récente faite par des journalistes de Plaza Publica au Guatemala a révélée comment les autorités gouvernementales,bien qu'elles aient juridiquement interdit le travail des enfants, autorisent les enfants de moins de 14 ans à travailler dans des champs de cannes à sucre, un travail physiquement exigeant et dangereux. Morceaux de canne à sucre photo de Chris McBrienCCBy
Dans l'articleTravail infantil et exploitation du sucre au Guatemalala, Alberto Arce et Martín Rodríguez Pellecer expliquent comment les enfants travaillent dans les champs de cannes à sucre où ils sont payés à la quantité coupée. Alors que la plupart des travailleurs adultes coupent deux à trois tonnes, ils n'atteignent même pas le salaire minimum,(équivalent à environ 7,50 USD en monnaie locale) par jour. Une des familles interrogées,où le père travaille avec ses deux fils, l'un de 12 ans et l'autre de 13, ne gagne pas le salaire minimum à eux trois.
Para llegar al salario mínimo, con un salario de Q20 por tonelada es necesario superar las tres toneladas diarias. Para el finquero, la media normal que un cortador puede extraer es de seis toneladas. Los cortadores dicen que a partir de dos o tres es inhumano.
Pour atteindre le salaire minimum, avec un salaire de 20 Q par tonne, il est nécessaire de couper plus de trois tonnes par jour. Pour le propriétaire de la plantation, la quantité ‘normale' qu'un coupeur peut extraire est de 6 tonnes. Les coupeurs disent qu'a plus de 2 ou 3 tonnes, c'est inhumain.
Plantation Flamenco, photo de Alberto Arce, CC BY
Voici la courte vidéo qu'ils ont tournée quand ils sont allés dans une plantation de cannes à sucre pour prendre des photos à l'aide d'une antique caméra en bois. Extrait de l'article:
Plaza Pública ingresó sin pedir permiso a la propiedad privada de Kuhsiek para hacer unas fotografías artísticas sobre trabajadores de la caña. En ese momento, no se sabía quién era el dueño de la finca. Ya dentro se descubrió el trabajo infantil. Allí, en una conversación informal entre el empresario agrícola, uno de los reporteros que escriben esta nota y el fotógrafo Rodrigo Abd, se acordó una entrevista formal en su oficina de la capital.
Plaza Pública s'est rendue dans la plantation sans demander l'autorisation à l’administration de la propriété privée des Kuhsiek, pour prendre quelques photographies artistiques des coupeurs de canne. A ce moment, on ne savait pas qui était le propriétaire de la plantation. Une fois dedans, le travail des enfants a été découvert. Là, au cours d'un entretien informel avec l'entrepreneur agricole, l'un des journalistes qui a écrit cet article et le photographe Rodrigo Abd ont convenu d'une entrevue officielle dans le bureau dont il dispose dans la capitale.
La plus grande ironie est peut-être que le propriétaire de la plantation de Flamenco n'est autre que Otto Kuhsiek, le président de la Chambre d'Agriculture du Guatemala. Dans l'interview, il n'a pas nié que les enfants peuvent aller dans les champs, mais a affirmé qu'ils ne travaillent pas réellement là :
El presidente de la Cámara del Agro se define como una persona que trata de cumplir con la Ley: “No conozco las edades de los niños que se encontraban en mi finca, que estaban, en todo caso, en su período vacacional. Usted vio que había una escuela en frente de donde estaban. Y esos niños no son trabajadores, sino que vienen acompañando a sus padres. Son sus ayudantes (…) .
Le président de la Chambre d'Agriculture se définit comme une personne respectueuse des lois : “Je ne connais pas l'âge des enfants rencontrés dans ma ferme, en tout cas pas celui des enfants pendant la saison des vacances.Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais il y a une école en face d'où ils étaient. Et ces enfants ne sont pas là en tant que travailleurs, ils accompagnent leurs parents,ils les aident.”
Il a poursuivi en expliquant que les travailleurs ne sont pas exploités parce qu'ils sont libres de partir quand ils sont fatigués. Cependant, les journalistes soulignent que les travailleurs peuvent encore être vus dans les champs après à 5 h parce qu'ils sont payés pour ce qu'ils peuvent couper, ils peuvent être forcés a choisir entre nourrir leurs familles ou se reposer.
Sur Twitter, sous le hashtag #11deazucar, la journaliste guatémaltèque Alejandra Gutierrez essaye d'attirer l'attention sur leurs responsabilités dans le sort des enfants :
¿Los cañeros? ¿los azucareros? ¿los compradores? ¿los padres? ¿el Estado? La tragedia es que esos niños tengan que trabajar. #11deazucar
Les coupeurs de canne à sucre ? les travailleurs du sucre ? les acheteurs ? les parents ? l'Etat ? La tragédie est que ces enfants doivent travailler. #11deazucar
Le travail infantile dans les champs de cannes a sucre n'est pas nouveau : en 2007 , cette vidéo montrant des images de travailleurs de canne à sucre au Guatemala, dont des enfants, a été envoyée sur YouTube.
L'industrie du sucre au Guatemala a l'une des plus fortes croissances et remporte l'un des plus gros succès économique du pays mais cette croissance et cette richesse ne profite pas à la population plus loin dans la chaîne. En fait, Asazgua, la fédération du sucre, qui réunit les 13 usines de transformation du sucre au Guatemala, , garantit un salaire minimum uniquement à ceux qui travaillent dans la transformation du sucre, et non pas à ceux qui le coupe, et estime que les problèmes exposés par les travailleurs de la canne ne sont ni des des problèmes de travail des enfants ni leur problème tout court car ils sont que des coupeurs, et pas des travailleurs du sucre : Ils ne font pas partie d'Asazgua, ce n'est pas à eux d'empêcher ce qui se passe.
A Flamenco,Photo de Alberto Arce, CC BY
Dans l'article de Plaza Publica, Arce et Rodrguez racontent comment les propriétaires de plantations et Asazgua se présentent comme des victimes, affirment que le travail des enfants dans les plantations est le choix des agriculteurs, et que ne pas autoriser les enfants à travailler dans les champs pourrait conduire des agriculteurs ou leurs enfants à brûler les récoltes et à saboter la production.
L'article et l'enquête ont eu des résultats, mais malheureusement, pas ceux espérés. Le journaliste Alberto Arce a posté sur twitter que, bien que l'exploitation Finca Flamenco ait cessé ses activités à la suite de l'article sur le sucre dans @ PlazaPublicaGT, des coupeurs de canne ont perdu leur emploi à Retalhuleu.
L'enquête récente faite par des journalistes de Plaza Publica au Guatemala a révélée comment les autorités gouvernementales,bien qu'elles aient juridiquement interdit le travail des enfants, autorisent les enfants de moins de 14 ans à travailler dans des champs de cannes à sucre, un travail physiquement exigeant et dangereux. Morceaux de canne à sucre photo de Chris McBrienCCBy Dans l'articleTravail infantil et exploitation du sucre au Guatemalala, Alberto Arce et Martín Rodríguez Pellecer expliquent comment les enfants travaillent dans les champs de cannes à sucre où ils sont payés à la quantité coupée. Alors que la plupart des travailleurs adultes coupent deux à trois tonnes, ils n'atteignent même pas le salaire minimum,(équivalent à environ 7,50 USD en monnaie locale) par jour. Une des familles interrogées,où le père travaille avec ses deux fils, l'un de 12 ans et l'autre de 13, ne gagne pas le salaire minimum à eux trois.
Para llegar al salario mínimo, con un salario de Q20 por tonelada es necesario superar las tres toneladas diarias. Para el finquero, la media normal que un cortador puede extraer es de seis toneladas. Los cortadores dicen que a partir de dos o tres es inhumano.
Pour atteindre le salaire minimum, avec un salaire de 20 Q par tonne, il est nécessaire de couper plus de trois tonnes par jour. Pour le propriétaire de la plantation, la quantité ‘normale' qu'un coupeur peut extraire est de 6 tonnes. Les coupeurs disent qu'a plus de 2 ou 3 tonnes, c'est inhumain.
Plantation Flamenco, photo de Alberto Arce, CC BY
Voici la courte vidéo qu'ils ont tournée quand ils sont allés dans une plantation de cannes à sucre pour prendre des photos à l'aide d'une antique caméra en bois. Extrait de l'article:
Plaza Pública ingresó sin pedir permiso a la propiedad privada de Kuhsiek para hacer unas fotografías artísticas sobre trabajadores de la caña. En ese momento, no se sabía quién era el dueño de la finca. Ya dentro se descubrió el trabajo infantil. Allí, en una conversación informal entre el empresario agrícola, uno de los reporteros que escriben esta nota y el fotógrafo Rodrigo Abd, se acordó una entrevista formal en su oficina de la capital.
Plaza Pública s'est rendue dans la plantation sans demander l'autorisation à l’administration de la propriété privée des Kuhsiek, pour prendre quelques photographies artistiques des coupeurs de canne. A ce moment, on ne savait pas qui était le propriétaire de la plantation. Une fois dedans, le travail des enfants a été découvert. Là, au cours d'un entretien informel avec l'entrepreneur agricole, l'un des journalistes qui a écrit cet article et le photographe Rodrigo Abd ont convenu d'une entrevue officielle dans le bureau dont il dispose dans la capitale.
La plus grande ironie est peut-être que le propriétaire de la plantation de Flamenco n'est autre que Otto Kuhsiek, le président de la Chambre d'Agriculture du Guatemala. Dans l'interview, il n'a pas nié que les enfants peuvent aller dans les champs, mais a affirmé qu'ils ne travaillent pas réellement là :
El presidente de la Cámara del Agro se define como una persona que trata de cumplir con la Ley: “No conozco las edades de los niños que se encontraban en mi finca, que estaban, en todo caso, en su período vacacional. Usted vio que había una escuela en frente de donde estaban. Y esos niños no son trabajadores, sino que vienen acompañando a sus padres. Son sus ayudantes (…) .
Le président de la Chambre d'Agriculture se définit comme une personne respectueuse des lois : “Je ne connais pas l'âge des enfants rencontrés dans ma ferme, en tout cas pas celui des enfants pendant la saison des vacances.Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais il y a une école en face d'où ils étaient. Et ces enfants ne sont pas là en tant que travailleurs, ils accompagnent leurs parents,ils les aident.”
Il a poursuivi en expliquant que les travailleurs ne sont pas exploités parce qu'ils sont libres de partir quand ils sont fatigués. Cependant, les journalistes soulignent que les travailleurs peuvent encore être vus dans les champs après à 5 h parce qu'ils sont payés pour ce qu'ils peuvent couper, ils peuvent être forcés a choisir entre nourrir leurs familles ou se reposer. Sur Twitter, sous le hashtag #11deazucar, la journaliste guatémaltèque Alejandra Gutierrez essaye d'attirer l'attention sur leurs responsabilités dans le sort des enfants :
¿Los cañeros? ¿los azucareros? ¿los compradores? ¿los padres? ¿el Estado? La tragedia es que esos niños tengan que trabajar. #11deazucar
Les coupeurs de canne à sucre ? les travailleurs du sucre ? les acheteurs ? les parents ? l'Etat ? La tragédie est que ces enfants doivent travailler. #11deazucar
Le travail infantile dans les champs de cannes a sucre n'est pas nouveau : en 2007 , cette vidéo montrant des images de travailleurs de canne à sucre au Guatemala, dont des enfants, a été envoyée sur YouTube. L'industrie du sucre au Guatemala a l'une des plus fortes croissances et remporte l'un des plus gros succès économique du pays mais cette croissance et cette richesse ne profite pas à la population plus loin dans la chaîne. En fait, Asazgua, la fédération du sucre, qui réunit les 13 usines de transformation du sucre au Guatemala, , garantit un salaire minimum uniquement à ceux qui travaillent dans la transformation du sucre, et non pas à ceux qui le coupe, et estime que les problèmes exposés par les travailleurs de la canne ne sont ni des des problèmes de travail des enfants ni leur problème tout court car ils sont que des coupeurs, et pas des travailleurs du sucre : Ils ne font pas partie d'Asazgua, ce n'est pas à eux d'empêcher ce qui se passe.
A Flamenco,Photo de Alberto Arce, CC BY
Dans l'article de Plaza Publica, Arce et Rodrguez racontent comment les propriétaires de plantations et Asazgua se présentent comme des victimes, affirment que le travail des enfants dans les plantations est le choix des agriculteurs, et que ne pas autoriser les enfants à travailler dans les champs pourrait conduire des agriculteurs ou leurs enfants à brûler les récoltes et à saboter la production. L'article et l'enquête ont eu des résultats, mais malheureusement, pas ceux espérés. Le journaliste Alberto Arce a posté sur twitter que, bien que l'exploitation Finca Flamenco ait cessé ses activités à la suite de l'article sur le sucre dans @ PlazaPublicaGT, des coupeurs de canne ont perdu leur emploi à Retalhuleu.
Des fraises en hiver : fabriqué par la publicité, ce rêve de consommateur est, on le sait, un cauchemar écologique, aussi bien pour l’eau massivement gaspillée que pour les pesticides employés dans la production. On sait moins qu’il est aussi, pour ceux qui produisent ces fraises sous les serres andalouses, un cauchemar social. Une mission d’enquête mandatée par la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) rendait aujourd’hui son rapport sur les conditions de travail des quelque 50 000 personnes qui constituent la main-d’œuvre de cette cette production saisonnière.
Majoritairement composée de travailleurs migrants, et surtout de femmes, cette population est régie par le système de la contratación en origen, qui permet aux patrons, en accord avec la Région et les syndicats, de «recruter “à la source” dans leur pays d’origine quelques milliers de personnes qui seront convoyées puis réparties dans les plantations où elles travailleront jusqu’à la fin de la saison de la fraise, s’engageant à revenir dans leur pays dès la fin de leur contrat».
Depuis que la Pologne, la Bulgarie et la Roumanie sont entrées dans l’Union européenne, «le recrutement à la source concerne désormais des travailleuses marocaines. Ce système original est souvent érigé en exemple des avantages de la migration circulaire, un modèle promu par les institutions de l’UE afin de pourvoir aux besoins en main-d’œuvre de l’Europe tout en garantissant la non-installation des migrants sur son sol», souligne le rapport.
Mais, sur le terrain, les enquêteurs de la FIDH ont découvert «un certain nombre de problèmes psycho-sociaux dans la communauté des travailleuses marocaines. Par exemple, les femmes enceintes font tout pour dissimuler leur grossesse à leur employeur car elles craignent de devoir arrêter de travailler et donc renoncer à la saison. Lorsqu’elles sont malades, ces femmes hésitent aussi à se rendre dans les centres de santé et à en informer leur employeur». Les «critères de sélection» des employeurs sont, constate le rapport, «sexistes et paternalistes». Ainsi, «pour la fraise et encore plus pour la framboise, les doigts de la femme et sa délicatesse supposée conviendraient mieux. [Le programme] prévoyait de manière non explicite le recrutement en priorité de mères d’enfants en bas âge — une clause supposée empêcher leur évasion pendant la durée ou à la fin du contrat».
Bien souvent, les ouvrières ne disposent pas d’une copie de leur contrat de travail, et certaines se voient confisquer leur passeport, ce qui les contraint à rester, loin de tout, cloîtrées sur leur lieu de travail. D’autant, insiste le rapport, que l’aspect temporaire des contrats, combiné au désintérêt des syndicats majoritaires espagnols comme des syndicats marocains, conduisent à une «absence» complète de représentation syndicale.
Quant aux conditions d’hébergement, elles sont parfois carcérales, «en dessous de toute norme. Il s’agit généralement de baraques en préfabriqué éloignées de plusieurs dizaines de kilomètres des zones urbaines et où le minimum en matière d’hygiène n’est pas respecté».
«Le système même d’embauche de travailleurs à l’étranger — ce qu’Emmanuel Terray a décrit par l’expression “délocalisation sur place” — qui dépendent entièrement de cet employeur pour revenir travailler sur le territoire espagnol et qui ne disposent d’aucune représentation syndicale, empêche tout type de revendication, précise la FIDH, et explique le consentement des travailleurs à des conditions de travail pourtant en deçà des normes nationales et internationales, a fortiori dans une période de crise économique».
Comment le mouvement bio, lancé par des militants soucieux de défendre la petite paysannerie tout en rejetant les logiques productivistes, risque de s’échouer sur les têtes de gondole des supermarchés.
Attirés par de meilleurs salaires, des travailleurs syriens franchissent la montagne frontalière pour s’établir dans la plaine libanaise de la Bekaa. Précaire, leur séjour peut durer quelques mois ou plusieurs années…
Nos habitudes de consommation ne sont pas sans conséquences. Dans un kilo de tomates, en hiver, on trouvera : un goût insipide, de l’exploitation, de la pollution, des profits et, in fine, une réflexion sur… la mondialisation des échanges commerciaux.
Depuis que de grandes exploitations de primeurs ou d’agrumes et des industries du secteur cosmétique tirent profit de la plaine du Souss, de plus en plus de paysannes berbères sont acculées à trimer comme ouvrières agricoles dans des conditions déplorables.
Bienvenue à Castleton, une petite ferme perdue au fin fond de l’Ecosse, à 4 km du hameau le plus proche et à 40 km d’Aberdeen. Ici, deux cents étudiants, presque tous d’Europe de l’Est, viennent cueillir des fraises pendant les deux ou trois mois d’été. (...)
Toujours disponible
«We feed the world - le marché de la faim», d’Erwin Wagenhofer
Ce documentaire permet de comprendre les causes profondes de la crise alimentaire; il explique comment, alors que tous les experts reconnaissent que la planète est capable de nourrir l’ensemble de ses habitants, la famine et la misère rurale persistent.
Disponible dans la boutique en ligne.
Des fraises en hiver : fabriqué par la publicité, ce rêve de consommateur est, on le sait, un cauchemar écologique, aussi bien pour l’eau massivement gaspillée que pour les pesticides employés dans la production. On sait moins qu’il est aussi, pour ceux qui produisent ces fraises sous les serres andalouses, un cauchemar social. Une mission d’enquête mandatée par la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) rendait aujourd’hui son rapport sur les conditions de travail des quelque 50 000 personnes qui constituent la main-d’œuvre de cette cette production saisonnière.
Majoritairement composée de travailleurs migrants, et surtout de femmes, cette population est régie par le système de la contratación en origen, qui permet aux patrons, en accord avec la Région et les syndicats, de «recruter “à la source” dans leur pays d’origine quelques milliers de personnes qui seront convoyées puis réparties dans les plantations où elles travailleront jusqu’à la fin de la saison de la fraise, s’engageant à revenir dans leur pays dès la fin de leur contrat».
Depuis que la Pologne, la Bulgarie et la Roumanie sont entrées dans l’Union européenne, «le recrutement à la source concerne désormais des travailleuses marocaines. Ce système original est souvent érigé en exemple des avantages de la migration circulaire, un modèle promu par les institutions de l’UE afin de pourvoir aux besoins en main-d’œuvre de l’Europe tout en garantissant la non-installation des migrants sur son sol», souligne le rapport.
Mais, sur le terrain, les enquêteurs de la FIDH ont découvert «un certain nombre de problèmes psycho-sociaux dans la communauté des travailleuses marocaines. Par exemple, les femmes enceintes font tout pour dissimuler leur grossesse à leur employeur car elles craignent de devoir arrêter de travailler et donc renoncer à la saison. Lorsqu’elles sont malades, ces femmes hésitent aussi à se rendre dans les centres de santé et à en informer leur employeur». Les «critères de sélection» des employeurs sont, constate le rapport, «sexistes et paternalistes». Ainsi, «pour la fraise et encore plus pour la framboise, les doigts de la femme et sa délicatesse supposée conviendraient mieux. [Le programme] prévoyait de manière non explicite le recrutement en priorité de mères d’enfants en bas âge — une clause supposée empêcher leur évasion pendant la durée ou à la fin du contrat».
Bien souvent, les ouvrières ne disposent pas d’une copie de leur contrat de travail, et certaines se voient confisquer leur passeport, ce qui les contraint à rester, loin de tout, cloîtrées sur leur lieu de travail. D’autant, insiste le rapport, que l’aspect temporaire des contrats, combiné au désintérêt des syndicats majoritaires espagnols comme des syndicats marocains, conduisent à une «absence» complète de représentation syndicale.
Quant aux conditions d’hébergement, elles sont parfois carcérales, «en dessous de toute norme. Il s’agit généralement de baraques en préfabriqué éloignées de plusieurs dizaines de kilomètres des zones urbaines et où le minimum en matière d’hygiène n’est pas respecté».
«Le système même d’embauche de travailleurs à l’étranger — ce qu’Emmanuel Terray a décrit par l’expression “délocalisation sur place” — qui dépendent entièrement de cet employeur pour revenir travailler sur le territoire espagnol et qui ne disposent d’aucune représentation syndicale, empêche tout type de revendication, précise la FIDH, et explique le consentement des travailleurs à des conditions de travail pourtant en deçà des normes nationales et internationales, a fortiori dans une période de crise économique».
Comment le mouvement bio, lancé par des militants soucieux de défendre la petite paysannerie tout en rejetant les logiques productivistes, risque de s’échouer sur les têtes de gondole des supermarchés.
Attirés par de meilleurs salaires, des travailleurs syriens franchissent la montagne frontalière pour s’établir dans la plaine libanaise de la Bekaa. Précaire, leur séjour peut durer quelques mois ou plusieurs années…
Nos habitudes de consommation ne sont pas sans conséquences. Dans un kilo de tomates, en hiver, on trouvera : un goût insipide, de l’exploitation, de la pollution, des profits et, in fine, une réflexion sur… la mondialisation des échanges commerciaux.
Depuis que de grandes exploitations de primeurs ou d’agrumes et des industries du secteur cosmétique tirent profit de la plaine du Souss, de plus en plus de paysannes berbères sont acculées à trimer comme ouvrières agricoles dans des conditions déplorables.
Bienvenue à Castleton, une petite ferme perdue au fin fond de l’Ecosse, à 4 km du hameau le plus proche et à 40 km d’Aberdeen. Ici, deux cents étudiants, presque tous d’Europe de l’Est, viennent cueillir des fraises pendant les deux ou trois mois d’été. (...)
Toujours disponible
«We feed the world - le marché de la faim», d’Erwin Wagenhofer Ce documentaire permet de comprendre les causes profondes de la crise alimentaire; il explique comment, alors que tous les experts reconnaissent que la planète est capable de nourrir l’ensemble de ses habitants, la famine et la misère rurale persistent. Disponible dans la boutique en ligne.
Devenu notable dès l’année 2005, le mouvement mondial d’accaparement des terres arables se poursuit inexorablement. Publié le 14 décembre par la Coalition internationale pour l’accès à la terre, un rapport explore le mode opératoire et les conséquences d’une série d’accords commerciaux conclu entre 2000 et 2010, pour un total de 203 millions d’hectares — une superficie équivalente à huit fois la taille du Royaume-Uni. Ses conclusions sont particulièrement inquiétantes, alors que la hausse des prix alimentaires de base provoque déjà, dans de nombreux pays, des émeutes de la faim :
— parmi les 78% de transactions qui concernent l’agriculture, trois quarts sont liées à des projets de production de biocarburants ;
— les acquisitions visent souvent les meilleures terres, fréquemment irrigables et à proximité des infrastructures, provoquant de nombreux conflits ;
— les élites nationales, souvent impliquées dans ces projets, en tirent des bénéfices personnels tandis que l’Etat, qui accorde des exemptions fiscales, se prive de recettes ; quant aux promesses de création d’emplois ou d’infrastructures, elles sont rarement tenues ;
— dépossédés des terres et des ressources en eau gérées par les régimes coutumiers, les pauvres des zones rurales en sont les premières victimes, au premier rang d’entre eux les femmes ;
— les écosystèmes subissent des transformations à large échelle.
Pour faire face à ce néocolonialisme agricole, qui vise majoritairement l’Afrique, les paysans commencent à s’organiser. Mais rien ne semble pouvoir arrêter la voracité des investisseurs. Le 5 décembre, à Stockholm, l’association GRAIN s’est vu décerner le Right Livelihood Award — le « prix Nobel alternatif » — pour son travail sur le sujet ; pour son coordinateur Henk Hobbelink, « nous assistons à quelque chose qui n’est rien moins qu’une attaque frontale contre la paysannerie mondiale. Ceci ne se produit pas uniquement dans les pays du Sud. Ici, dans l’Union européenne, nous avons perdu trois millions d’exploitations agricoles depuis 2003. Cela équivaut à la perte d’un cinquième de l’ensemble de nos fermes en huit ans seulement. Il devient plus difficile de vivre de la terre et, dans de nombreuses parties du monde, plus dangereux de jour en jour. Les paysans, qui ont nourri le monde pendant des milliers d’années – et le font encore – sont maintenant de plus en plus souvent qualifiés de rétrogrades et d’inefficaces et considérés comme des obstacles au développement. Le message brut est : ils devraient cesser d’exister ».
Au Mali, des accords portant sur plusieurs centaines de milliers d’hectares de terres agricoles ont été signés entre le gouvernement et des investisseurs, privés ou publics. Réalisé par Philippe Revelli, et produit par le CCFD-Terre Solidaire avec le soutien du Monde diplomatique, le reportage ci-dessus — « Ruée sur les terres irrigables de l’Office du Niger » — ouvre un cycle de webdocumentaires consacrés à la question des terres.
Webdocumentaire. Au Mali, des accords portant sur plusieurs centaines de milliers d’hectares de terres agricoles de l’Office du Niger ont été signés entre le gouvernement et des investisseurs privés ou publics. Mal informée et rarement consultée, la population subit aujourd’hui les premières conséquences de ces grandes manœuvres foncières…
« Ruée sur les terres irrigables de l’Office du Niger » ouvre un cycle de webdocumentaires intitulé « TERRES ».
Après cette première étape malienne, le périple sur le thème de l’accaparement des terres, ses formes et ses conséquences, se poursuivra aux Philippines, en Colombie, au Brésil, au Pérou, en Inde et au Bénin.
Les documentaires seront mis en ligne au fur et à mesure de leur réalisation.
Pour en savoir plus sur la question foncière au Mali et dans la région de l’Office du Niger… L’agrobusiness à l’assaut des terres irriguées de l’Office du Niger(Florence Brondeau / Cahiers agricoles n°20, janvier-avril 2011).Des programmes d’aménagement colossaux sont entrepris dans les systèmes irrigués de l’Office du Niger et laissent augurer des mutations sans précédent. L’État malien et ses partenaires s’engagent vers la promotion de l’agrobusiness et la privatisation du foncier. Le modèle de développement agricole fondé sur l’agriculture familiale semble donc être remis en question. Cette région est à l’aube de recompositions socio-spatiales et de désajustements tant socio-économiques qu’environnementaux que l’on commence tout juste à pressentir. Dans ce contexte, de nombreuses questions doivent être soulevées quant aux perspectives de développement de ces systèmes irrigués alors que de sérieuses réserves sont à avancer quant à la vocation de l’agrobusiness à sécuriser l’approvisionnement alimentaire du Mali et des pays voisins…
Quand la Banque mondiale encourage la razzia sur les terres agricoles(Le Monde Diplomatique / septembre 2011). Si les images de la famine en Afrique font le tour de la planète, on sait peu que ce fléau est en partie lié à l’essor des investissements fonciers sur le continent. Ainsi, l’Ethiopie cède des milliers d’hectares à des entreprises étrangères qui substituent à l’agriculture vivrière des plantations destinées à l’exportation. Et la Banque mondiale encourage ce mouvement, comme le montre le cas du Mali… Investisseurs libyens, paysans maliens(Le Monde Diplomatique / septembre 2011). Le Mali a besoin de développer et de moderniser son agriculture ; mais, faute de moyens financiers, il doit faire appel aux investissements étrangers. La Libye a été l’un des premiers pays à proposer ses services, avec le projet Malibya en 2008. Les engagements des deux Etats sont fixés par une convention qui précise les droits et les devoirs des parties, ainsi que les avantages accordés aux opérateurs (mais toutes les clauses du contrat n’ont pas été rendues publiques). Bamako fournit des terres (100 000 hectares) dans la zone irrigable de l’Office du Niger. Tripoli apporte les capitaux pour les aménager et les mettre en valeur…
Ruée sur les terres irrigables de l'Office du Niger / cliquer sur limage pour voir la galerie photo
Déclaration de la Conférence paysanne internationale de Nyéléni(Via Campesina). Nous, paysannes et paysans, pastoralistes, peuples autochtones ainsi que nos alliés, réunis pour la première fois à Nyéléni du 17 au 19 Novembre 2011, sommes venus des quatre coins du monde pour partager nos expériences et nos luttes contre l’accaparement des terres…
Comprendre les investissements fonciers en Afrique : Rapport Mali(Oakland Institute). Ce rapport recense et examine les investissements fonciers au Mali. Il présente des informations d’ordre général sur le contexte institutionnel et politique du pays notamment la situation macroéconomique actuelle, l’état de l’alimentation et de l’agriculture, et le climat actuel des investissements. En outre, il fournit des informations détaillées sur quatre accords d’investissements fonciers en cours au Mali. Et aussi… Farmlandgrab. Ce site Internet contient principalement des articles d’actualité sur la ruée mondiale sur les terres agricoles étrangères qui peut prendre la forme d’achat ou de bail. Ces acquisitions sont une stratégie destinée à garantir l’approvisionnement en denrées alimentaires de base ou ont tout simplement pour but de faire des bénéfices. L’objectif du site est de servir de source d’information à tous ceux qui suivent ou font des recherches sur la question, notamment les activistes sociaux, les organisations non gouvernementales et les journalistes.
Devenu notable dès l’année 2005, le mouvement mondial d’accaparement des terres arables se poursuit inexorablement. Publié le 14 décembre par la Coalition internationale pour l’accès à la terre, un rapport explore le mode opératoire et les conséquences d’une série d’accords commerciaux conclu entre 2000 et 2010, pour un total de 203 millions d’hectares — une superficie équivalente à huit fois la taille du Royaume-Uni. Ses conclusions sont particulièrement inquiétantes, alors que la hausse des prix alimentaires de base provoque déjà, dans de nombreux pays, des émeutes de la faim :
— parmi les 78% de transactions qui concernent l’agriculture, trois quarts sont liées à des projets de production de biocarburants ;
— les acquisitions visent souvent les meilleures terres, fréquemment irrigables et à proximité des infrastructures, provoquant de nombreux conflits ;
— les élites nationales, souvent impliquées dans ces projets, en tirent des bénéfices personnels tandis que l’Etat, qui accorde des exemptions fiscales, se prive de recettes ; quant aux promesses de création d’emplois ou d’infrastructures, elles sont rarement tenues ;
— dépossédés des terres et des ressources en eau gérées par les régimes coutumiers, les pauvres des zones rurales en sont les premières victimes, au premier rang d’entre eux les femmes ;
— les écosystèmes subissent des transformations à large échelle.
Pour faire face à ce néocolonialisme agricole, qui vise majoritairement l’Afrique, les paysans commencent à s’organiser. Mais rien ne semble pouvoir arrêter la voracité des investisseurs. Le 5 décembre, à Stockholm, l’association GRAIN s’est vu décerner le Right Livelihood Award — le « prix Nobel alternatif » — pour son travail sur le sujet ; pour son coordinateur Henk Hobbelink, « nous assistons à quelque chose qui n’est rien moins qu’une attaque frontale contre la paysannerie mondiale. Ceci ne se produit pas uniquement dans les pays du Sud. Ici, dans l’Union européenne, nous avons perdu trois millions d’exploitations agricoles depuis 2003. Cela équivaut à la perte d’un cinquième de l’ensemble de nos fermes en huit ans seulement. Il devient plus difficile de vivre de la terre et, dans de nombreuses parties du monde, plus dangereux de jour en jour. Les paysans, qui ont nourri le monde pendant des milliers d’années – et le font encore – sont maintenant de plus en plus souvent qualifiés de rétrogrades et d’inefficaces et considérés comme des obstacles au développement. Le message brut est : ils devraient cesser d’exister ».
Au Mali, des accords portant sur plusieurs centaines de milliers d’hectares de terres agricoles ont été signés entre le gouvernement et des investisseurs, privés ou publics. Réalisé par Philippe Revelli, et produit par le CCFD-Terre Solidaire avec le soutien du Monde diplomatique, le reportage ci-dessus — « Ruée sur les terres irrigables de l’Office du Niger » — ouvre un cycle de webdocumentaires consacrés à la question des terres.
Webdocumentaire. Au Mali, des accords portant sur plusieurs centaines de milliers d’hectares de terres agricoles de l’Office du Niger ont été signés entre le gouvernement et des investisseurs privés ou publics. Mal informée et rarement consultée, la population subit aujourd’hui les premières conséquences de ces grandes manœuvres foncières…
« Ruée sur les terres irrigables de l’Office du Niger » ouvre un cycle de webdocumentaires intitulé « TERRES ».
Après cette première étape malienne, le périple sur le thème de l’accaparement des terres, ses formes et ses conséquences, se poursuivra aux Philippines, en Colombie, au Brésil, au Pérou, en Inde et au Bénin.
Les documentaires seront mis en ligne au fur et à mesure de leur réalisation.
Pour en savoir plus sur la question foncière au Mali et dans la région de l’Office du Niger… L’agrobusiness à l’assaut des terres irriguées de l’Office du Niger(Florence Brondeau / Cahiers agricoles n°20, janvier-avril 2011).Des programmes d’aménagement colossaux sont entrepris dans les systèmes irrigués de l’Office du Niger et laissent augurer des mutations sans précédent. L’État malien et ses partenaires s’engagent vers la promotion de l’agrobusiness et la privatisation du foncier. Le modèle de développement agricole fondé sur l’agriculture familiale semble donc être remis en question. Cette région est à l’aube de recompositions socio-spatiales et de désajustements tant socio-économiques qu’environnementaux que l’on commence tout juste à pressentir. Dans ce contexte, de nombreuses questions doivent être soulevées quant aux perspectives de développement de ces systèmes irrigués alors que de sérieuses réserves sont à avancer quant à la vocation de l’agrobusiness à sécuriser l’approvisionnement alimentaire du Mali et des pays voisins…
Quand la Banque mondiale encourage la razzia sur les terres agricoles(Le Monde Diplomatique / septembre 2011). Si les images de la famine en Afrique font le tour de la planète, on sait peu que ce fléau est en partie lié à l’essor des investissements fonciers sur le continent. Ainsi, l’Ethiopie cède des milliers d’hectares à des entreprises étrangères qui substituent à l’agriculture vivrière des plantations destinées à l’exportation. Et la Banque mondiale encourage ce mouvement, comme le montre le cas du Mali… Investisseurs libyens, paysans maliens(Le Monde Diplomatique / septembre 2011). Le Mali a besoin de développer et de moderniser son agriculture ; mais, faute de moyens financiers, il doit faire appel aux investissements étrangers. La Libye a été l’un des premiers pays à proposer ses services, avec le projet Malibya en 2008. Les engagements des deux Etats sont fixés par une convention qui précise les droits et les devoirs des parties, ainsi que les avantages accordés aux opérateurs (mais toutes les clauses du contrat n’ont pas été rendues publiques). Bamako fournit des terres (100 000 hectares) dans la zone irrigable de l’Office du Niger. Tripoli apporte les capitaux pour les aménager et les mettre en valeur…
Ruée sur les terres irrigables de l'Office du Niger / cliquer sur limage pour voir la galerie photo
Déclaration de la Conférence paysanne internationale de Nyéléni(Via Campesina). Nous, paysannes et paysans, pastoralistes, peuples autochtones ainsi que nos alliés, réunis pour la première fois à Nyéléni du 17 au 19 Novembre 2011, sommes venus des quatre coins du monde pour partager nos expériences et nos luttes contre l’accaparement des terres…
Comprendre les investissements fonciers en Afrique : Rapport Mali(Oakland Institute). Ce rapport recense et examine les investissements fonciers au Mali. Il présente des informations d’ordre général sur le contexte institutionnel et politique du pays notamment la situation macroéconomique actuelle, l’état de l’alimentation et de l’agriculture, et le climat actuel des investissements. En outre, il fournit des informations détaillées sur quatre accords d’investissements fonciers en cours au Mali. Et aussi… Farmlandgrab. Ce site Internet contient principalement des articles d’actualité sur la ruée mondiale sur les terres agricoles étrangères qui peut prendre la forme d’achat ou de bail. Ces acquisitions sont une stratégie destinée à garantir l’approvisionnement en denrées alimentaires de base ou ont tout simplement pour but de faire des bénéfices. L’objectif du site est de servir de source d’information à tous ceux qui suivent ou font des recherches sur la question, notamment les activistes sociaux, les organisations non gouvernementales et les journalistes.