Showing posts with label Internet. Show all posts
Showing posts with label Internet. Show all posts

Sunday, February 3, 2013

Qui gouvernera Internet ?

Par DAN SCHILLER
Source : http://www.monde-diplomatique.fr
02/2013
english :  Masters of the Internet

En France, le fournisseur d’accès à Internet Free reproche au site de vidéo YouTube, propriété de Google, d’être trop gourmand en bande passante. Son blocage, en représailles, des publicités de Google a fait sensation. Free a ainsi mis à mal la «neutralité d’Internet » – l’un des sujets discutés en décembre à la conférence de Dubaï. La grande a!aire de cette rencontre a cependant été la tutelle des Etats-Unis sur le réseau mondial.


Habituellement circonscrite aux contrats commerciaux entre opérateurs, la géopolitique d’Internet s’est récemmentétalée au grand jour. Du 3 au 14 décembre 2012, les cent quatre-vingt-treize Etats membres de l’Union internationale des télécommunications (UIT, une agence affiliée à l’Organisation des Nations unies) s’étaient donné rendez-vous à Dubaï, aux Emirats arabes unis, pour la douzième conférence mondiale sur les télécommunications internationales.

Une rencontre où les diplomates,abreuvés de conseils par les industriels du secteur, forgent des accords censés faciliterles communications par câble et par satellite.

Longues et ennuyeuses, ces réunions sont cependant cruciales en raison du rôle déterminant des réseaux dans le fonctionnement quotidien de l’économie mondiale.

La principale controverse lors de cesommet portait sur Internet : l’UIT devaitelle s’arroger des responsabilités dans la supervision du réseau informatique mondial, à l’instar du pouvoir qu’elle exerce depuis des dizaines d’années sur les autres formes de communication internationale ?

Les Etats-Unis répondirent par un «non» ferme et massif, en vertu de quoi le nouveau traité renonça à conférer le moindre rôle à l’UIT dans ce qu’on appelle la «gouvernance mondiale d’Internet». Toutefois, une majorité de pays approuvèrent une résolution annexe invitant les Etats membres à «exposer dans le détail leurs positions respectives sur les questions internationales techniques, de développement et de politiques
publiques relatives à Internet».

Bien que «symbolique», comme le souligna le New York Times (1), cette ébauche de surveillance globale se heurta à la position inflexible de la délégation américaine, qui refusa de signer le traité et claqua la portede la conférence, suivie entre autres par la France, l’Allemagne, le Japon, l’Inde, le Kenya, la Colombie, le Canada et le Royaume-Uni. Mais quatre-vingt-neuf des cent cinquante et un participants décidèrent d’approuver le document. D’autres pourraient le signer ultérieurement.

En quoi ces péripéties apparemment absconses revêtent-elles une importance considérable ? Pour en clarifier les enjeux, il faut d’abord dissiper l’épais nuage de brouillard rhétorique qui entoure cette affaire. Depuis plusieurs mois, les médias occidentaux présentaient la conférence de Dubaï comme le lieu d’un affrontement historique entre les tenants d’un Internet ouvert, respectueux des libertés, et les adeptes de la censure, incarnés par des Etats autoritaires comme la Russie, l’Iran ou la Chine. Le cadre du débat était posé en des termes si manichéens que M. Franco Bernabè, directeur de Telecom Italia et président de l’association des opérateurs de téléphonie mobile GSMA, dénonça une «propagande de guerre», à laquelle il imputa l’échec du traité (2).


Fronde antiaméricaine

Ou que l’on vive, la liberté d’expression n’est pas une question mineure. Où que l’on vive, les raisons ne manquent pas de craindre que la relative ouverture d’Internet soit corrompue, manipulée ou parasitée.
Mais la menace ne vient pas seulement des armées de censeurs ou de la «grande muraille électronique» érigée en Iran ou en Chine.

Aux Etats-Unis, par exemple, les centres d’écoute de l’Agence de sécurité nationale (National Security Agency, NSA) surveillent l’ensemble des communications électroniques transitant par les câbles et satellites américains. Le plus grand centre de cybersurveillance du monde est actuellement en cours de construction à Bluffdale, dans le désert de l’Utah (3).

Washington pourchasse WikiLeaks avec une détermination farouche. Ce sont par ailleurs des entreprises américaines, comme Facebook et Google, qui ont transformé le Web en une «machine de surveillance » absorbant toutes les données commercialement exploitables sur le comportement des internautes.

Depuis les années 1970, la libre circulation de l’information (free flow of information) constitue l’un des fondements officiels de la politique étrangère des Etats-Unis (4), présentée, dans un contexte de guerre froide et de fin de la décolonisation, comme un phare éclairant la route de l’émancipation démocratique. Elle permet aujourd’hui de reformuler des intérêts stratégiques et économiques impérieux dans le langage séduisant des droits humains universels. «Liberté d’Internet », «liberté de se connecter» : ces expressions, ressassées par la secrétaire d’Etat Hillary Clinton et les dirigeants de Google à la veille des négociations, constituent la version modernisée de l’ode à la « libre circulation ».

A Dubaï, les débats couvraient une myriade de domaines transversaux. Au programme, notamment, la question des rapports commerciaux entre les divers services Internet, comme Google, et les grands réseaux de télécommunication, tels Verizon, Deutsche Telekom ou Orange, qui transportent ces volumineux flux de données. Crucial par ses enjeux économiques, le sujet l’est aussi par les menaces qu’il fait peser sur la neutralité du Net, c’est-à-dire sur le principe d’égalité de traitement de tous les échanges sur la Toile, indépendamment des sources, des destinataires et des contenus. Le geste de M. Xavier Niel, le patron de Free, décidant début janvier 2013 de s’attaquer aux revenus publicitaires de Google en bloquant ses publicités, illustre les risques de dérive. Une déclaration générale qui imposerait aux fournisseurs de contenus de payer les opérateurs de réseaux aurait de graves conséquences sur la neutralité d’Internet, qui est une garantie vitale pour les libertés de l’internaute.

Mais l’affrontement qui a marqué la conférence portait sur une question tout autre : à qui revient le pouvoir de contrôler l’intégration continue d’Internet dans l’économie capitaliste transnationale (5) ?

Jusqu’à présent, ce pouvoir incombe pour l’essentiel à Washington. Dès les années 1990, quand le réseau explosait à l’échelle planétaire, les Etats-Unis ont déployé des efforts intenses pour institutionnaliser leur domination. Il faut en effet que les noms de domaine (du type « .com»), les adresses numériques et les identifiants de réseaux soient attribués de manière distinctive et cohérente. Ce qui suppose l’existence d’un pouvoir institutionnel capable d’assurer ces attributions, et dont les prérogatives s’étendent par conséquent à l’ensemble d’un système pourtant extraterritorial par nature.

Profitant de cette ambiguïté originelle, les Etats-Unis ont confié la gestion des domaines à une agence créée par leurs soins, l’Internet Assigned Numbers Authority (IANA). Liée par contrat au ministère du commerce, l’IANA opère en qualité de membre d’une association californienne de droit privé, l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (Icann), dont l amission consiste à « préserver la stabilité opérationnelle d’Internet ». Quant aux standards techniques, ils sont établis par deux autres agences américaines, l’Internet Engineering Task Force (IETF) et l’Internet Architecture Board (IAB), ellesmêmes intégrées à une autre association à but non lucratif, l’Internet Society. Au vu de leur composition et de leur financement, on ne s’étonnera pas que ces organisations prêtent une oreille plus attentive aux intérêts des Etats-Unis qu’aux demandes des utilisateurs (6).

Les sites commerciaux les plus prospères de la planète n’appartiennent pas à des capitaux kényans ou mexicains, ni même russes ou chinois. La transition actuelle vers l’« informatique en nuages » (cloud computing), dont les principaux acteurs sont américains, devrait encore accroître la dépendance du réseau envers les Etats-Unis. Le déséquilibre structurel du contrôle d’Internet garantit la suprématie américaine dans le cyberespace, à la fois sur le plan commercial et militaire, laissant peu de marge aux autres pays pour réguler, verrouiller ou assouplir le système en fonction de leurs propres intérêts. Par le biais de diverses mesures techniques et législatives, chaque Etat est certes à même d’exercer une part de souveraineté sur la branche «nationale » du réseau, mais sous la surveillance rapprochée du gendarme planétaire. De ce point de vue, comme le note l’universitaire Milton Mueller, Internet est un outil au service de la «politique américaine de globalisme unilatéral (7) ».

Leur fonction de gestionnaires a permis aux Etats-Unis de propager le dogme de la propriété privée au coeur même du développement d’Internet. Quoique dotée, en principe, d’une relative autonomie, l’Icann s’est illustrée par les faveurs extraterritoriales accordées aux détenteurs de marques commerciales déposées. En dépit de leurs protestations, plusieurs organisations non commerciales, bien que représentées au sein de l’institution, n’ont pas fait le poids face à des sociétés comme Coca-Cola ou Procter & Gamble.

L’Icann invoque le droit des affaires pour imposer ses règles aux organismes qui administrent les domaines de premier niveau (tels que « .org », « .info »). Si des fournisseurs nationaux d’applications contrôlent le marché intérieur dans plusieurs pays, notamment en Russie, en Chine ou en Corée du Sud, les services transnationaux – à la fois les plus profitables et les plus stratégiques dans ce système extraterritorial – restent, d’Amazon à PayPal en passant par Apple, des citadelles américaines, bâties sur du capital américain et adossées à l’administration américaine.

Dès les débuts d’Internet, plusieurs pays se sont rebiffés contre leur statut de subordonnés. La multiplication des indices signalant que les Etats-Unis n’avaient aucune intention de relâcher leur étreinte a progressivement élargi le front du mécontentement. Ces tensions ont fini par provoquer une série de rencontres au plus haut niveau, notamment dans le cadre du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), organisé par l’UIT à Genève et à Tunis entre 2003 et 2005.

En offrant une tribune aux Etats frustrés de n’avoir pas leur mot à dire, ces réunions préfiguraient le clash de Dubaï. Rassemblés en un Comité consultatif gouvernemental (Governmental Advisory Com mittee, GAC), une trentaine de pays espéraient convaincre l’Icann de partager une partie de ses prérogatives. Un espoir vite déçu, d’autant que leur statut au sein du GAC les mettait au même niveau que les sociétés commerciales et les organisations de la société civile. Certains Etats auraient pu s’accommoder de cette bizarrerie si, malgré les discours lénifiants sur la diversité et le pluralisme, l’évidence ne s’était imposée à tous : la gouvernance mondiale d’Internet est tout sauf égalitaire et pluraliste, et le pouvoir exécutif américain n’entend rien lâcher de son monopole.


Revirement de l’Inde et du Kenya

La fin de l’ère unipolaire et la crise financière ont encore attisé le conflit interétatique au sujet de l’économie politique du cyberespace. Les gouvernements cherchent toujours des points de levier pour introduire une amorce de coordination dans la gestion du réseau. En 2010 et 2011, à l’occasion du renouvellement du contrat passé entre l’IANA et le ministère du commerce américain, plusieurs Etats en ont appelé directement à Washington. Le gouvernement kényan a plaidé pour une «transition » de la tutelle américaine vers un régime de coopération multilatérale, au moyen d’une « globalisation » des contrats régissant la superstructure institutionnelle qui encadre les noms de domaine et les adresses IP (Internet Protocol). L’Inde, le Mexique, l’Egypte et la Chine ont fait des propositions dans le même sens.

Les Etats-Unis ont réagi à cette fronde en surenchérissant dans la rhétorique de la « liberté d’Internet ». Nul doute qu’ils ont aussi intensifié leur lobbying bilatéral en vue de ramener au bercail certains pays désalignés. A preuve, le coup de théâtre de la conférence de Dubaï : l’Inde et le Kenya se sont prudemment ralliés au coup de force de Washington.

Quelle sera la prochaine étape ?

Les agences gouvernementales américaines et les gros commanditaires du cyber-capitalisme tels que Google continueront vraisemblablement d’employer toute leur puissance pour renforcer la position centrale des Etats-Unis et discréditer leurs détracteurs. Mais l’opposition politique au « globalisme unilatéral » des Etats- Unis est et restera ouverte. Au point qu’un éditorialiste du Wall Street Journal n’a pas hésité, après Dubaï, à évoquer la «première grande défaite numérique de l’Amérique (8) ».


NOTES :

(1) Eric Pfanner, « Message, if murky, from US to the world », The New York Times, 15 décembre 2012.
(2) Rachel Sanderson et Daniel Thomas, «US under fire after telecoms treaty talks fail », Financial Times, Londres, 17 décembre 2012.
(3) James Bamford, «The NSA is building the country’s biggest spy center », Wired, San Francisco, avril 2012.
(4) Herbert I. Schiller, «Libre circulation de l’information et domination mondiale », Le Monde diplomatique, septembre 1975.
(5) Dwayne Winseck, «Big new global threat to the Internet or paper tiger : The ITU and global Internet regulation », 10 juin 2012, http://dwmw.wordpress.com
(6) Harold Kwalwasser, « Internet governance », dans Franklin D. Kramer, Stuart H. Starr et Larry Wentz (sous la dir. de), Cyberpower and National Security, National Defense University Press - Potomac Press, Washington-Dulles (Virginie), 2009.
(7) Milton L. Mueller, Networks and States : The Global Politics of Internet Governance, The MIT Press, Cambridge (Massachusetts), 2010.
(8) L. Gordon Crovitz, «America’s first big digital defeat », The Wall Street Journal, New York, 17 décembre 2012.

Dan Schiller
Professeur de sciences de l’information et des bibliothèques à l’université de l’Illinois à Urbana-Champaign.

Saturday, January 26, 2013

Je n’avais pas signé pour ce journalisme

Source : http://www.acrimed.org
17/01/2013
english

Nous publions ci-dessous, avec l’autorisation de son auteur - qu’il en soit remercié -, un article initialement paru sur son blog, "Journalisme web for the win". (Acrimed)
XXI affirme, dans un manifeste publié mercredi 9 janvier, qu’”un autre journalisme” est possible. “Il est possible de refonder une presse post-Internet conçue pour les lecteurs, et non à partir des annonceurs”. Ce manifeste a lancé une énième polémique sur la presse web contre la presse papier. Seulement, les gens qui en parlent le plus n’ont pas passé toute leur carrière sur le web. Moi, si. Alors, avant de rejouer la querelle des Anciens et des Modernes, il serait bon de se pencher sur ce qu’est réellement le journalisme web. Voici comment nous travaillons VRAIMENT tous les jours.

Planté derrière mon écran

Aujourd’hui, j’en ai ras-le-bol d’être planté derrière mon écran. Mais je ne vais pas démissionner. Parce que j’aime internet et que je suis persuadé qu’on peut faire mieux que ce que l’on fait actuellement. Mais également, de manière plus cynique, parce que si j’avais le malheur de vouloir évoluer, on n’hésiterait pas à me dire qu’il fait froid dehors. Le marché du travail, ce n’est pas la fête quand on est journaliste ces jours-ci.
Quand je suis entré en école de journalisme, j’avais l’espoir de devenir grand reporter, de filmer les guerres. Nous étions plusieurs à dire ça… des rêves de gosses. Bien vite, ceux qui assuraient notre formation – des journalistes avec des années et des années d’expérience – nous ont expliqué qu’il y avait peu d’élus : “ll faut être passionné.”. Et chaque année, avec environ 40 personnes diplômées dans les 13 écoles reconnues par la profession, ce sont plus de 400 journalistes qui entrent sur le marché du travail.

À ma sortie de l’école, tout le monde ne parlait que de web ; les médias se lançaient sans toujours savoir ce que ça pourrait leur rapporter. C’était soit “l’avenir”, soit le “tout-à-l’égout de la démocratie”. Des médias ont investi très tôt dans le web : Le Monde se dote d’un site en décembre 1995, le New York Times en 1996 et des sites ouvrent encore aujourd’hui : Bfmtv.com, Francetv info ou Le Huffington Post.

Tout d’abord, n’oublions pas que le web, pour les sites de presse, a longtemps été un placard. Créer des rédactions web avec des gens qui n’y connaissent rien ou n’y croyaient pas, fallait déjà gérer ça. Cela dit, pour une récente génération de journalistes – dont je fais partie –, il a au contraire été une aubaine : des postes ont rapidement été créés dans des rédactions historiques (Le Monde, Le Figaro, Le Nouvel Observateur, L’Équipe), qui semblaient auparavant inaccessibles à de jeunes journalistes. Et de nouvelles rédactions se sont constituées avec le fonctionnement de start-up : les “pure-player” allaient laisser entrer un peu d’air frais avec le savoir-faire de journalistes issus de la presse écrite. Cinq ans après sa création, Rue89, pure-player lancé par des anciens de Libé, vient d’être racheté par Le Nouvel Observateur. Non sans quelques pressions.

Or, que se passe-t-il aujourd’hui dans les rédactions web ? Plus de dix ans après la création des sites de presse, pas mal de journalistes web en ont marre du boulot qu’ils effectuent chaque jour. Et pourtant, ils aiment internet.

Alors oui, les effectifs des rédacs sont beaucoup plus importants qu’il y a quelques années, allant, pour certaines, jusqu’à près de 70 personnes (LeMonde.fr, LeFigaro.fr). Les reportages sont plus fréquents qu’avant, et certains journalistes web arrivent parfois à travailler pour la version papier du quotidien ou du magazine ; chose impensable il y a encore cinq ans.

Vous ne me ferez pas dire “c’était mieux avant”. Mon but n’est pas non plus de travailler pour un mook : j’aime trop le web pour ça. Écrire pour le papier ne devrait pas être une fin en soi (même si on y fait des choses bien). Mais disposer de plus de temps pour écrire et enquêter comme nos collègues des journaux, c’est une libération ! Les conditions sont donc loin d’être ce qu’elles étaient au début, quand le web n’était qu’un truc de nerds, ou le fameux placard. Le bi-média et les fusions de rédactions sont de plus en plus encouragés.

Problème : où est le fric ?

Aujourd’hui, la presse en ligne n’a pas vraiment trouvé son modèle économique. Et ça commence à faire un moment qu’elle le cherche, maintenant. Au point que certains éditeurs de presse veulent créer un “droit voisin numérique” (ou taxe Google) qui consiste à demander de l’argent au géant américain en échange des liens vers les articles des sites d’info qui nourrissent le moteur de recherche. Faire payer des liens, mouahahahaha. Faites d’abord payer à Google des impôts sur leurs bénéfices en France, et après on voit.

“Et si la ‘conversion numérique’ était un piège mortel pour les journaux ?” se demande XXI. Il n’y a pas de piège mais bien des investissements indispensables (comme le souligne Pierre Haski de Rue89 en réponse à XXI) pour un modèle qui ne se trouve pas. “La presse sans numérique, ce n’est pas un débat, c’est une erreur factuelle”, dit même Johan Hufnagel, co-fondateur de Slate.fr.

Les chiffres, le clic

La plupart des sites d’infos généralistes recherchent le clic car les revenus publicitaires dépendent de cela. LE CLIC ET LES CHIFFRES, LES CHIFFRES, LES CHIFFRES. Or la pub est à des prix tellement bas sur internet que la plupart de ces sites ne sont même pas à l’équilibre. Mediapart s’est distingué en mettant en place des abonnements, le New York Times a créé un “mur payant” (une limite de papiers après laquelle il faut payer) et Buzzfeed, le modèle qui a notamment inspiré Melty et Minutebuzz, aide les marques à “parler le langage du web” pour gagner de l’argent.

J’ai de l’estime pour le travail des journalistes de Mediapart, mais hormis pour quelques infographies et expériences de data journalisme, font-ils du véritablement du journalisme web ? Ne font-ils pas plutôt du journalisme papier diffusé sur le web ?

Un journaliste web d’un site d’info généraliste traite et enrichit de la dépêche, et publie entre 1 et 7 papiers par jour : il est là pour produire toujours plus de contenus. Seulement, laissez-moi vous dire qu’après avoir édité quatre dépêches, rédigé trois articles à partir de liens (“vigies“, “lu, vu, entendu“, “vus sur le web”) et torché un papier en deux heures, on a pas toujours le sentiment d’apporter une information originale au lecteur. Surtout quand tous les concurrents ont la MÊME info. Les rédactions où l’on vous donne le temps d’enquêter sont de plus en plus rares : Mediapart le fait, Rue89 a mis en place un pôle investigation, Le Monde a les moyens pour laisser travailler les journalistes et les effectifs grandissants permettent de partir en reportage.

Tout le monde publie le même papier

Mais du point de vue d’un lecteur qui ne saurait pas comment fonctionne un média en ligne, il est possible qu’il ait régulièrement l’impression de lire le même papier s’il se rend sur L’Express.fr, LeMonde.fr, le Nouvelobs.com, le Figaro.fr ou 20minutes.fr (lire ces articles à propos de Jérôme Cahuzac : , , , , ), pour la simple et bonne raison que beaucoup de sites (Le Point, 20minutes.fr, le Nouvelobs.com) publient les dépêches des principales agences de presse brutes, sans editing et signées par l’AFP ou Reuters.

Ces agences alimentent la plupart des sites pour les infos les plus chaudes. Chaque site se dote ensuite d’éditeurs et de “Front page editor” pour enrichir et éventuellement valoriser en une ces dépêches. Ces journalistes hyper-réactifs éditent plus vite que leur ombre, apprennent aussi à faire du copier-coller comme personne, font de la veille, traitent et relisent de l’info à toute allure. À se demander si les journalistes qui sont le plus publiés sur le web ne sont pas au fond les agenciers.

GOOGLE : le grand méchant qu’on drague

Google a changé le journalisme sur Internet : les sites dépendent pour beaucoup du trafic et savent que la plus grande part de leur audience vient du moteur de recherche. L’important est ainsi de titrer un papier avec les bons mots-clés, de publier des articles qui sont susceptibles d’être référencés par Google, et d’être repéré par l’algorithme qui mettra un article dans la page Google actualités (et le plus haut possible sur la page).

Le fonds de commerce des fermes de contenu ? La production de titres avec des contenus pauvres derrière. Cela fait baver les rédacs-chef qui ont des contraintes de résultats chiffrés. Paradoxalement, les éditeurs continuent quand même à demander de l’argent à Google alors qu’il font tout pour draguer ses robots qui référencent leurs papiers habilement titrés.

kristen-stewart-seins-nus-consulte-son-iphone-5-qui-merde-à-cause-de-Free.html

“Il faut que les journalistes arrêtent de s’accrocher à leur carte de presse. Il n’y a pas qu’eux qui pourraient faire ce qu’ils font”, n’hésite donc pas à lancer un directeur de médias si un journaliste a le malheur de la ramener et de souligner ce fonctionnement aliénant : “Dans la vie, je suis éditeur de dépêche de journalistes à l’AFP, créateur de liens hypertexte et d’url magiques du genre kristen-stewart-seins-nus-consulte-son-iphone-5-qui-merde-à-cause-de-Free.html” (CLIC, CLIC, CLIC, CLIC).

La ligne éditoriale est directement modifiée par Google, faut pas déconner : certains articles n’existeraient pas sans l’injonction de ces mots qu’il faut avoir à tout prix sur son site. Et il est de plus en plus fréquent que les personnes du service marketing suggèrent des “idées” aux rédacteurs en chef. Si vous avez déjà fait 12 papiers sur un sujet qui clique, le lendemain on va vous demander d’en faire un 13e même s’il n’y a qu’une ligne d’info à ajouter. Mais il faut un titre.

Et c’est assumé dans les rédacs : vous “écrivez pour être lu”. (C’est vrai que mon but dans la vie était de n’être lu que par ma mère. No shit sherlock). L’accès aux statistiques du site est donné aux journalistes. Surveiller sans cesse l’article le plus lu sur le site à la minute près est encouragé, via des outils comme Xiti ou Chartbeat. Plutôt que d’être félicité par un rédac-chef parce que mon papier a été beaucoup lu (des gens lisent tous les jours, merci chef), je préfèrerais plutôt être félicité parce que j’ai bien enquêté (sans que les deux ne soient incompatibles).

Le modèle économique semble donc tellement difficile à trouver qu’on se demande où les sites de presse vont s’arrêter avant de devenir des fermes de contenus. Certains de ces rédac-chefs lorgnent sur Melty, un site qui est tout sauf journalistique, mais qui draine un trafic important. Newsring, site de débats lancé fin 2011, évolue clairement dans ce sens, en sollicitant les internautes pour les faire réagir sur des sujets d’actualité. Ce témoignage d’une pigiste est assez édifiant quant au nombre de réactions demandées. Le problème, c’est que les lecteurs ne sont pas forcément intéressés par ce que les autres internautes ont à dire sur des sujets tels que : “Palestiniens, Israéliens, qui a raison ?

Les réseaux sociaux ont aussi modifié la journée d’un journaliste web : il faut être en veille permanente. Certes, ces outils sont utiles, ce sont des sources inépuisables d’infos et je suis bien content d’y passer du temps, mais les formats qui en découlent le sont-ils tous ?

La revue de tweets, l’arme du paresseux

La revue de web – comme la revue de presse avant elle – est aujourd’hui le format facile employé par certaines rédactions pour évoquer des sujets qu’elles ne savent pas vraiment comment traiter. Car le bon journaliste web est celui qui sait repérer un bon buzz qui monte. C’est celui qui mettra moins de temps que les autres à publier un papier de 500 signes, en insérant trois tweets et une capture plus vite que ses confrères. Quatre heures plus tard, tout le monde a fait le même papier avec les mêmes tweets, de Melty.fr au Nouvelobs.com. Et les rédactions qui ont assez d’effectifs auront laissé d’autres journalistes travailler sur des angles plus précis.

Slate.fr s’est distingué des autres en prenant le parti dès le début de faire du long avec des angles originaux, différents de ceux de ses concurrents : l’affaire Bettencourt via le faux facebook d’Eric Woerth n’est qu’un exemple parmi d’autres. Pendant les campagnes présidentielles française et américaine, ils multiplient pourtant les lives et les brèves et se rapprochent de ce que fait la concurrence.

Je ne veux pas travailler pour un mook ou ne faire que des webdocs

Il y a quelques années, le webdocumentaire et les diaporamas sonores étaient présentés partout comme “l’avenir”, le moyen de faire du terrain et de mixer sons, photos, vidéos : c’était prétendument le format qui utiliserait toutes les possibilités d’internet.

Les webdocumentaires existent toujours, se développent et sont diffusés sur des sites de médias, mais ils ne sont pas l’eldorado attendu (sauf ceux diffusés par ARTE peut-être, Prison Valley a été diffusé sur la chaîne après diffusion sur sa plateforme web – une première – et a reçu de nombreux prix). Les responsables des sites de presse ont compris que ce n’était pas ce qui allait attirer un lectorat avide d’une info à consommer rapidement.

J’aimerais faire des webdocs, mais il n’y a pas que ça pour produire de l’info sur internet. Nous ne sommes pas victimes de quoi que ce soit, nous ne sommes pas non plus des “forçats de l’info“ : nous sommes arrivés sur le marché du travail au moment où le développement du web s’est fait tout azimut. Chaque étudiant pouvait ouvrir un blog et publier ses papiers, faire connaître son talent, travailler.

Mais aller sur le terrain (même à une fête de centre de loisirs à Clermont-Ferrand pour La Montagne), c’est aussi comme ça qu’on apprend le métier, et pas forcément en éditant 5 papiers d’un journaliste de l’AFP. Le web nous a aussi apporté beaucoup de données. Les analyser prend du temps mais donne des enquêtes intéressantes.

Et, pour motiver les troupes qui s’éclatent au quotidien, les contrats sont toujours plus précaires et les stagiaires occupent parfois des postes qui devraient faire l’objet de CDD ou CDI. C’est bien utile dans les rédactions web qui publient de plus en plus d’articles et qui ont besoin de petites mains.

Des échos que j’ai ici ou là, ce n’est pas plus réjouissant pour les pigistes qui ne trouvent pas autant de piges qu’à une époque. Les contrats sont de plus en plus précaires (comme dans les autres médias : France Télévisions et ses 320 CDD, Patrick Le Lay condamné pour abus de CDD chez TF1, et cela ne concerne pas que les rédactions). Une dizaine de journalistes devraient quitter La Tribune en janvier 2013, un plan de départs volontaires est prévu au Figaro en 2013, et l’agence de presse Sipa news a été mise en liquidation judiciaire. En Angleterre, le constat n’est pas plus réjouissant : 68 postes devraient être supprimés au Guardian en Angleterre.

Je connais peu de journalistes web ayant commencé il y a 5, 6 ans qui ne soient pas déçus par certains aspects de leur boulot. Certains ont quitté le web, d’autres ont déjà quitté le journalisme. Ok, tout n’était pas stimulant non plus pour les journalistes en presse régionale ou de certaines radios il y a 20 ans. Éric Mettout (à L’Express) l’avait souligné quand Xavier Ternisien évoquait les “forçats” pour qualifier les journalistes web dans Le Monde en 2009.

Journalisme open bar

La logique cynique du clic et de la production de contenu ne s’arrête pas là. Pour multiplier les articles et donc le contenu, et donc le clic (LES CHIFFRES), le journalisme citoyen ou participatif a bien aidé les rédactions. Sous couvert d’une ouverture des rédactions aux lecteurs, aux internautes, les médias ont compris que laisser la parole aux internautes permet d’apporter toujours plus de contenus : commentaires, photos, vidéos, billets de blogs, contributions. Un internaute qui commente est un internaute qui revient et donc qui clique. Un journaliste, un expert pourront aussi contribuer ponctuellement et gratuitement, on leur dira que “c’est bon pour leur visibilité” (et LES CHIFFRES du site aussi). Newsring a les ambitions d’audience de sites comme PurePeople (ils font tous les deux partie du groupe Webedia). Le Plus, et feu Le Post avant lui, sont lancés pour aider un média existant en traitant des sujets plus buzz que LeMonde.fr et Le Nouvelobs.com.

Jusqu’au dérapage : le jour où Jean Dujardin meurt (mais en fait non) selon Le Post.fr (en non vérifié). Et Le Plus publie un billet à propos d’une publicité évoquant “cette grosse qui remue me révulse” après une campagne très débattue sur le web. Deux articles, parmi d’autres, qui seront supprimés après publication.

Peut-on être bien relu en 5 minutes ?

Le web s’escrime donc à essayer de faire de la quantité en essayant de conserver la qualité. Peut-on faire un bon article de 3000 signes en une heure ? Peut-il être bien relu en cinq minutes ?

J’aime être journaliste. Ce métier est en train d’évoluer et ça m’éclate d’assister à ça. Mais bordel, j’en ai marre que beaucoup de rédactions publient des papiers qui se ressemblent, que les journalistes restent derrière leur ordinateur, rivés à leur bureau, qu’il n’y ait pas d’argent pour le web, que les idées soient développées timidement et que la seule chose qui compte soit les chiffres, la quantité, peu importe le contenu publié, “ça buzze sur les réseaux”.

Oui, il faut des chiffres, une audience (c’est aussi valable pour le papier, la radio, la télé) mais pour l’instant ce n’est pas ce modèle qui a permis aux sites de gagner ce qui leur permettrait de survivre. Contrôler les audiences web à la minute, c’est plus contraignant que de lire les chiffres de vente des quotidiens et des magazines. Avoir les yeux rivés sur les stats, c’est le boulot des “traffic manager”. J’imagine que ça doit rassurer les investisseurs de savoir que leur site web est dans le top 3 des plus visités.

Je me demande donc s’il est possible de faire un journalisme qui exploiterait véritablement ce média qu’est l’internet et qui n’en ferait pas qu’un simple canal. Les lecteurs sont déçus de lire la même chose, de lire des papiers pas écrits, pas adaptés au web. Johan Hufnagel (Slate.fr) affirme même que “l’innovation journalistique n’existe pas sur le web” (on n’est pas dans la merde). Des pistes de formats qui exploitent le web, il y en a , , , , et beaucoup d’autres aussi, auxquelles on a pas encore pensé. Le responsable actu et web social chez Google explique qu’il ne faut pas se concentrer sur l’innovation mais la transformation du modèle. Ouais, faisons-ça, transformons. Explosons le mode de fonctionnement des rédacs web. Des fantasmes de journaliste en début de carrière sûrement…

Et pas la peine de vouloir partir : “il fait froid dehors”. Allez, je vous laisse, j’ai une dépêche à éditer.

Neutralité du Net : Neelie Kroes cède sous la pression des opérateurs

Source : http://www.laquadrature.net
17/01/2013
Dans une tribune à Libération, Neelie Kroes, commissaire européenne chargée du numérique, cède sous la pression des lobbies des opérateurs, en abandonnant la neutralité du Net. Mme Kroes invite à la création d'un Internet à la découpe, interdisant toute innovation et ouvrant la voie à des censures inacceptables.
 
Selon Neelie Kroes : « [...] l’intérêt public ne s’oppose cependant pas à ce que les consommateurs s’abonnent à des offres internet limitées, plus différenciées, éventuellement pour un prix moins élevé ». En ignorant volontairement que de telles offres ne changeraient quasiment rien en terme de coût pour les opérateurs en Europe1, mais leur permettraient d'éviter d'investir dans le développement du réseau tout en restreignant les capacités de participation des citoyens, Neelie Kroes ne prend en compte que des intérêts privés, à court-terme et contraires à l'intérêt général.

Lorsque les libertés fondamentales, l'innovation et la concurrence sont menacées (comme le démontre le BEREC, le régulateur européen, dans son étude sur les restrictions d'accès Internet imposées par les opérateurs télécoms, entre 20 et 50% des citoyens seraient soumis à de telles restrictions2), invoquer le marché ne suffit pas. Ce discours pseudo-libéral, instrumentalisant la protection de l'enfance et de la vie privée, vise uniquement à tenter de masquer - sans succès - le fait que Neelie Kroes cède devant les opérateurs et choisisse l'inaction.

Il est urgent que les représentants de la Commission européenne prennent des mesures fermes pour empêcher les opérateurs télécoms de contrôler ou censurer les contenus, services et applications, afin de protéger les libertés fondamentales des citoyens3. Seul l'utilisateur, au bout du réseau, doit pouvoir choisir les limites de son accès par l'utilisation d'un contrôle parental, de bloqueurs de publicité, ou tout outil de son choix.

« En défendant ainsi les opérateurs, Neelie Kroes renonce à défendre l'intérêt général et les citoyens, qui doivent continuer à se battre pour défendre un Internet universel permettant l'innovation et la participation démocratique. La neutralité du Net n'est pas une question de marché, mais avant tout une question de libertés fondamentales » tempête Benjamin Sonntag, co-fondateur de l'organisation citoyenne La Quadrature du Net.


Pour plus d'informations et en discuter, vous pouvez vous rendre sur notre forum.

Saturday, November 3, 2012

Netizen Report : Situation mondiale, et réglementation d'Internet au Malawi et en Zambie

Par Netizen Report Team · Traduit par Abdoulaye Bah
30/10/2012
Source : http://fr.globalvoicesonline.org

English · Netizen Report: Malawi & Zambia Regulation Edition

Ce rapport a été élaboré, écrit et édité par Alex Laverty, Weiping Li, Chan Myae Khine, Renata Avila, Sarah Myers, et Rebecca MacKinnon.


(Liens en anglais sauf mention contraire) Cette semaine, la Zambie et le Malawi ont décidé de réglementer la liberté d'expression en ligne en cherchant à censurer et museler les médias sur leur territoire. Il reste à voir s'il s'agit d'un exemple de la crise de croissance de la démocratisation en Afrique australe ou d'une tendance croissante vers l'autoritarisme en réseau - une nouvelle forme de gouvernance autoritaire qui est capable de s'adapter et de survivre dans un monde placé en réseau international.

En Zambie, l'Administration du Président Sata a interdit le site d'informations en ligne Zambian Watchdog (chien de garde zambien), affirmant que le média favorise la propagande haineuse. La pression a été croissante tout le mois : l'ONG des médias régionale, l'Institut des médias d'Afrique australe, a lancé une alerte le 5 octobre mettant en garde contre l'érosion de la liberté d'Internet dans le pays.

Au Malawi, malgré une transition en douceur du pouvoir présidentiel plus tôt cette année après la mort du président Mutharika, le journaliste Justice Mponda a été arrêté sur la base d'accusations de diffamation peu de temps après qu'une nouvelle proposition a été présentée en ligne au Parlement. Voir l'article de Global Voices pour plus de détails sur cette arrestation ; Mponda a depuis été libéré sous caution. Surnommé le E-Bill, le projet de loi a été présenté par le gouvernement comme un moyen de gérer le développement et le déploiement des TIC dans le pays. Cependant les critiques font valoir que le projet de loi menace des droits constitutionnels fondamentaux, notamment la liberté d'expression et celle de la presse. Plus de détails sur l'e-loi sont disponibles ici et ici.

Censure

Le magasine britannique New Statesman a publié un numéro en chinois coordonné par le célèbre dissident chinois Ai Weiwei. Ce numéro comprend plusieurs articles sur des sujets sensibles interdits dans les médias chinois. Pour éviter la censure, le magazine est en format numérique et peut être téléchargé en format PDF à partir du site Web de partage de fichiers Dropbox.

Des utilisateurs en Chine et à Hong Kong ont rapporté que le célèbre service de messagerie pour téléphone portable WeChat, un produit de la société chinoise Tencent, avait censuré [en chinois] les mots-clés sensibles tel que le nom du leader politique récemment évincé “Bo Xilai.” Le service de l'application affiche un message disant aux utilisateurs “modifiez votre texte avant d'envoyer votre message” lorsque leurs messages contiennent des mots censurés.

Brutalité

Quatre Bahreïnis utilisateurs de Twitter Ali Al-Haiki, Abdullah Al-Hashimi, Ali Mohamed et Abdullah Salman ont été arrêtés pour avoir “calomnié des personnalités publiques dans les médias sociaux.”
En Turquie, le pianiste et compositeur Fazil Say a également été accusé d'outrage aux valeurs religieuses à travers ses tweets. Say a été traduit en justice le 1er Juin.


Surveillance


Comme les médias sociaux sont devenus populaires parmi les jeunes Ougandais, le chef de la police du pays a insisté pour davantage de surveillance afin d'empêcher la diffusion d'information “dangereuses”.
Le gouvernement pakistanais a ordonné aux télécommunications du pays qui fournissent des services d'installer du matériel de surveillance pour contrôler le courrier électronique et les communications vocales en provenance de l'étranger.

Le gouvernement néerlandais a proposé une loi visant à accorder à la police le pouvoir d'installer des logiciels espions pour détecter et détruire des fichiers dans les ordinateurs, y compris ceux situés dans d'autres pays.

La semaine dernière a vu le lancement d'une nouvelle application mobile de cryptage des communications, Silent Circle. Elle est conçue pour les utilisateurs de données pour sécuriser les communications et contrer les demandes croissantes de la part des gouvernements. Elle est maintenant disponible sur le marché. Ce service limitera les données qu'il stocke et promet de publier un rapport de transparence sur les demandes qu'il reçoit des autorités responsables de l'application des lois.

Protection de la vie privée

Un panel nommé par le gouvernement de l'Inde a proposé le Privacy Act, une nouvelle loi sur la protection des personnes élaborant des lignes directrices relatives à l'interception, l'utilisation et le stockage des données.

La Cour suprême du Canada a statué que les employés devraient avoir un droit raisonnable d'utilisation privée des ordinateurs de bureau, lors d'un procès entre une école et un membre du personnel qui aurait copié des photos des élèves nus sur son ordinateur.

AdWeek a découvert la semaine dernière que Facebook proposait un service aux utilisateurs “prioritaires”, à travers lequel certaines entreprises peuvent avoir accès à un outil qui recueille les données relatives à d'autres pages “aimées” par leurs fans.

Verizon peut utiliser les données personnelles des utilisateurs pour des fins liées à la commercialisation, selon sa nouvelle politique de confidentialité. Bien qu'il puisse être désactivé à tout moment, l'Electronic Frontier Foundation a déclaré qu'un tel usage des données des clients pouvait être considéré contraire à la Wiretap Act, la loi sur l'écoute électronique.

Politique nationale

Le Parlement européen a approuvé une loi plus stricte sur le contrôle des exportations des “armes numériques” - des technologies qui sont utilisées par des régimes autoritaires pour contrôler, suivre et retracer les citoyens.

À Singapour, un chercheur de l'ASEAN pourrait être inculpé pour le téléchargement de photos et de vidéos explicites de lui-même et de sa petite amie sur son blog, selon Channel News Asia (Canal Nouvelle Asie).
L'utilisation de Viber et d'autres services de VOIP via les téléphones portables pourrait être interdite au Myanmar en raison de l'absence de contrats entre le ministère et les utilisateurs, selon un ingénieur du ministère des télécommunications du Myanmar.


Droits d'auteur


Les principaux fournisseurs d'accès à Internet des États-Unis, y compris AT & T, Verizon et Comcast vont mettre en place un système d'alerte pour les droits d'auteur appelé des “six-coups” en novembre. Selon des informations révélées par le Center for Copyright Information (Centre d'information du droit d'auteur (CCI)), les fournisseurs de services Internet alerteront d'abord les utilisateurs qui ont téléchargé des fichiers violant des droits d'auteurs. Si les utilisateurs ignorent l'alerte, les fournisseurs de services Internet vont ralentir la vitesse d'Internet et les diriger vers un programme de tutorat en ligne. La divulgation d'un document interne d'AT & T obtenu par le blog d'informations de BitTorrent de TorrentFreak a révélé que les propriétaires de contenus peuvent engager des poursuites contre les utilisateurs après le cinquième avertissement.

Selon les résultats d'un “Sondage sur la culture” de l'American Assembly, les internautes aux États-Unis et en Allemagne achètent plus de contenus musicaux que ceux qui n'utilisent pas les réseaux de partage de fichiers.
Une affaire de partage de fichiers considéré illégal d'un étudiant a été retirée sans raison précisée par la Recording Industry Association of New Zealand (l'association néozélandaise de l'industrie des enregistrements), qui avait demandé des sanctions de NZ $ 2.699.25 (US $ 2.223.38). Cela aurait été l'un des premiers cas de partage illégal de fichiers porté en justice pour infraction au droit d'auteur.

Le site suédois de partage de fichiers Pirate Bay a transféré son service dans le “cloud”, en espérant que cette initiative permettra de réduire les coûts et de rendre les opérations de contrôle de la police plus difficiles.

Souveraineté du cyberespace

Les éditeurs français de journaux ont plaidé en faveur d'une loi pour faire payer aux moteurs de recherche les contenus multimédia montrés dans les résultats de recherche. Google a répondu dans une lettre au gouvernement français que ses résultats de recherche ont permis de réorienter 4 milliards de clics sur les sites web des médias, et il ferait plutôt retirer ces sites de médias des résultats de recherche que de payer pour les montrer.

Un scénario similaire se joue au Brésil. Depuis l'année dernière, 154 journaux, représentant plus de 90% de la circulation totale des journaux du Brésil, ont mis fin à leur coopération avec Google News (Google Actualités) après que le moteur de recherche géant eut refusé de payer le droit d'utiliser leurs titres.
 

Gouvernance d'Internet


L'ICANN a lancé un nouveau site Web myICANN.org pour fournir aux intervenants de l'information sur l'ICANN et ses outils de collaboration pour la communauté.

Le Center for Democracy and Technology (Centre pour la démocratie et la technologie) explique dans ce document comment les révisions proposées du Règlement des télécommunications internationales (RTI), qui pourraient faire objet de discussions lors de la Conférence mondiale sur les télécommunications internationales (CMTI) en décembre, comporteraient un impact négatif sur l'Internet mettant encore plus en péril le développement économique mondial.  


Cybersécurité

Des pirates informatiques inconnus ont pris pour cible le vote en ligne du “Conseil de coordination” de l'opposition russe où des opposants au Kremlin élisent leurs dirigeants. Les candidats à l'élection affirment que le Kremlin était derrière l'attaque.

Cyber-Activisme


Des journalistes du Tadjikistan ont organisé une campagne contre la censure appelé “100 jours pour la liberté sur Internet sur TajNet” condamnant le blocage des sites en ligne tels que YouTube et la BBC.

Le co-fondateur et coordonnateur d'une communauté de cartographie en direct appelée Standby Task Force, Jaroslav Valuch, a expliqué les tendances et les défis pour les militants des nouveaux médias.

Les partis pirates européens ont marqué une nouvelle victoire dans une élection nationale: Libor Michálek a été élu premier sénateur du Parti Pirate en République tchèque.

Les internautes du Costa Rica ont largement discuté d'une loi sur la cybercriminalité controversée qui criminalise les fuites en ligne d'informations politiques, punit ceux qui usurpent l'identité d'autres personnes sur Internet, et fait de la “diffusion de fausses nouvelles” un crime. La société civile locale a demandé à avoir un entretien avec le gouvernement et a téclamé la révision de la loi.

Développements positifs


Google permet désormais aux utilisateurs d'exposer les détails sur les pots-de-vin qu'ils ont payés en utilisant Google Maps Street View et une galerie photos.

Les utilisateurs anonymes en Russie peuvent désormais soumettre les détails de pots de vin qu'ils ont payé à l'aide d'une nouvelle appli iPhone / iPad appelée Bribr qui sert à afficher les statistiques des pots-de-vin versés ou reçus.

Le Tech Challenge for Atrocity Prevention (Défi technique pour la prévention des atrocités) offrira un “prix en argent pouvant atteindre 10.000 $ aux développeurs de documents et de prototypes innovants apportant des solutions pouvant aider à prévenir les atrocités de masse.”


Publications et études
Pour les événements à venir concernant l'avenir des droits des citoyens à l'ère numérique, voir le calendrier des événements Global Voices.

Creative Commons License

Wednesday, October 24, 2012

Le cyberespace est-il « espace » ? Des approches changeantes…

 Par Cidris
 17/10/2012
Source : http://alliancegeostrategique.org

english version


 
(l’image renvoie à un blog dont l’article est : Le cyberespace est-il infini ?)

L’observateur aguerri des moeurs et des modes d’affrontements sur Internet ou dans le cyberespace ne peut ignorer qu’ il semble se produire récemment des évolutions notables. Ce que l’on appelle parfois des « signaux faibles » semblent apparaître ça et là et nous donnent l’occasion de tracer un panorama de quelques modifications conceptuelles marquantes.


Le discours de Léon Panetta prononcé récemment est ainsi instructif : celui-ci évoque de manière directe à la fois le besoins de maîtriser les aspects offensifs pour mieux les comprendre mais également le fait de disposer d’une capacité déjà fortement structurée. Comme si tout cela concourrait à la mise en place d’une forme de « dissuasion », le patron de la NSA et du Cyber-Command, le Général Keith Alexander évoquait tout aussi récemment le développement de ces capacités.

On retiendra ainsi 3 points qui me paraissent essentiels :

- le discours désormais dénué de « langue de bois » qui décrit l’existence de capacités offensives. Rappelons le contexte législatif problématique du moment où les acteurs sont en attente d’arbitrages au sein des institutions parlementaires avant la nouvelle loi relative à la « cyber-sécurité. Celui-ci n’est pas sans lien car l’avenir et la sécurité des Etats-Unis reposeraient sur ce texte : de tels discours peuvent donc être interprétés comme une forme de « motivation » ;

- bien que généralement l’on repousse la dissuasion comme une forme de stratégie applicable au cyberespace, il est bon de se souvenir que dissuader un acteur de commettre une action ne passe pas forcément par un missile nucléaire. Avertir ou montrer ses muscles est également une partie du processus : chaque enfant dans une cour d’école pourra vous le démontrer. La concomitance de ces discours n’est pas sans lien avec l’affirmation d’une forme de puissance dans ce domaine ;

- enfin, un aspect interpelle dans le discours de M. Panetta : sa confiance dans la capacité des Etats-Unis à localiser les acteurs d’attaques informatiques et de leur appliquer les traitements et punitions liés à leurs actions. Ceci a de quoi interpeller car jusqu’ici, la notion d’invisibilité sur Internet et l’impossibilité d’imputer formellement constituait une donnée structurante. Cette information participe également à la construction d’un discours dissuasif  : « nous savons frapper fort et nous savons qui frapper » ;

Bien évidemment, l’on sait depuis longtemps qu’il est possible de retrouver des responsables d’actes délictueux ou des attaquants informatiques, surtout lorsque les flux sont surveillés. De plus, les moyens utilisés n’étaient pas forcément liées à une quelconque capacité informatique mais aux bonnes vieilles méthodes d’investigation : après tout, le hacker de génie peut être assez démuni et maladroit une fois en possession de son butin. Il demeurait toutefois relativement acquis qu’un attaquant motivé, intelligent et disposant de quelques moyens pouvait assez facilement demeurer dans l’ombre.

C’est pourquoi l’on peut comprendre le discours de plusieurs manière : soit les Etats-Unis disposent d’une capacité révolutionnaire de détection et de localisation qui techniquement laisse un peu dubitatif. Ou bien, et c’est plus crédible, une intense mobilisation des acteurs ayant la capacité à acquérir, traiter et utiliser l’information a été mise en oeuvre. Cette capacité pourra être à la fois humaine et électronique et fournir justement des moyens croisés pour identifier des attaquants. Ce que n’évoque pas le discours, c’est l’échelle de temps : les « représailles » pourraient alors avoir lieu bien plus tard.

Mais l’évolution ne s’arrête pas là. Après avoir insisté sur la nature « géographique » et spatiale du..cyberespace, il semble que cela ne suffise plus. On ne compte plus aujourd’hui les articles, mémoires et autres opinions faisant d’Internet un nouvel espace de bataille, à l’égal des autres (sans doute aussi sur ce blog).

On prédisait même une évolution du domaine comme on a pu le voir sur mer puis dans les airs. C’était oublier une donnée fondamentale : air, mer ou terre sont des données fortement exogènes à l’homme. Les propriétés physique des espaces aériens et maritimes sont des données constantes et stables , pré-existantes à l’humain.

A contrario, Internet ou le « cyberespace » est un espace construit, non seulement physiquement et techniquement par l’homme. Il est également construit car on a souhaité lui donner du sens et des particularisme, le qualifier et identifier des caractéristiques. Il demeure pourtant un « espace » instable, mouvant et très évolutif sous les pressions conjuguées des technologies et des usages.

Ainsi, le très célèbre M. Libicki produit-il un récent article dont le titre suffit : « Cyberspace Is Not a Warfighting Domain » !…et l’on trouve dans la citation d’introduction des réflexions parallèles à celles évoquées plus haut.

Autre élément : une publication évoquait dernièrement les difficultés rencontrées par l’Air Force dans l’usage de la définition du cyberespace. Pour les non-familiers, il est bon de rappeler que cette composante de l’armée américaine avait rajouté le cyberespace dans sa devise qui incluait l’air, l’espace et bientôt le cyber ! C’est dire si la confusion jouait déjà à plein.

Aujourd’hui, cette approche, matérialisée dans une doctrine semble poser de nombreux problèmes notamment au niveau des moyens à mettre en oeuvre obligeant ainsi les responsables à faire évoluer leur vision.

C’est ainsi : le cyberespace qui était autrefois Internet se modifie. Il n’est pas constant, il n’est pas « fini » et peut évoluer de mille manières. Sa compréhension technique est un atout indispensable à l’analyste qui devra aussi saisir la notion d’usage et l’inter-pénétration avec la société. En matière stratégique, il doit visiblement être redéfini : c’est un besoin qui semble impératif à plusieurs acteurs et qui devra être attentivement suivi.


Source :
dans le texte

Sunday, October 14, 2012

Le tout-gratuit est-il vraiment une fatalité à l’ère du numérique ?

Sophie Boudet Dalbin
Le 29/09/2012
Source : http://www.pcinpact.com

English Version

  • 1. Introduction
  • 2. 1 - L’économie du don ne date pas d’hier
  • 3. L'argent, la motivation et culture comme un lien
  • 4. 2 - La gratuité n’est pas qu’une question de génération
  • 5. La gratuité point de départ du modèle économique
  • 6. Le prix du freemium
  • 7. 3 - L’attention constitue la nouvelle richesse
  • 8. Proposer ce qui ne peut être numérisé
  • 9. Dynamique, communauté et contribution
  • 10. Quelle valeur travail ?
  • 11. Conclusion

 INTRODUCTION

Pour beaucoup, le Net est vécu comme un espace de liberté, d'universalité et de... gratuité. « Les mômes veulent l’instantanéité et on leur a mis dans la tête que ça devait être gratuit » lançait le 21 août dernier au micro de RMC Pierre Lescure, chargé par le Gouvernement d’une mission de concertation sur l’adaptation de l’économie de la culture au monde connecté.

Que « les mômes » souhaitent désormais avoir accès à tout, immédiatement et sans contraintes est un fait. Quoi de plus naturel à l’ère du numérique, avec la baisse considérable des coûts et l’accessibilité accrue des œuvres dématérialisées. Qu’ils soient jeunes ou moins jeunes d’ailleurs. Et certes, la génération élevée au lait d’Internet est habituée à se servir dans les supermarchés du Net. Mais cela ne veut pas forcément dire que le tout-gratuit soit une fatalité.



Qu’on se le dise, les pirates d’aujourd’hui sont les clients de demain. La Commission européenne le soulignait déjà en 2009 dans un communiqué : « Bien que la "génération numérique" paraisse réticente à mettre la main au porte-monnaie pour télécharger ou consulter en ligne des contenus, ils sont en réalité proportionnellement deux fois plus nombreux que le reste de la population à avoir déjà payé pour ce type de service. Ils sont également plus disposés à payer pour obtenir un meilleur service de qualité supérieure ».

Le succès du téléchargement illégal est révélateur de l’appétit du consommateur qui veut avoir accès à tous les contenus, immédiatement, en bonne qualité et simplement. Grâce au piratage, le jeune public peut augmenter considérablement sa consommation culturelle malgré un budget consacré aux loisirs souvent limité. Et à mesure qu’il rentre dans la vie active, il est prêt à payer. Mais pas pour n’importe quoi ! Le problème est que, sur Internet, l’offre illégale est souvent plus simple et plus complète que l’offre légale.

A l’ère de la multiplication des données en ligne, les modèles de rémunération physiques volent en éclat. Dans le sillage du gratuit, l’économie du don, de la contribution se révèle de plus en plus rémunératrice sur Internet. La génération connectée revendique désormais une culture du lien plutôt que du bien. Les industries culturelles doivent alors innover afin d’être en mesure de capter une valeur qui se déplace vers l’attention, la réputation et l’implication de leurs clients.

Au-delà d’une culture de la gratuité, le numérique impulse plutôt l’émergence de nouveaux modèles de création de la valeur. Tandis que les internautes semblent réticents à acheter du contenu en ligne, ils apparaissent en réalité disposés à payer pour obtenir un service de qualité à mesure que l’offre légale se développe. Pour profiter des opportunités de croissance du numérique, les acteurs doivent prendre la mesure des nouvelles attentes afin d’innover et ne plus pénaliser leurs clients.

Alors le gratuit est-il vraiment une question de génération ? Comment le gratuit peut-il créer plutôt que détruire de la valeur pour l’industrie ? Quels sont les mécanismes de l’économie du don, de la contribution ? Quelles stratégies pour capter la nouvelle valeur ? Sommes-nous face à une nouvelle économie ?

 L’économie du don ne date pas d’hier

Pour le journaliste Florent Latrive, auteur de l'ouvrage Du bon usage de la piraterie : « À force de fétichisme comptable, le sens du mot "gratuit" a été perdu. » Il fait la distinction entre fausse gratuité – celle des journaux remplis de publicité, des programmes de télévision rythmés par les réclames, des émissions de radio entrecoupées d’annonces publicitaires – et gratuité réelle : « celle du don, celle de la solidarité et de l’entraide, celle du libre-échange intellectuel et des idées ». Mais ne nous y trompons pas, la gratuité, le don est toutefois rarement désintéressé et peut appeler à contrepartie.

latrive bon usage piraterie

Rien n’est jamais vraiment offert généreusement

Nombreux sont ceux qui pensent que la générosité est au cœur de l’économie du don. Cependant, à y regarder de plus près, les motivations ne sont souvent pas si altruistes. En 1923, l’anthropologue Marcel Mauss, dans son Essai sur le don, étudie la nature des transactions humaines dans les tribus des îles du sud-ouest du Pacifique à l’Alaska et dans les sociétés indoeuropéennes anciennes, en dehors de l’institution qu’est le marché. Il observe que le présent reçu est obligatoirement rendu. Ces échanges qui apparaissent en théorie volontaires sont en réalité obligatoirement faits. Pour préserver sa réputation ou son honneur, « chacun rivalise pour que le cadeau qu’il offre soit plus beau que celui qu’il reçoit ».

Mensonge social chez Mauss, le don apparaît plutôt comme ciment social chez le sociologue Lewis Hyde dans son ouvrage de 1983 sur le don et la créativité artistique. L’auteur place le don au cœur de l’art. Ce don créatif produit des liens, permet d’échanger des sentiments. Mais tout comme Mauss, Hyde observe que le don porte en lui des règles implicites : l’obligation de le faire circuler, de le rendre et l’impossibilité de le posséder. Le don non rendu rend alors inférieur celui qui l’a accepté, surtout quand il est reçu sans esprit de retour.

Attention toutefois à ne pas résumer le don aux cadeaux de Noël et d’anniversaire ou bien aux relations commerciales, de domination et d’alliance. Mauss l’avait bien senti. Après avoir analysé un concept indigène découvert dans la société maorie de Nouvelle-Zélande, il avance que les choses échangées, loin d’être inertes, sont dotées d’un esprit ; « accepter quelque chose de quelqu’un, c’est accepter quelque chose de son essence spirituelle, de son âme ». Le droit d’usage se transmet, alors que la propriété demeure inaliénable. Une analyse qui correspond particulièrement bien à la situation des contenus numériques et à l’échange de fichiers.

On l’observe aujourd’hui, les internautes participent bénévolement, mettent en ligne du contenu gratuitement, créent de la valeur sans forcément attendre de rétribution financière en échange. Cette culture participative en ligne a soudain rendu une certaine économie du don tangible et chiffrable. Étant donné que le coût de distribution d’un contenu dématérialisé est proche de zéro, le partage est devenu une véritable industrie. Il est alors essentiel de bien comprendre les mécanismes qui poussent les clients à apporter leur contribution « bénévolement » – en apparence tout du moins.

L'argent, la motivation et culture comme un lien

L’argent n’est pas la seule motivation à l’heure de l’économie contributive

Plusieurs raisons poussent les internautes à choisir de faire don de leur temps, de leur attention, de leur travail, de leurs réflexions, de leurs contenus, de leur créativité. Bien sûr la motivation monétaire perdure sur Internet. De manière directe, par exemple lorsque Dailymotion propose une rémunération variable pouvant atteindre les 15 000 euros pour les utilisateurs qui participent aux appels à création déposés par les annonceurs. Indirectement aussi, car avec un coût de distribution quasi-nul, le bénéfice financier peut survenir après, grâce à la réputation acquise. Dans son livre Free: The Future of a Radical Price, le désormais célèbre rédacteur en chef du magazine Wired, Chris Anderson explique ainsi qu’il a fait le choix de distribuer ses livres gratuitement sur Internet, en parallèle des versions payantes dans le commerce physique. Il se rémunère ensuite sur ses interventions lors de conférences et à travers ses activités de conseils.

youtube concert

L’argent n’est toutefois pas la seule motivation de la contribution bénévole des internautes. Wikipedia illustre une certaine économie du don altruiste dont l’unique rétribution est d’ordre moral ou de la recherche de visibilité. L’essor de la consommation collaborative renforce le sentiment d’appartenance à une communauté. Un produit devient alors un outil de socialisation. Les contributeurs veulent se former, s’exprimer, s’amuser, échanger, émerger. Les fans sont très actifs en ce sens. Et sans forcément en être conscients, ils créent de la valeur gratuitement. Le téléchargement en peer-to-peer (P2P) participe d’ailleurs de cette mentalité d’échange et de partage.

La culture n’est plus perçue comme un bien mais comme un lien

En ligne, on fonctionne à l’envi. Tout va très vite, tout est à portée de clic. On télécharge les films, la musique, les jeux que l’on a vus à l’affiche, dans un magazine, à la télé, écouté à la radio ou dont on nous a parlé. L’accent est mis sur la personnalisation des services. Les contenus culturels deviennent l’expression de notre identité. Ils deviennent la base d’une nouvelle manière de communiquer, notamment via les médias sociaux. Ainsi, chaque jour, l'équivalent de 150 ans de vidéos YouTube sont regardées sur Facebook (source : WebRankInfo).

Le consommateur devient actif. Il ne s’intéresse plus seulement au produit. Il veut approfondir l’univers de l’artiste. Pour Florent Latrive, devenue bien de consommation, la culture porte en elle des pratiques d’échange, de partage, de remix. Autant de formes d’appropriation créative que les réseaux numériques ont permis de développer de façon fulgurante – mais qui ne sont pratiquement plus reconnues si l’auteur ne peut pas les valider. Le journaliste problématise ainsi en un titre la question du piratage et de l’économie de la culture numérique : « La connaissance, un lien ou un bien ? »

« La propension à rendre le monde meilleur, ajoutée à la distribution au plus grand nombre de nouvelles ressources pour agir, a instauré une nouvelle forme de rapports économiques : non l’échange (marchand), non le don (qui appelle toujours une forme de contre-don différé, et n’est donc pas si éloigné que cela des échanges marchands), mais tout simplement la contribution : "Si tout le monde apporte une petite pierre, pourquoi pas moi ?" » avancent Nicolas Colin et Henri Verdier dans leur récent ouvrage L’âge de la multitude.

De plus en plus d’exemples montrent que l’économie du don ou de la contribution en apparence intangible, est de plus en plus rémunératrice à l’ère du numérique. Pour Chris Anderson, « l’iPod d’Apple, dont toute la valeur vient du fait qu’il puisse contenir des dizaines de milliers de morceaux de musique, n’est vraiment utile que si vous n’avez pas à payer des dizaines de milliers de dollars pour cette librairie musicale. Ce qui est, bien sûr, le cas pour bon nombre de personnes, qui obtiennent leur musique gratuitement d’amis ou en échangeant des fichiers. Donc, combien, sur les quatre milliards de dollars annuels générés par les ventes de l’iPod, sont-ils dus à la gratuité ? ». D’ailleurs, le gratuit est depuis longtemps intégré au sein de modèles économiques éprouvés.
 

La gratuité n’est pas qu’une question de génération


À l’heure d’Internet, comme le souligne Alban Martin dans son ouvrage Et toi tu télécharges ?: « Si la gratuité des biens a toujours existé, dans une logique de don, d’échange ou encore de vente liée, elle prend une toute nouvelle envergure avec la dématérialisation des contenus : certains services deviennent intégralement gratuits, fixant un standard de prix pour un marché entier, composé d’acteurs ne provenant pas tous du monde d’Internet. Que le gratuit soit utilisé pour "vendre" un service, ou bien qu’il soit une composante d’un modèle économique plus large, ce seuil psychologique est aussi attractif qu’il peut être rémunérateur, pour peu qu’on en maîtrise les ressorts… »

alban martin et toi tu télécharges

Analyse psychologique de la valeur gratuite

« La gratuité est un concept, non pas quelque chose que vous pouvez compter sur vos doigts » écrit Chris Anderson. Tout l’enjeu réside alors dans la capacité à penser le prix de façon créative. Dans son livre Free, il décrit un exemple particulièrement édifiant, celui d’une salle de sport au Danemark proposant un abonnement annuel, gratuit, à condition de venir au moins une fois par semaine. Si l’abonné rate une semaine, il doit payer un mois complet au prix fort… D’un point de vue psychologique, ce modèle est remarquable : « Lorsque vous y allez chaque semaine, vous vous sentez vraiment bien avec vous-même et vis-à-vis de la salle de sport. Mais il arrivera un moment où vous finirez par être très pris et raterez une semaine. Vous paierez, mais ne pourrez-vous en prendre qu’à vous-même. Contrairement à la situation habituelle où vous payez pour une salle de sport où vous n’allez pas, votre première réaction n’est pas de résilier votre abonnement, mais plutôt d’intensifier votre engagement. » Notre perception de la gratuité demeure ainsi toute relative et peut être orientée à dessein.

La frontière entre le marchand et le gratuit est par ailleurs très mouvante. « Le pirate est un client qui paie à la recherche d’une raison pour se montrer » souligne le philosophe Jean-Louis Sagot-Duvauroux. Ainsi, pour Joëlle Farchy, spécialiste de l'économie des industries culturelles : « Il faut cesser de se faire peur en laissant croire que le P2P, parce qu’il est gratuit, est un trou noir qui va absorber tout autre mode de distribution. Compte tenu de la concurrence de propositions considérées comme gratuites, l’internaute n’accepte de payer que pour des produits à forte valeur ajoutée. »

Point crucial : la gratuité est en grande partie une illusion. Pour le réalisateur et producteur Jean-Jacques Beineix, « cette idée de gratuité est un mensonge. C’est même un vrai problème de société. La gratuité est une illusion d’optique, un mirage, pratiquement élevé au rang de mode de vie. On est d’ailleurs en train d’en faire un dogme. Malgré les apparences, on est souvent aujourd’hui à l’opposé de la gratuité. De plus en plus, tout est tarifé » (propos recueillis par Cyril Fievet et publiés dans le magazine Netizen de février 2006).

 La gratuité point de départ du modèle économique

Modèles économiques du gratuit

« La gratuité en économie de marché n’existe pas ; elle correspond à des formes de financement indirectes » souligne Joëlle Farchy. Plusieurs stratégies existent pour générer des revenus directs en proposant un bien ou un service gratuitement. Il y a bien sûr le marché non monétaire de type Wikipedia. Le financement croisé direct permet également d’offrir quelque chose pour vendre autre chose ; c’est le cas des opérateurs de téléphonie mobile qui vous offrent le téléphone pour ensuite vous vendre un abonnement.

Vient ensuite le modèle basé sur un marché composé de trois acteurs, typique des médias financés par la publicité, où les annonceurs ne sont pas forcément les seuls à payer pour le contenu. Les industries des médias gagnent ainsi de l’argent grâce au contenu gratuit d’une douzaine de façons différentes, de la vente d’informations sur les consommateurs à celle de licences de marque, d’abonnements enrichis, en passant par le commerce en ligne directe. Et ce modèle publicitaire s’est imposé sur le Net. Il a été adopté avec succès par des poids lourds comme Google ou Yahoo!, qui ont su offrir des services gratuits aux internautes (email, partage de vidéos, moteur de recherche) pour générer des audiences propres à attirer les annonceurs.

Le gratuit pour attirer des audiences monétisables

À l’ère de l’abondance numérique, le coût marginal de distribution d’un contenu est nul. C’est la multiplication des pains en quelque sorte. Baisser le prix au minimum quitte à le proposer gratuitement permet d’éliminer tout frein à l’accès au contenu et d’élargir au maximum la cible potentielle. À l’instar de la bande annonce, mettre en ligne gratuitement les premières minutes ou la totalité d’un film, peut donc se révéler être un excellent outil de marketing viral. Un clip créatif et innovant qui circule sur YouTube est le meilleur moyen de donner envie au public d’acheter le morceau, l’album ou d’aller voir le groupe en concert. « L’enjeu est de trouver le bon format à donner au contenu d’appel, afin de ne pas cannibaliser les ventes de l’œuvre sous d’autres formes ou formats » souligne Alban Martin. Car « tant que l’objectivation d’un talent n’a pas eu lieu, il vaut mieux réduire au maximum les barrières à la découverte du contenu, notamment via de premières prises gratuites ».

Une fois l’attention ou l’intérêt suscité, il est alors essentiel de développer le rebond du gratuit vers le payant à travers les économies de compléments, de produits ou services qui tendent à être consommés ensemble, comme un film en salles et un pot de pop-corn, ou bien l’équipement en home cinema et l’achat de DVD. Les industries du contenu connaissent bien ; cela se traduit par du merchandising, des objets dérivés ou complémentaires.


Le gratuit pour encourager l’adoption la plus large possible des services

La gratuité demeure ainsi le meilleur moyen d’atteindre un marché le plus large possible et d’arriver à une adoption de masse. Cette « stratégie de maximisation » élimine les barrières à l’entrée et réduit les risques d’insatisfaction clients. Rien de nouveau sous le soleil. Et dans l’univers numérique, proposer un service plus simple et moins cher permet de se positionner rapidement comme leader sur un marché souvent dominé par les effets de réseaux et les technologies de verrouillage, où les gagnants raflent tout le marché (winner-take-all).

Quitte à parfaitement tolérer le problème du « passager clandestin » dans la perspective de maximiser l’audience. Bill Gates affirmait ainsi « à propos des nombreuses copies sauvages de ses logiciels par les Chinois : "Tant qu’ils volent des logiciels, nous préférons que ce soient les nôtres. Ils deviendront en quelque sorte dépendants et nous trouverons bien un moyen de les faire payer durant la prochaine décennie" » (déclaration citée par Florent Latrive dans son ouvrage Du bon usage de la piraterie).

Le problème du financement de l’offre légale

Petit bémol tout de même, car tandis que le fait de baser son modèle économique sur le gratuit demeure à la portée de tous, bien souvent, seul le groupe numéro un peut arriver à en tirer des bénéfices. Et comme prévient Chris Anderson : « Si le gratuit à l’ère du numérique démonétise les industries avant que de nouveaux modèles économiques puissent les monétiser à nouveau, alors tout le monde perd. »

Ainsi il est donc essentiel pour les fournisseurs de contenus et de services sur Internet que les industries du contenu continuent à produire. Le moteur de recherche Google acquière toute sa valeur dès lors que des informations et des contenus sont produits – par d’autres – et disponibles pour être classées. Mais comment assurer le financement de l’offre légale à l’heure où ceux qui tirent des bénéfices financiers de la distribution la plus large des contenus ne sont pas forcément ceux qui ont financé leur production et y ont investi beaucoup d'argent. Un point crucial sur lequel la mission Lescure commence d’ailleurs à travailler.

Pour les entreprises du net, la gratuité n’apparaît plus comme une étape intermédiaire vers un modèle économique mais plutôt comme le point de départ des modèles économiques, le cœur de leur philosophie dans le développement de nouveaux produits et services. Les industries du contenu doivent prendre la mesure des nouvelles stratégies autour de la gratuité afin de faire évoluer leurs modèles économiques et s’adresser à cette « génération du gratuit ».

 Le prix du freemium

Avec le freemium, le gratuit n’est pas le seul prix

Pour Chris Anderson, la « génération Google » n’a pas perdu tout sens de la valeur, mais valorise simplement des choses différentes comparées aux générations précédentes. Pour cette génération, l’information est infinie et immédiate. « Ils sont de moins en moins disposés à payer pour du contenu ou tout autre divertissement, étant donné qu’ils ont tellement d’alternatives gratuites. » Selon l’auteur, il ne viendrait pas à l’esprit de cette génération du gratuit de voler à l’étalage mais en revanche celle-ci n’hésite pas à télécharger des contenus sur les sites P2P. « Ils comprennent de façon intuitive la différence entre les économies des atomes et celle des bits, et ont compris que la première comporte des coûts réels qui doivent être payés, mais il n’en est habituellement pas de même pour la seconde. La question n’est pas "Combien cela coûte-t-il ?" mais "Pourquoi devrais-je payer ?" »




Imprégné de cet état d’esprit, Chris Anderson décrit dans son livre Le gratuit – Futur d’un prix radical, l’émergence d’un type de modèle d’affaires autour du gratuit à l’ère de l’abondance numérique, qui dépasse les offres promotionnelles ou les ventes liées. Le freemium mélange ainsi des versions gratuites (free) et payantes (premium) d’un même service. Dans la mesure où Internet apparaît comme une terre d’abondance, où le coût marginal d’un client supplémentaire est nul et celui des technologies de traitement, de bande passante et de stockage de plus en plus négligeable, « la gratuité ne devient pas juste une option mais est inévitable ». Pourtant, comme le souligne l’auteur, « il se pourrait que le gratuit soit le meilleur prix, mais il ne peut pas être le seul ». Tout l’enjeu réside dans la créativité des marketers à redéfinir les contours de leurs métiers.

L’auteur insiste sur le fait qu’il est inutile de vouloir lutter contre le gratuit étant donné que les internautes finiront toujours par trouver un moyen de s’échanger les contenus sur Internet. « A l’avenir, chaque entreprise va devoir fabriquer des produits gratuits ou bien va devoir entrer en concurrence avec des compagnies dont les produits seront gratuits. » Vouloir maintenir un prix artificiellement haut au regard du coût réel de production et de distribution, à travers un ensemble de lois et de systèmes de protection des droits d’auteurs, serait vain. Chris Anderson se défend de vouloir encourager ou condamner le piratage. Mais pour lui, ce phénomène résulte plutôt d’une force naturelle, que d’un comportement social qu’il serait possible de corriger à travers l’éducation ou la législation.

Il apparaît alors essentiel de se démarquer de la gratuité et de proposer une plus-value, car toute gratuité entraîne un transfert de valeur. L’enjeu réside donc dans la capacité des acteurs à proposer une offre apportant une valeur ajoutée, du moins différente de la version gratuite. Vous n’êtes pas obligé de payer, mais il se pourrait que vous le vouliez. Ainsi, « "l’ennemi de l’auteur n’est pas le piratage, mais l’obscurité". Le gratuit est le chemin le moins coûteux pour atteindre un maximum de personnes, et si l’échantillon remplit sa fonction, certains paieront pour la version "supérieure". »

Il est alors essentiel que le contenu soit attrayant, de qualité. Sébastien Flory, dirigeant et directeur technique chez Boostr, une société parisienne dédiée au jeu de cartes en ligne Urban Rivals, où le joueur démarre gratuitement avec quelques cartes et peut en obtenir simplement en jouant ou bien en payant quelques euros, se réjouit ainsi de la réussite de son service de jeu sur mobile : « La bonne nouvelle c’est qu’en faisant un produit cool, bien conçu et qui nous plaît, les joueurs accrochent. Du coup, c’est vertueux. On donne aux joueurs en leur offrant de nouvelles fonctionnalités et en écoutant leurs remarques. Eux, ils sont fidèles et achètent, mais on ne les oblige pas. C’est comme un accord tacite. »

Le gratuit s’est imposé sur Internet. Comme le souligne John Battelle, cofondateur de la revue Wired, dans son ouvrage sur La révolution Google : « C’est plus qu’une question de générations. » Il s’agit d’être créatif pour trouver comment convertir en revenus la réputation et l’attention issues du gratuit. Car « dans l’écosystème actuel, le péché le plus grave consiste à s’isoler du reste du monde ».

 L’attention constitue la nouvelle richesse


L’« économie du futur, » avait annoncé le théoricien du cyberespace John Perry Barlow, « sera fondée sur les relations plutôt que sur la propriété » (citation de Jeremy Rifkin dans son ouvrage L'économie hydrogène – Après la fin du pétrole, la nouvelle révolution économique). Comme l’écrivait déjà en 1971 l’économiste Herbert Simon, « ce que l’information consomme est assez évident : elle consomme l’attention de ceux qui la reçoivent. Du même coup, une grande quantité d’information crée une pauvreté de l’attention et le besoin de répartir efficacement cette attention entre des sources d’information très nombreuses au milieu desquelles elle pourrait se dissoudre ».

Grâce à sa capacité à produire, reproduire et faire circuler sans coût ni travail supplémentaire, le numérique est à l’origine d’une abondance d’informations, d’une profusion des données, d’une explosion des contenus générés par les utilisateurs et de l’hyper-connectivité des modes de vie. L’attention apparaît plus que jamais comme une ressource rare. Cependant, la faculté d'attention du public n’est pas extensible et il faut trouver de nouvelles stratégies pour capter la valeur.



Les modèles de financement des médias ont toujours fonctionné sur la recherche d’attention du public. L’économie de l’attention et de la réputation est un système qui fonctionne en recherchant et en achetant ce qui est intrinsèquement limité et irremplaçable, à savoir l’attention du consommateur.

Utiliser le gratuit pour générer du buzz

A l’heure du numérique, les formes de médiation sont renouvelées. Le gratuit est utilisé pour générer du buzz. Le phénomène du bouche à oreille est décuplé. Le public accorde plus d’importance et de valeur à une recommandation émanant d’un proche ou d’une communauté de pairs. L’internaute est nettement plus enclin à cliquer sur le lien d’une vidéo si celle-ci lui a été recommandée par un proche, que s’il s’agit d’un spam, d’une publicité ou d’une offre de contenu lambda.

Le marketing viral, ou buzz marketing, permet ainsi, dans une certaine mesure, de diminuer les coûts de promotion, qui sont alors portés en partie par les utilisateurs et atteignent facilement les communautés clé et les leaders d’opinion. Les discours d’accès aux œuvres sont alors démultipliés et moins contrôlés par les professionnels de la promotion.

Effets variables selon les types de contenus

Bien que le contenu gratuit soit un catalyseur de conversations, il semble toutefois que les effets varient. Dans le domaine de la distribution dématérialisée des livres, Chris Anderson relate sur son blog le fait que proposer une version gratuite sur Internet d’un ouvrage traitant d’un sujet particulier ou peu connu permettrait d’élargir sa visibilité et de faire augmenter le nombre de ventes dans le commerce physique. En revanche, dans le cas d’un sujet ou d’un auteur bien établi, profitant déjà d’une certaine exposition, l’auteur constate que la version numérique gratuite aurait tendance à cannibaliser les ventes.

Et dans le cas de l’industrie musicale, le phénomène inverse est observé. Des groupes comme Radiohead, Coldplay, Nine Inch Nails ou encore Moby, qui disposent d’une renommée internationale et d’une base de fans bien établie, ont montré que le gratuit sur Internet peut être une source de profit non-négligeable. Mais pour des groupes peu connus, le gratuit peut avoir un effet négatif sur les ventes, dès lors que les leviers vers le payant ne sont pas véritablement établis.

Avènement du personal branding

Une chose est sûre, avec Internet, l’information est surabondante et les canaux de communication tendent à être saturés. L’attention, ressource rare, devient la base d’une nouvelle économie. Il est alors crucial de savoir s’orienter face à une cascade illimitée de données et d’opinions qui peut nous submerger. « La recherche est devenue la nouvelle interface du commerce » écrit ainsi John Battelle. Les réseaux sociaux comme Facebook ou MySpace deviennent ainsi des acteurs incontournables de cette économie de l'attention et de la réputation, en particulier au sein de la jeune génération.

Les internautes se servent de leurs goûts, culturels notamment, pour tenter d’émerger de la multitude. Dans nos sociétés de consommation de plus en plus standardisées, qui s’auto-alimentent par les mécanismes de différenciation sociale, la communication via les réseaux sociaux ou les blogs, est devenue un outil majeur de personal branding. L’individu se met en scène et fait sa promotion afin de communiquer, de s’exprimer, de s’affirmer, d’émerger, de se différencier, de créer des liens.

Le phénomène du bouche à oreille, facilité par le gratuit sur Internet, apparaît donc incontournable. Toujours est-il qu’il ne faut pas se méprendre. Aujourd’hui, les jeunes Millenials qui téléchargent ou regardent en streaming des films et de la musique massivement et gratuitement (légalement ou illégalement), disposent de beaucoup de temps mais de peu d’argent. Mais dès qu’ils seront entrés dans la vie active, avec a priori plus d’argent que de temps, ceux-ci seront alors potentiellement prêts à payer pour des services qu’ils valorisent, qui leur permettent une souplesse d’utilisation, une qualité optimale, un service à valeur ajoutée.

 Proposer ce qui ne peut être numérisé


A l’ère de l’abondance, les contenus numériques coulent à flot sur le net. Dès lors, la nouvelle valeur réside dans le temps présent, la mise à jour constante. Comme le relate Alban Martin, Jacques Attali compare ce phénomène à « la bouteille d’Evian face à l’eau courante : bien que l’eau soit disponible à un coût marginal pour tous, elle continue d’être monétisée et commercialisée, sous la forme de bouteilles ayant chacune leurs caractéristiques ».

Les consommateurs recherchent à passer du temps avec leurs artistes, à accompagner leur vie artistique, à assister à des performances en direct, à vivre des expériences divertissantes uniques, personnalisées et non reproductibles en bits – et donc rares, à l’inverse de l’abondance du gratuit sur Internet. Par conséquent, l’« implication des fans, du public ou des spectateurs dans l’univers de l’œuvre, rendant le processus créatif personnalisé pour chaque personne qui le souhaite » est une des sources de valeurs essentielles de l’économie de l’attention. Cependant, comme le souligne Alban Martin, cela « ne signifie pas que les créatifs doivent tenir compte des avis du public pour modifier leur inspiration, mais plutôt établir une vraie relation de proximité avec lui ».

Robinet LED

Internet permet également d’établir un dialogue personnalisé à grande échelle avec des personnes inaccessibles auparavant. De nouvelles formes de médiation apparaissent, qui permettent de délivrer les informations aux communautés de fans et d’amateurs. Les internautes apprécient particulièrement de pouvoir tisser une relation personnelle avec les personnalités qu’ils apprécient et de pouvoir dépasser la simple relation commerciale standardisée.

Les nouveaux outils de communication permettent de tisser des liens de plus en plus forts entre les publics et leurs artistes. Alban Martin parle d’humanisation de l’artiste. Par contre, cette accessibilité accrue de l’artiste est à double tranchant selon lui, puisqu’elle peut aller « à l’encontre de l’image de magie qu’il transmet ». Toujours est-il que pour un artiste en début de carrière, « le dialogue personnel avec une communauté de fans permet de tisser des liens de fidélité durables. Et il y a fort à parier que cette même communauté fera d’eux des "stars" et les portera aux nues ».

L’expérience en temps réel permet donc de proposer une plus-value par rapport à l’offre numérique, et justifie de faire payer l’internaute. Mais la distribution numérique est également l’occasion de redéfinir le rôle entre l’industrie et ses clients. Comme l’écrit André-Yves Portnoff, directeur du think-tank Futuribles : « Il faut aller au-delà de la technique : innover, c’est réinventer métiers, modes d’organisation et styles de management. En d’autres termes, innovations technique et socio-organisationnelle forment un tout indissociable » (voir « Sentiers d’innovation », Futuribles, décembre 2004).

 Dynamique, communauté et contribution


« L’innovation émerge désormais des deux côtés de la caisse enregistreuse », affirme Eric Von Hippel, chercheur au MIT, et cité par Alban Martin. Qualifiée d’ascendante, ce nouveau type d’innovation remonte de la base des utilisateurs vers l’entreprise, alors qu’elle emprunte d’habitude le chemin inverse. « Donner des choses à faire, c’est à la fois une proposition de valeur en soi, donc une source de revenus, et une technique de marketing destinée à acquérir ou à fidéliser des utilisateurs en vue d’une proposition de valeur complémentaire » soulignent Nicolas Colin et Henri Verdier. Il s’agit de capter la richesse créée par la multitude.


Le crowdsourcing : nouveau type d’externalisation

En 2006, Jeff Howe, journaliste pour le magazine Wired, décrit ce phénomène par le néologisme « crowdsourcing », un nouveau type d’externalisation (outsourcing, en anglais). Les évolutions et la démocratisation des technologies numériques ont permis de réduire l’écart entre professionnels et amateurs. Les entreprises peuvent désormais faire appel à la foule (crowd, en anglais) des internautes pour externaliser des tâches à moindre coût. La coopération « bénévole » (ou l’échange gratuit d’idées) n’est donc pas dénuée de valeur financière, surtout lorsque ces innovations aident à améliorer l’expérience utilisateur. L’encyclopédie en ligne Wikipedia ou encore les logiciels libres en sont de très bons exemples.

Enrichissement de la communauté par la communauté

Le fait d’impliquer la communauté de clients à participer activement à l’activité et au modèle d’affaires de l’entreprise représente désormais pour celle-ci un avantage comparatif essentiel à l’ère du numérique. Ce type d’enrichissement de la communauté par la communauté permet aux membres les plus actifs de créer de façon directe, ou indirecte, de la valeur à destination des membres les plus passifs, sans aucune interférence de la part des salariés.

« Nous retrouvons là la dynamique élémentaire de l’économie de la contribution. L’activité spontanée et non rémunérée crée une multitude de rapports d’allégeance et d’amitié, dans lequel tout le monde trouve son compte : ceux qui donnent et ceux qui reçoivent, ceux qui demandent et ceux qui répondent » écrivent les auteurs de L’âge de la multitude. Un crowdsourcing efficace permet alors aux suggestions d’amélioration d’être directement collectées, aux questions sur l’œuvre ou le service ainsi qu’aux problèmes après-vente d’être résolus par d’autres utilisateurs, à des services tiers tels que des applications d’être réalisés par les clients.

Les communautés sont de précieux indicateurs de tendance

Les communautés sont aussi de précieux indicateurs de tendance. Les logiciels de P2P s’avèrent ainsi être de très bons outils pour la récolte de renseignements marketings à moindre coût. Qui plus est, impliquer le public et les amateurs avertis le plus en amont possible de la production du contenu permet de minimiser les risques industriels. Alban Martin cite l’exemple de l’éditeur de jeux vidéo Buzztone, qui propose de réserver ses jeux avant leurs sorties officielles. Cela permet aux clients de tester et de faire le buzz autour de la sortie du jeu, ainsi qu’à l’entreprise de réajuster s’il le faut le contenu et la stratégie marketing.

Avec Internet, la participation des spectateurs à l’enrichissement du contenu des médias est facilitée. Le public n’est plus simplement placé « en bout de chaîne, en phase de "digestion", mais bien dans un processus participatif d’accompagnement de l’information dans une logique de cocréation de valeur » écrit Alban Martin. Mais les grandes structures peinent à s’adapter rapidement à ce changement de paradigme. Les petites structures sont pour leur part plus à même de faire face à l’explosion de leur chaîne de valeur et d’intégrer leurs clients au sein de l’entreprise. Reste à savoir s’il s’agit réellement d’une nouvelle économie radicalement différente à laquelle les industries culturelles doivent s’adapter rapidement pour ne pas mourir, ou bien s’il s’agit plutôt d’une évolution du capitalisme.

 Quelle valeur travail ?

Les frontières se brouillent entre production et consommation 

Comme le remarque Chris Anderson, Internet repose sur deux unités monétaires principales : l’attention (le trafic) et la réputation (les liens), qui sont devenues la base d’un véritable marché. Considérons par exemple le service de microblogging Twitter. L’attention portée à un profil y est mesurable à travers le nombre de personnes (followers) qui se sont abonnées aux messages de cet utilisateur, créant ainsi du trafic vers celui-ci. La réputation d’un compte apparaît pour sa part proportionnelle au nombre de messages rediffusés (retweets), qui permettent de faire des liens, d’étendre la sphère d’influence, de filtrer les messages les plus pertinents et de créer une relation de confiance entre « retweetés » et « retweeteurs » en montrant l’intérêt des uns pour les messages des autres.

Désormais, attention et réputation deviennent de plus en plus monnayables et tangibles. Les « amis » sur Facebook sont un autre exemple d’unité de monnaie de la réputation. Plus vous avez d’« amis », plus vous avez d’influence dans le monde de Facebook, et plus vous avez de capital social à dépenser. Avec son algorithme d’indexation PageRank, Google devient ainsi une véritable place de marché de la réputation sur le Web.

Les frontières se brouillent entre production et consommation, travail et expression culturelle. Mais cela ne signifie pas que chaque utilisateur se transforme en producteur actif, chaque travailleur en créateur. Les mutations des modes de production, de distribution, d’échange et de consommation des biens et services à l’ère du numérique reflètent une évolution des systèmes de valeurs. Une nouvelle économie post-capitaliste apparaît, entre promesses d’un dépassement de l’économie marchande et intensification du régime capitaliste.


Economie mixte plutôt que nouvelle économie

Pour la sociologue Tiziana Terranova, loin d’être un nouveau phénomène, l’économie numérique apparaît plutôt comme une nouvelle phase : « Il s’agit d’une mutation qui est complètement immanente au capitalisme tardif, pas tant d’une rupture que d’une intensification d’une logique culturelle et économique amplifiée. »

Richard Barbrook, spécialiste de la régulation des médias, parle d’une économie mixte, caractérisée par l’émergence des nouvelles technologies et d’un nouveau type de travailleurs : les artisans du numérique. Aux côtés de l’instance publique, qui fut notamment à l’origine du projet de construction du réseau Arpanet (l’ancêtre d’Internet), l’économie de marché a su investir le réseau, en même temps que l’économie du don, qui constitue pour Barbrook, l’élément constitutif d’un éventuel dépassement du système de production capitaliste de l’intérieur. Cette économie du don, dans une perspective marxiste-hégélienne, permet ainsi à la consommation culturelle de faire sens en la transformant en activité productive. Cependant, elle est souvent exploitée par les industries. Ainsi, la nouvelle économie basée sur la mise en réseau de l’intelligence humaine implique une mutation profonde des structures d’organisation de la main d’œuvre (voir l’ouvrage de Don Tapscott, L’économie numérique : Promesse et péril à l’ère de l'intelligence connectée).

Le capitalisme cognitif repose sur l’exploitation de la connaissance

Comme le souligne Tiziana Terranova, bien qu’il soit essentiel de surveiller et d’organiser ces flux de connaissances, « Internet fonctionne efficacement en tant que canal à travers lequel "l’intelligence humaine" renouvelle sa capacité à produire », car il permet de mutualiser les connaissances. Ainsi, « Internet accentue l’existence des réseaux de main d’œuvre immatérielle et accélère leur accrétion en une entité collective ». La valeur dépasse l’information pour s’établir dans l’interconnexion des cerveaux.

Yann Moulier Boutang nomme cette nouvelle phase Le capitalisme cognitif, qui selon lui est injustement qualifiée de nouvelle économie. « Le capitalisme cognitif est bel et bien une tendance réalisée, un type nouveau d’accumulation. Mais il n’est pas un régime stabilisé. » L’auteur souligne qu’à l’ère de l’information, « l’économie ne repose pas sur la connaissance, mais sur l’exploitation de la connaissance ». Empruntant à la fable des abeilles de Mandeville, Yann Moulier Boutang fait remarquer que l’enjeu dépasse la production matérielle du miel pour se déplacer vers le processus de la pollinisation. Ainsi, les abeilles, en amassant du miel, font en réalité autre chose ; elles permettent la reproduction des fleurs, une opération essentielle et difficile à réaliser artificiellement. La valeur de ce travail dépasse ainsi la valeur du miel produit et apparaît sans prix.

Yann Moulier Boutang parle alors d’externalités positives. « Dans une économie reposant sur le savoir, le potentiel de valeur économique que recèle l’activité est une affaire d’attention, d’intensité, de création, d’innovation. » Rejetant tout déterminisme technique « dans lequel les usages sociaux de la technique ne jouent qu’un rôle très secondaire », l’auteur place le « travail vivant » au cœur du processus de création de valeur.

Cependant, comme le souligne le philosophe Jean Zin, « insister sur le "travail vivant" reste trop général et un peu trop optimiste en escamotant l’infrastructure informatique omniprésente et la domination de la technique qui pénètre tous les interstices de la vie. S’il y a donc bien humanisation d’un côté, c’est en contrepartie d’une technicisation ». Par ailleurs, force est de constater que « ce n’est pas seulement la passion de la connaissance qui anime les accros du numérique mais plus encore la passion de la reconnaissance (et du jeu). Le cognitif n’est ici qu’une partie, certes importante, ce n’est pas le tout ».

Nouvelle lutte des classes

Des obstacles se dressent face à cette pollinisation. Selon Yann Moulier Boutang, le droit d’auteur, les systèmes de protection des contenus, les formats propriétaires, représentent autant d’éléments qui multiplient les barrières et s’avèrent fortement limitatifs en termes d’innovation, puisque qu’ils restreignent l’accès aux données ainsi que leur réutilisation, et confondent ainsi pollen et pollinisation. Comme l’explique le journaliste Jean-Marc Manach, « on a coutume de dire que quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt. En l’espèce, ce qui est important, ce n’est pas la lune, ou le brevet qui pourrait la protéger, mais le halo qui l’entoure, la connaissance implicite qu’elle induit plus que la connaissance explicite de ce qu’elle produit ».

La valeur de la collecte et de l’organisation intelligente des informations se déplace alors des abeilles pollinisatrices aux producteurs et diffuseurs, maîtres des tuyaux, qui monétisent l’accès ou la circulation des données. Ainsi, «  avec le Web 2.0, la montée en puissance de l’économie du don, du gratuit et de la contribution, une nouvelle forme de lutte des classes opposerait aujourd’hui ceux qui pollinisent, en partageant leurs connaissances, et ceux qui en tirent un profit financier, et cherchent à contrôler qui a le droit de partager, quoi, où, quand, comment, pourquoi ». Yann Moulier Boutang en appelle alors à privilégier les approches ascendantes (bottom up) et à lever les verrous, afin de permettre et d’encourager le butinage.

Tandis que Yan Moulier Boutang décrit les contradictions entre l’économie de pollinisation et le système capitaliste comme une simple instabilité à résoudre, Jean Zin parle, pour sa part d’incompatibilité profonde touchant à la base du capitalisme, à savoir les droits de propriété, la production de valeur, le travail salarié. « Ainsi, l’avantage décisif de la gratuité sur Internet, supprimant les coûts de transaction et les coûts de production, rend beaucoup plus que problématique la rentabilisation des investissements consentis alors même que la contre-productivité des droits numériques condamne à plus ou moins long terme toute tentative de maintenir l’ancienne logique marchande. » Dans cette économie de la pollinisation, où la productivité n’est plus individualisable, un nouveau système de production apparaît, qui n’en finit cependant pas avec le capitalisme, mais bouleverse les rapports de production et de distribution.

Pour Laurence Lessig, fervent défenseur le l’assouplissement de la propriété intellectuelle à l’ère numérique, tandis qu’il est nécessaire de préserver la séparation entre les deux sphères de l’économie (celle de l’économie commerciale et celle de la seconde économie), notamment par le biais des licences libres, il ne s’agit pas de rendre tous les usages gratuits et libres de droits. Cela reviendrait à tomber dans l’extrémisme des détenteurs de droits qui voudraient que tous les usages des œuvres soient régulés par le droit d’auteur. Il s’agit de trouver un équilibre en fonction de la nature des usages et des contenus.

 Conclusion


« Il n’y a pas de société sans gratuité, il n’y a pas même de capitalisme sans gratuité, pas de commerce sans infrastructures publiques, sans lumière abondante, ni dévouement et don. Il n’y a pas non plus de création sans gratuité : aucune invention, aucune œuvre ne peut naître sans le terreau fertile du patrimoine culturel de l’humanité », écrit Florent Latrive. Le gratuit, le partage, le libre accès à l’information ont été promus tout au long de l’évolution d’Internet comme des qualités essentielles et intrinsèques.

Or les promoteurs de cette culture du gratuit à ses débuts sont ceux-là mêmes qui la dénoncent aujourd’hui. Et tandis que les industries du divertissement offrent timidement leurs contenus sur Internet, d’autres acteurs basent leurs modèles d’affaires sur le contenu gratuit. Apple ne gagne ainsi pas d’argent en vendant des contenus mais plutôt des terminaux. Les offres d’abonnement à Internet haut débit illimité ont aussi largement bénéficié des contenus disponibles sur le Net.

hadopi piratage consommation
Extrait d'une étude de la Hadopi
biens culturels et usages d’internet : pratiques et perceptions des internautes français

Mais une chose est certaine : la gratuité n’est pas la motivation première de la majorité des utilisateurs. Les personnes identifiées comme les plus grands pirates sont de grands consommateurs de produits culturels. Il ne s’agirait donc pas de l’émergence d’une culture du tout-gratuit mais bien d’une autre façon d’appréhender la rétribution de la création et du travail intellectuel. Le Web engendre alors une révolution économique autour des modèles du gratuit. La valeur change avec la perte de l’attachement au support physique, l’accès, l’attrait grandissant pour la personnalisation des services, la soif de contribution.

Désormais, il apparaît essentiel de contrôler non plus les copies mais plutôt la relation avec les clients. Du slogan publicitaire « Pour un DVD acheté, le deuxième est offert ! », aux modèles des médias gratuits financés par la publicité, en passant par les offres de livraison gratuite, d’extrait gratuit, de pop-corn offert, la gratuité apparaît sous différentes formes, intégrée dans divers modèles économiques, répondant à plusieurs types de stratégies.

Internet nous rappelle alors que nous ne vivons pas dans une seule et même économie mais au moins dans deux. Une autre économie apparaît aux côtés de l’économie marchande traditionnelle basée sur le commerce d’un bien en échange d’argent. Qu’il s’agisse de l’économie de l’amateur, du partage, de la contribution, de la production sociale, de l’attention ou de pair-à-pair, celle-ci comporte une logique différente, plus complexe que l’économie commerciale. L’enjeu pour les industries culturelles n’est pas seulement de prendre conscience de la richesse de cette seconde économie mais d’en maîtriser également les mécanismes pour la mettre en œuvre, l’encourager, la soutenir.

Les stratégies doivent donc être mieux adaptées au Web ainsi qu’aux mutations socio-économiques induites et permises par ce nouveau média. La généralisation du téléchargement illégal incite à considérer les comportements des internautes comme le symptôme d’une culture qui veut s’affirmer. L’impact du piratage d’œuvres massif, sans être diminué, ne doit pas faire perdre de vue l’objectif premier : développer une offre légale attractive – ce que la ministre de la Culture et de la Communication, Madame Aurélie Filippetti a d’ailleurs souligné lors de la conférence de presse du 25 septembre 2012, pour le lancement de la mission culture-acte2. On est donc d’accord, gratuit ou payant, telle n’est pas vraiment la question.

Labels

-123min (2) 003 (2) 07 2010 (2) 08001 (2) 0edit (1) 1.0 (2) 1.4 (2) 1000names (2) 11/9 (2) 17 Hippies (2) 1945 (2) 1966 (2) 1973 (2) 1980 (2) 1999 (2) 2 (4) 2000 (2) 2003 (2) 2004 (8) 2005 (2) 2007 (6) 2008 (12) 2009 (61) 2010 (4) 2011 (36) 2012 (11) 2013 (1) 2030 (4) 21 Hertz (3) 23 (2) 23andMe (2) 24 Carat Black (2) 2econd Class Citizen (2) 3 Mother Funkers (2) 30[eks] (2) 3D (2) 3dfx (1) 3gd (2) 4 Hero (2) 40 Winks (2) 5150 Rue des Ormes (2) 5nizza (2) 8 bits (13) 8-Beats (1) 8-Bits (1) 813 (2) 9/11 (2) A Calm in the Fire of Dances (2) A Dirty Carnival (1) A Mediterranean Odyssey (2) A Scanner Darkly (2) A Single Man (2) A State Of Mind (2) A TelecomTV Campaign (2) A.M. Architect (2) A.S.M (2) A.Y.B Force (2) Abandownware (1) Abastrctelectroclash (2) Abayomy Afrobeat Orquestra (1) Abd Al Malik (2) Abdeljalil Kodssi (2) Abelcoast (1) Abidjan (2) Abjeez (1) Abstract Electro (98) Abstract Ethnic Electro (1) Abstract Hip Hop (472) Abstract Jazz (36) Abstractelectroclash (24) Abstractelectroclash 3 (2) Abus (2) AC/DC (2) Access To Arasaka (2) Accident (8) accords (6) ACDC (2) Acid (3) Acid jazz (54) Acid Techno (1) Acoustic (15) ACTA (12) Action (10) Action Bronson (2) activisme (3) actualité (290) administration US (88) Adrian Younge (2) Adventure (1) Aerosmith (2) Aes Dana (2) Aesop Rock (2) Aether (2) Affaire (4) Afghanistan (19) AFP (2) Africa (10) African (2) Africom (3) Afrique (41) Afrique du Sud (4) Afro Celt Sound System (2) Afro Cuban (10) Afro Elements (2) Afro Jazz (14) Afro Rock and Psychedelia In 1970s Nigeria (4) Afro-Cuban All Stars (2) Afro-Jazz-Funk (1) Afrobeat (56) AfroCubism (2) Agent (8) Agent 5.1 (2) Agent Orange (2) Aggrovators (2) Agora (2) Agriculture (41) Agro Alimentaire (28) agrocarburants (8) AIEA (6) Ajami (2) Akalé Wubé (2) Akatsuki no hebi?) (1) Akira (2) Akira Kosemura (2) Akito Misaki (1) Akmusique (2) AL-HACA (1) Al'Tarba (2) Alan Evans (2) Alarme Fatale (2) Albert Kuvezin and Yat-Kha (2) Alcione (2) Alecia Chakour andThe Osrah (2) Alela Diane (2) ALENA (2) Alerta Kamarada (2) alex (2) Alexander Borovik (2) Alexandrina (2) Alexis Korner (2) Algerie (9) Ali Farka Toure (4) Alice in Chains (2) Alice Russell (3) Aligning Minds (2) Alimentarius (2) Allemagne (17) Alma Afrobeat Ensemble (2) Almentaire (2) Aloo (2) Alternative (534) Alternative Folk (1) Alternative Fusion (294) Alternative Fusion World (3) Alternative Fusion World Music (8) Alternative Rock (265) Alternative Rock Blues (24) Alton Ellis (2) Alva Noto And Ryuichi Sakamoto (2) Alvik (2) AM and Shawn Lee (2) AM And The UV (2) Amanda Ray (2) Ambient (242) Ame ga kuru niji ga tatsu?) (1) Amérindiens (2) Amerique du Sud (4) Amnesty (2) Amon Tobin (9) Amos Lee (2) Amours Chiennes (2) Amparo Sanchez (3) Amreeka (2) Ana Moura (2) Anais Mitchell (2) Anchorsong (2) Andra Dare (2) Andrea Dawson (2) Andrea Echeverri (2) Andrea Parker (2) Andrew J. and Kaltenecker (2) Andreya Triana (4) Andreya Triana feat Fink and Bonobo (2) Andy Bey (2) Ania (2) Anikina Kate (2) Animation (68) animaux (2) Anitek (3) Anjali (2) Anna Calvi (4) anonymat (2) Anonymous (2) Another Day In Paradise (2) Anouk (1) Anoushka Shankar (2) Ansel Collins With Sly and Robbie (2) Antennasia (4) Anthony Joseph (1) Anthony Joseph and The Spasm Band (1) anticipation (16) Antipop (2) Anuradha Pal's Stree Shakti (2) Aoki Takamasa (4) Apollo Cream (2) Apostle of Hustle (2) Apple (6) Apple Juice Kid (2) Aqua Velvets (2) Aquasky (2) Arabes (2) Arabic (14) Arabie Saoudite (6) Aramaki (2) Archie Shepp (2) Archie Shepp et Gnawa Fire Music (2) Archive (1) Areva (10) Argent (79) Argentine (4) Ariya Astrobeat Arkestra (2) Armées (55) ArmeFrance (2) Armement (66) Arménie (4) Armes (25) Army (22) Arnalds (2) Arrested Development (2) Arrietty le petit monde des chapardeurs (2) Arrogant (2) art (6) Art Blakey (2) Art Blakey and the Jazz Messengers (2) Arté (118) ARTE Reportage (27) Arthur H (4) Artic Monkeys (2) article (2) Articque (4) Arts (2) Arts The Beatdoctor (5) As If (2) Asa (4) Asaf Avidan (3) Ashanti Brothers Band (2) Ashkhabad (2) Ashley (2) Asian Dub Foundation (2) Asie (9) Asile (2) ASN (1) Asobi Seksu (1) Assassin (2) assassinat (1) assurance (2) Aston Barrett (2) Aswad (2) Atari Blitzkrieg (2) Atlas (4) Atmosphere (2) Atmospheric (1) Attentat (4) Au Loin (2) Audioclockers (2) Augustus Pablo (5) Australia (2) Australie (4) Authist and Dub One (2) Author (2) Autodialogue à propos de New Babylon (2) Avalon Blues - A Tribute To The Music Of Mississippi John Hurt (2) Avant Garde (2) Avida (2) avocat (2) Awards (2) AXMusique (2) Aynur (2) Ayo (2) Azam Ali (2) Azerbaïdjan (4) Aziza Mustafa Zadeh (2) AZUR Et ASMAR (2) Azymuth (2) B.R.I.C (2) Baba Zula (2) Babe Ruth (2) Babel (FR) (2) Babyhead (2) Babylon Burning Radi0.1 Project X (15) Babylon Burning Radi0.1 Project X-002 (2) Babylon Burning Radi0.1 Project X-005 (2) Babylon Circus (2) Babylon District (2) Background Radiation (2) bactériologique (2) Badbadnotgood (2) Badi Assad (2) Bahamas (2) Bahreïn (8) Bajinda Behind The Enemy Lines (2) Bajka (4) Balkan Beat Box (2) Balkans (4) Bambino (1) Banda Bassotti (2) Banda Olifante (2) Bandcamp (1) Bangkok (6) Bangladesh (2) Banlieue Rouge (2) Banque (42) Banque mondiale (4) Bantu (2) Bark (2) Barlow (2) Baron Black (2) barrage (2) Barrington Levy (2) Barry Adamson (2) Barry Brown (1) BASM Conférence de Dublin Le texte du futur Traité adopté (2) Batlik (2) Batman Begins (2) Batman Year One (2) Battle For Haditha (2) bauxite (2) Bay Blue (1) Bayer (2) BBC (6) BCE (2) Beast (2) Beasts of the Southern Wild (1) Beatmaker (30) Beats (1) Beats Antique (4) Beautiful Killing Machine (2) Bebo Best and Super Lounge Orchestra (2) Bebop (2) Becaye Aw (1) Bei Bei (2) Bei Bei and Shawn Lee (2) Belgique (3) Belleruche (6) Ben Frost (2) Ben Sharpa (2) Beneva Vs. Clark Nova (2) Benjamin Zephaniah (2) Bennie Green (2) Benny Golson (2) Bentzon Brotherhood (2) Berlin 1885 la ruée sur l'Afrique (2) Berlusconi (2) Bernadette Seacrest (2) Berry Weight (2) Bethurum (1) Bettye Lavette (3) Bezunesh Bekele (1) Bhoutan (2) Bi Kidude (2) Bibi Tanga And The Selenites (2) Bic (2) Biélorussie (4) Big Boss Man (2) big brother (10) Big Fox (2) Big Sam's Funky Nation (2) Bike for Three (2) bilan (4) bildenberg (2) Bilderberg 2008 (2) Bill Frisell And Vinicius Cantuaria (2) Bill Gates Rockefeller Svalbard (2) Bill Laswell (4) Bill Plympton (2) Billie Holiday (2) Billy Boyo (2) Bim Sherman (4) Bin-Jip (2) Bio Carburants (2) Bioethique (2) biomimétisme (2) Biopic (2) biotechnologie (2) Biotope (2) Birds (2) Birdy (1) Biri Biri (2) Birmanie (1) Bitches (2) Bitstream Dream (2) Bjork (2) Björk (2) Blacanblus (2) Black and White Blues 2 (2) Black Chamber (1) Black Chow (2) Black Dub (2) Black Elk (1) Black Grass (2) Black Hat (2) Black Heart Procession (2) Black Joe Lewis (2) Black Menu (1) Black Roots (2) Black Sifichi (2) Blackwater (2) Blade Runner (2) Blaya Dub Playa (1) Blazo (2) Blockboy (2) blocus (1) Blossom (2) Blu and Exile (2) Blue King Brown (1) Blue Note (2) Blue Soul Caravan (2) Blues (191) Blues Rock (4) Bluetech (2) Blundetto (6) Bob Corritore (2) Bob Marley (2) Bobby Vince Paunetto (2) Bogatzke (2) Bolivie (14) Bomb (2) Bomba Estereo (2) Bombay Dub Orchestra (2) Bombes (7) Bonnie (2) Bonobo (6) Boogie El Aceitoso (2) Booker T. Jones (2) Boom Bip (2) Boom Devil (2) Bosnie (4) Bossa Nostra (2) Bossa Nova (9) Bossasonic (2) Botnet (2) Boy Is Fiction (2) boycott (2) Boyd Lee Dunlop (2) Brain Damage (10) Brainchild (1) Brass Fusion (4) Brassroots (2) Break Core (1) Breakbeat (33) Breakcore (7) Breaks (1) Breaks Co-Op (2) Brenda Boykin (2) Bresil (18) Brésil (4) brevet (8) Brijbushan Kabra (2) Brina (1) Briskey (2) Broken Beat (11) Brother Joe Pilgrim (1) Brzowski (2) Buck 65 (2) Buckshot (2) BudaMunk (2) Buddy Guy (4) Buddy Miles (2) Buena Vista Social Club Presents (2) Buff Roshi (2) Bugge Wesseltoft (4) Bulimic Orgy (1) Bulimic Orgy and Mile (1) Bullhead (2) Bullion (2) Bumcello (3) Bun (2) Burhan Ocal and The Trakya All Stars (2) Burkina Electric (2) Burkina Faso (2) Burning Spear (2) Burnt Friedman (1) Burnt Friedman and Jaki Liebezeit (2) Burnt Friedman and The Nu Dub Players (2) Buscemi (2) business (3) Bustle and Out (2) C'est arrivé près de chez Vous (2) c’est innover (2) C’est quoi une bonne nouvelle (2) Cabiria (2) Cachemire (2) Cacique'97 (2) Caits Meissner (2) Cake (2) Calle 54 (2) Calypso (2) Calypso Rose (2) Cambodge (4) caméra (2) Camera City (2) Camille Bazbaz (2) Canada (12) Cancer (2) cancers (1) Candy Dulfer (2) Cane And Able (2) Cap-Vert (2) Capitaine Crochet (2) capitalisme (11) Capsula (2) Carey (1) Carla Morrison (2) Carles Benavent and Josemi Carmona (2) Carlos Dingo (2) Carmen Consoli (2) Carolina Chocolate Drops (2) Carte (24) Cas Haley (2) Cashback (2) Cassandra Wilson (2) Catastrophe (18) Catherine Russell (2) Caucase (4) Cayetano (1) CEA (2) Celso Salim (2) censure (40) Centrafrique (4) centrale (1) Centz (4) Cesaria Evora (2) CETA (2) Céu (4) CFR (2) Chali 2na (2) Champeta criolla and afro roots in colombia (2) Chandeen (2) change (2) changement climatique (12) charbon (5) Charles Bradley (4) Charlie Winston (2) Chase Rush (1) Cheick Tidiane Seck (1) Chico And Rita (2) Chico Freeman (2) Chicuelo (2) Chikita Violenta (2) Child miners (2) Chili (8) Chillout (11) Chimique (4) China (27) Chine (71) Chinese Man (4) Chk Chk Chk (2) Choc Quib Town (2) Choc Stars (2) Chomsky (10) Chris Robinson Brotherhood (1) Chrisette Michele (2) Christian Scott (3) Chrome (1) Chromeo (2) Chucho Valdes (2) Chuck Amstrong (1) Chypre (3) CIA (14) Cidade de Deus (2) Cimarons (2) Cimarrón Joropo (2) Cinematic (3) Cinematic Beats (1) Cirkus (4) Cisjordanie (2) citizen berlusconi (2) Citoyenneté (2) City (2) City Boys Band (2) civil (3) Claire (2) Clarence Reid (2) Classique (4) Clearstream (2) Clelia Vega (2) Clichés de Soirée (2) Climat (15) Clinton Fearon (8) Clinton Fearon and Boogie Brown Band (2) Cloud (4) Club de Paris (2) Club Des Belugas (2) Clutchy Hopkins (1) Cnil (2) CNT (2) Cochemea Gastelum (2) Coco and the Bean (2) Cocoon (2) CocoRosie (2) Codex (2) Cody ChesnuTT (1) coke (2) Cold Wave (2) Coldcut (2) Coldreavers (2) Collapse (4) Collapse Under The Empire (2) Collection (2) Colombia (2) Colombie (8) Colonisation (10) Coltan (4) Combat Wombat (2) Combattre les mines et les BASM (2) Comedie (21) Command and Conquer: Generals Zero Hour (1) COMMENT) SUPREMATIE DE L'INFORMATION (2) commerce (18) Commission (2) Commix (2) Common (2) Compilation (47) Complète (2) concert (201) Concha Buika (2) Conflits (42) Congo (8) congrès (2) Consortium (2) conspiration (16) CONSPIRATION - LE BRESIL DE LULA (2) Contaminés (8) Contemporary (2) Contemporary Jazz (1) controle (12) Contrôle maximum sur tout le spectre électromagnétique (2) CONTROLE TOTAL (2) Coova and Bud Melvin (2) Coração Brasileiro (2) Corée (3) Corée du nord (1) Corey Harris (2) corporation (394) Correa (1) Corruption (330) Corruption des syndicats l’enquête qui dérange (2) Cors Bros Prod (2) Costa Rica (2) Costo Rico (2) Côte d'Ivoire (4) Côte d’Ivoire (2) Couleur De Peau Miel (1) Count Five (2) Country (17) Coup d’Etat (4) coup d’État (2) Course (1) Court Metrage (12) Cousin Joe (2) Cowboy Junkies (2) CPI (2) Cream (2) CRIIRAD (4) crimes (12) Crimson House Blues (2) Criolo (2) crise (126) Crise à la Banque mondiale et au FMI (2) CRO-MAGNON (1) Cronicas (2) Crooklyn Dub Outernational - Certified Dope 4 Babylon's Burning (2) Crooner (1) CRU (2) Crustation (1) Cuba (2) Cuban jazz (2) Cubano (4) CUG (2) Culture (2) Cumbia (3) Curtis Mayfield (2) Cuthead (2) CW Stoneking (2) Cyber-activisme (5) cyberespionnage (7) cybersécurité (12) cyberspace (2) Cyesm (3) Cypress Hill (2) D Strong (1) D.O. Misiani and Shirati Jazz (2) d’Amnesty (2) Da Cruz (2) Da Grassroots (2) Da Lata (2) Dadaab (2) Dadawah (2) Dadub (2) Dahlia (1) Daipivo (2) Dakhla Festival (1) Dakta (2) Dale Cooper Quartet and The Dictaphones (2) Damian Marley (2) Danay Suarez (2) Dancefloor Burning (2) Dancehal (1) Dancehall (31) danger (7) Danger Mouse (2) Dani Ites (2) Danny Balint (2) Dare mo shiranai (2) Dark Days (3) Dark Electro (8) Dark Folk (2) Dark Jazz (4) Dark Wave (2) Dark World (2) Darker Than Blue :Soul from Jamdown (2) DARPA (4) Dasha and Vörse (2) Daughter Darling (2) Dave (2) Dave and Ansel Collins (2) Dave Barker meets the Upsetters (2) Dave Mason (2) Dave Sparkz (1) David Grissom (2) David Hillyard and the Rocksteady 7 (2) David Solid Gould vs. Bill Laswell (2) Davie Allan (2) Davos (2) Day of the Woman (2) Dday One (6) De l'autre côté (2) De l’explosion urbaine au bidonville global (2) dead (2) Dead Can Dance (2) Dead Combo (2) Dead Sara (1) Deadbeat (4) Deadfile (1) Death Metal (2) Debat (10) débat (4) Debauche (2) Debelle (2) Deborah Coleman (2) debt (2) Dechets (4) Déchets (2) déchets toxiques (2) Deckard (2) deeB (1) Deep House (8) Deep Island (2) Defense (3) Défense (4) Degiheugi (2) Déjà Mort (2) Del Jones (2) délation (4) Democratie (12) Démocratie (6) démographie (2) DemonAngel (14) Dennis Alcapone (2) Dennis Coffey (2) département (2) Derrick Hart (2) Derrick Morgan (2) Deru (2) Desechos (2) Desert Rebel (2) desinformation (1) désinformation (1) Desolate (2) Dessa (2) dessous des cartes (4) Destabilisation (1) Detektivbyrån (2) dette (4) developpement (4) Deviante (1) Dextro (2) Dezarie (2) DEZORDR SESSION (8) dFAD3R (2) Dhafer Youssef (6) Di Melo (2) Diana Krall (2) diaspora (4) Dictaphone (1) Dictature (16) Diesler (2) Digital Alkemist (2) Dilemma (2) Dillinger (2) Dinner at the Thompson's (2) Dinosaur Jr. (1) Dionne Bromfield (2) Dionysos (2) Diplo and Tony Tripledouble (2) diplomatie (4) Dire Straits (2) Dirtmusic (2) Dirty Projectors (2) Dirty Three (2) Disco (13) Disco-Restrospective (4) Discography (8) discours (2) Discrimination (10) Disrupt (2) Dizzie Gillespie (2) DJ (78) DJ Baku (4) DJ Baku Hybrid Dharma Band (2) DJ Cam (4) DJ DemonAngel (71) DJ Food (2) DJ Kentaro (3) DJ Krush (11) Dj Krush feat Rino (1) DJ Muggs Vs. Ill Bill (2) DJ Oil (2) DJ Phixion (2) DJ Q (2) DJ Racy A.J (9) DJ Shadow (2) DJ Shadow - The Less You Know (2) DJ Vadim (4) Dj Zedvantz (2) DNA (2) Dobacaracol (1) Docta (2) Doctor Flake (2) Doctor L (6) Doctor Noodle (2) Documentaire (233) Documentaire : No es un Joc ( Ce n'est pas un Jeu ) (2) documentary (211) Dog Pound (2) Doha (2) Dol-lop (2) domination (1) Don't Look Back (2) Donald + Lulu With The Wailers (2) Donald Fagen (1) Doris Duke (2) Dorleac (2) Dorothy Ashby (1) Dot Allison (2) Downbeat (8) Downtempo (254) Dr. John (2) Dr. John and The Lower 911 (2) Dr. Lonnie Smith (1) Dr. Quandary (5) drame (74) DRC Music (2) Dreas (2) Drip (1) Drive (2) drogue (4) Droit (1) Droit de l'Homme (16) droits de l'homme (1) Drone (6) Drones (9) Drum and Bass (29) Drum and Bass (28) Drum n' Bass (1) Drumand Bass (1) Drydeck (2) DSTR / deStar (2) Dtracks (2) dub (152) Dub Addict Sound System (3) Dub Ainu Deluxe (2) Dub Colossus (3) Dub Echoes (1) Dub Gabriel (1) Dub Incorporation (2) Dub One (2) Dub Orchestra (2) Dub Pistols (2) Dub Stories (2) Dub Techno (6) Dub Terror (2) Dub World (1) Dubaï (2) Dubkasm (3) Dublicator (2) Dubstep (44) Duoud (2) Duquende (2) Dusk + Blackdown (1) Dustmotes (4) Dutch (1) Duwayne Burnside (1) DVD (4) Dynamic Syncopation (2) e (2) E. Shawn Qaissaunee (1) EADS (1) Earl Hooker (2) Earth and Stone (2) Earthling (4) Easy Listening (2) Easy Star All-Stars (3) Easy Stars All Stars (2) Eau (41) Ebo Taylor (2) Echobox (2) echoes (2) Echoton (2) Ecole (2) ecologie (7) écologie (2) Economie (73) Ecoterrorisme (2) Ecuador - The Rumble in the Jungle (2) Edamame (2) Eddie Harris (2) EDF (4) Edison (2) education (4) EFSA (2) Eglise (2) Egypte (10) Ejigayehu Gigi Shibabaw (2) Ekova (2) El Combolinga (2) El Creepo (2) El Gran Silencio (2) El Michels Affair (2) El Puchero Del Hortelano (2) El Son No Ha Muerto (2) El Tumbao de Juana (2) EL-S (1) election (16) Élections (2) Electric Jazz (4) Electric Wire Hustle (3) Electro (529) Electro Acoustic (16) Electro Ambient (9) Electro Dark (1) Electro Dub (218) Electro Folk (1) Electro Funk (2) Electro Hip Hop (12) Electro Jazz (38) Electro Pop (6) Electro Rock (26) Electro Swing (2) Electroacoustic (3) Electronic (177) Electronic Jazz (3) Electronica (4) electronique (2) Elekidz (2) ELENA (2) Elenika (2) Elephant Man (2) Elina Duni Quartet (4) Ella Fitzgerald (2) Elsiane (2) Emancipator (3) Embargo (2) Emeterians (4) Emilie (2) Emilie Lund (2) Emilie Simon (2) Emily Wells (2) Emirats (2) EN-KI (2) End (2) Endless Summer (1) Energie (46) enfant (20) ENG (17) Enigmatical (1) Enquête en forêt tropicale (2) enseignement (2) Ensemble Montreal Tango (2) Enter The Void (2) Entre Les Murs (2) entreprises (1) Entretien avec un vampire (2) environnement (56) EP (28) Epouvante (2) Equateur (4) Eric Lau (2) Eric Sardinas (2) Erik Jackson (3) Erik Truffaz (8) Erik Truffaz New York Chamonix Project (2) Erkan Ogur and Djivan Gasparyan (2) Erotique (2) Erreurs statistiques de la Banque mondiale en Chine : 200 millions de pauvres en plus (2) Erykah Badu (4) Escaso Aporte (2) esclavage (8) Eskorzo (2) Esne Beltza (2) Espace (2) Espagne (5) Essential Killing (2) Esthero (2) estonie (2) Etats (209) Etats-Unis (89) États-Unis (affaires extérieures) (2) Ethio-Jazz (2) Ethiopique (1) Ethiopiques (13) Ethnic Music (6) ethnie (6) Ethno (2) Étienne Chouard (2) etude (2) Euforquestra (2) Europe (112) européen (2) Eurosatory (2) eurosur (2) ex-Yougoslavie (2) experience (2) Experimental (238) exploitation (16) explosifs (1) Exposé sur le nouveau mode actuel de répression politique en France (2) Extension (1) extreme droite (2) Ez3kiel (8) Ezra (2) F.M.I Finances Mondiale Immorale (2) Fabulous Trobadors (2) Face Candy (2) Facebook (26) Factor (2) Faim (6) Faiz Ali Faiz (2) falsifiabilité et modèle standard de l'évolution stellaire (2) Family Guy (2) Fan Shi Qi 范世琪 Meng Jing 梦境 (2) fanatism (2) Fanny Beriaux (2) Fantastic Mr. Fox (2) fantastique (22) FAO (2) FARC (2) Fast Food Nation (2) Fat Freddy's Drop (2) Fat Jon (1) Fat Jon and The Ample Soul Physician (4) Fat Jon The Ample Soul Physician (2) Fatien (2) Fatoumata Diawara (2) featuring (4) Fedayi Pacha (1) Féfé (2) Feist (3) Fela Kuti (1) Felon (2) FEMA (2) Femi Kuti (2) femmes (2) Festen (2) Festival (1) Festival in the desert (2) festival Temps d'Images (2) fête (2) Fetsum (2) fichage (8) Fight Club (4) Fighting (1) Fil Rouge (2) film (236) Film Noir (8) Filtrage (14) Final Fantasy (2) finance (14) Fineprint (2) Fink (2) FIP (1) fiscal (2) Fishtank Ensemble (2) Five Alarm Funk (2) Five Phases Of The Noom (2) Flamenco (15) Flashback (1) Fleet Foxes (2) Florence Joelle's Kiss of Fire (2) Flowering Inferno (2) Fluxion (2) Fly Russia (2) Flyers (2) FlyKKiller (2) FMI (16) Foday Musa Suso (2) Folk (179) Folk Rock (1) Folklore (6) Folksafari (2) fonds d'investissement (4) Foret (2) Forum social mondial FSM Belém (2) Foxconn (1) fr (20) Franc Maçon (2) France (180) France-Afrique (2) Francisco Aguabella (2) Franco and l'OK Jazz (2) Francois Peglau (2) Franklyn (2) Fred Locks (2) Fred Mcdowell (2) Fred Yaddaden (2) Freddie Cruger (2) Freddie McKay (2) FREDO FAYA (1) Free concert in Paris (2) Free jazz (6) Free The Robots (2) French Touch (37) Frenic (3) Freshlyground (1) Friends (1) FrnzFrnz (2) frontex (2) Frontières (26) Fude no umi?) (1) Fugis (2) Fügu (2) Fujitsu (2) Fukushima (24) Full (2) Full dub (3) Fumitake Tamura (2) Fun Da Mental (2) Fun-da-mental (2) Funde (2) Funk (237) Funk Jazz (6) Funkessencia (2) Funki Porcini (2) Fusion (2) futur (4) Future Hip Hop (1) Future Jazz (19) Fuzz and Mac (2) G20 (2) G8 (4) Gabon (2) Gabrielle (2) Gahan (2) Galactic (2) Game (4) Games (9) Ganja White Night (1) Ganpuku ganka?) (1) Garage (10) Garnet Mimms (2) Gary Moore (1) Gasland (2) Gasoline (2) Gaz (10) Gaz de Schiste (1) Gaza (10) Gazoduc (2) Gazprom (2) Général Dub (2) General Elektriks (2) Genocide (4) Génocide (2) Génome (2) geographie (33) Géographies des alimentations (2) Géoingénierie (2) geopolitique (277) George Allison (3) George Hirota (2) Georges Brassens (2) Georgia Anne Muldrow (2) Géorgie (4) Geral Gradwohl Trio (2) Germany (2) Geskia (2) Gestion (1) Getatchew Mekuria (2) Getatchew Mekuria and The Ex (2) Ghalia Benali and Timnaa (2) Ghana (2) Ghost in the Shell (4) Ghost In The Shell Solid State Society (2) Ghostface And Raekwon (2) Ghostpoet (2) Gigi (2) Gil Scott Heron (2) Gil Scott-Heron (2) Gilles Peterson (2) Ginkgo Biloba (2) Girls In America (2) Gitan Music (4) Giyo (1) Gizelle Smith and the Mighty Mocambo (2) Glen Brown (2) Glen Porter (3) Glitch (25) Glitch Hop (7) Glith Hop (1) Gnats (2) Gnawa (6) Gnola Blues Band (2) Godspeed You Black Emperor (1) Goldfrapp (2) Goldman Sachs (4) Golfe Du Mexique (2) Gomorra (2) Gone (2) Gone nutty (1) Gonja (2) Gonjasufi (4) Google (19) Google Cisco HP Ericsson et Verizon (2) Goran Bregovic (3) Gorillaz (6) Gospel (3) Gotan Project (8) Gothic Rock (2) Gotye (2) gouvernance (6) gouvernements (35) Grace Jones (3) Grace Potter and the Nocturnals (2) Graciela Maria (2) Grails (2) Grande Bretagne (12) Graphic (1) graphisme (3) Grèce (9) Greenhouse (Blueprint And Illogic ) (2) Greenpeace (2) Gregory Isaacs (2) grève (2) Grinderman (2) Groove (40) Groove Jazz (1) Groundation (2) Groundhogs (2) Grunge (2) Guachupe (2) Guano Padano (2) Guantánamo (2) Guante and Big Cats (2) Guaraní (2) Guatemala (4) Guelewar (1) Guerre (207) Guerre d’Algérie 1954-1962 (2) Guerrilleroz (2) Guests (2) Guinée (2) Guitar (12) Guitar Heroes (4) Guitoud (2) Guru (1) H1N1 (2) H2Oil (2) HAARP (2) HaBanot Nechama (2) Hacienda (2) hack (5) Hackers ni dieu ni maître (2) hadopi (10) Hadouk Trio (4) Hair High (2) Haïti (10) Hamza El Din (2) Handsome Boy Modeling School (2) Hank Jones (1) Hanni El Khatib (2) Hard Bop (2) Hard Candy (2) Hard Rock (35) Hariprasad Chaurasia (2) Harlem Underground Band (2) harmaceutique (2) Harry Belafonte (2) Harry Brown (2) Haru to usobuku?) (1) Haruka Nakamura (2) Hauschka (2) Haytham Safia (2) Hazard (2) Hazmat Modine (2) HD (7) Healer Selecta (2) Heather Moran (2) Heavy Metal (2) Heavy Trash (10) Hecq (1) Hedgehog (2) Heights of Abraham (2) Helmet (2) Henry's Funeral Shoe (2) Her Yes Men (2) HeRajiKa Tracks (2) Hermitude (4) Hiatus Kaiyote (1) Hidden Orchestra (3) High Places (2) High Tone (4) High Tone meets Brain Damage (2) HighDamage (1) Highlife (2) HIGhMas (2) Hijas de Zion (2) Hilde Louise Asbjornsen (4) Hint (2) Hip Hop (182) Hip Hop Jazz (2) Hipkiss (1) Hiromi (2) Hiroshima (4) histoire (61) Historique (11) Hitoyo bashi?) (1) Hokidoki and Brakkbacda (2) Hola A Todo El Mundo (2) Holdcut (2) Hollande (2) Hollie Cook (4) Hollie Smith (1) Holly Golightly and The Brokeoffs (2) Hologram Dagger (2) Holy Fuck (1) Home Dulce Hogar (2) Homelife (2) Homeworld 2 (1) Honduras (8) Horace Andy (2) Horace Silver (2) Horiso (2) Horreur (4) Hot Shots (2) Hotel Of The Laughing Tree (2) Hotel Sahara (2) House (2) How to Destroy Angels (2) Howard Nishioka (2) HP (2) Hugh Mundell (2) Hugo Kant (3) Hugo Race (2) humain (2) Human Spirit (2) Human Traffic (2) HumanIDub (2) Humour (21) Hus (2) Husky Rescue (3) Huun Huur Tu and Carmen Rizzo (2) Hypnotic Brass Ensemble (1) I Am The Media (2) I Love Democracy (1) I Monster (2) I.D.M (2) I.K. Dairo (M.B.E) (2) IamOMNI (2) Ian Brown (2) Iara Behs (2) IBM (2) Ibrahim Electric Meets Ray Anderson (2) Ibuki Yushi (2) Iceland (1) Icesave (1) Ichiro (2) IDM (62) Iggy Pop (2) Igor Boxx (2) Igor Markevitch (2) Ijahman Levi (2) Illogic (2) ilm (2) Ilya (3) Imiter (2) Immigration (10) Immortel (ad vitam) (2) Imperial Tiger Orchestra (2) Impuls (1) In the Loop (2) In the mood for love (2) Incognito (2) Inde (26) India (5) Indian (3) Indian Music (1) Indie (97) Indie Rock (1) Indiens (2) Indigènes (12) Indigenous Resistance (2) Indigo Jam Unit (3) Indus (2) industrial (3) Industrial Breakbeat (1) industrie (4) Industry (2) Inégalités (6) Informations (13) informatique (10) Inga Liljeström (2) ingérance (2) Ingrid Chavez (2) Inkliing (1) Innerzone Orchestra (1) Innocence (2) Input and Broken (2) Insertion (2) Instrumental (159) Instrumental Jazz Hip Hop (1) Instrumental Piano (1) Instrumental Rock (1) Interactivo (2) Interface (2) International (27) Internet (160) INTERNET (QUI (2) interview (6) Introducing Townes Van Zandt Via the Great Unknown (2) iPhone (2) IPRED (2) Irak (13) Irakare (2) Iran (8) Irish Music (2) Irlande (3) Iro Haarla Quintet (2) Ishi (2) Isiah Mentor (2) Island (2) Islande (5) Israël (20) Israel Vibration (2) Issa Bagayogo (2) Istanbul Blues Kumpanyasi (2) Italia (2) Italie (9) Ivory Coast soul 2 (1) Izia (1) J-Boogies Dubtronic Science (2) J.O (2) J.Period (2) Jackie Mittoo (2) Jacob Miller (2) Jacuzzi Project (2) Jade (2) Jah Wobble and the Nippon Dub Ensemble (2) Jahko Lion (1) Jahtarian Dubbers (1) Jahtarian Dubbers Vol. 3 (1) Jam Band (2) Jamaaladeen Tacuma and The Roots (2) Jamaica to Toronto (2) James Blake (2) James Brown (2) James Carr (2) James Leg (2) James Vincent McMorrow (2) Jamika (6) Janelle Monae (2) January 25ers (2) Japan (45) Japon (52) JaredH (2) Jaribu Afrobeat Arkestra (1) Jarring Effects (2) Java (2) Jazz (238) Jazz Blues (1) Jazz Fuion (5) Jazz Funk (7) Jazz Funk Soul (1) Jazz Fusion (14) Jazz World (44) jazztronic (4) Jean Grae (2) Jean Ziegler (2) Jedi Mind Tricks (4) Jenova 7 (3) Jenova 7 and Mr. Moods (1) Jerry Jones (2) Jesca Hoop (2) Jesse Futerman (2) Jesse Sykes and The Sweet Hereafter's (2) Jesus Camp (2) jeu (2) JFX Bits (1) Jhelisa (2) Jiko-Nafissatu Njaay (2) Jimi Hendrix (2) Jimmy Cliff (2) Jimmy Smith Trio (2) Jneiro Jarel (2) Joan As Police Woman (2) Joanne Shaw Taylor (2) Joe Kickass (1) Joe Pass (2) Joe Satriani (2) Joe Strummer (2) Joe White (2) Jóhann Jóhannsson (2) John Coltrane with The Red Garland Trio (2) John Doherty (2) John Frusciante (2) John Legend and The Roots (2) John Mayer (2) John Zorn (2) Johnny Clarke (2) Johnny Clegg (4) Johnny Osbourne (2) Joke (2) Joker's Daughter (2) Jolea (2) jones (2) Jose James (3) José James (3) Josh White (2) Journaliste (17) JPOP (2) JPT Scare Band (2) Ju-Ar (2) Juan Carlos Cacérès (2) Juçara Marçal e Thiago França (2) jugement (2) Jul|lo (2) Julee Cruise (2) Julian Marley and The Uprising (2) Junior Kelly (2) Junior Parker (2) Junior Reid (2) Junior Soul (2) Juniper (2) Jupiter's Dance (2) justice (11) Justice System (2) K Os (2) K-S.H.E (2) K'Naan (2) Kabanjak (2) Kaboom (2) Kafele (2) Kagarino kō?) (1) Kago no naka?) (1) Kaiti Kink Ensemble (2) Kakao (1) Kaleta and Zozo Afrobeat (2) Kalpataru Tree (2) Kaly Live Dub (2) Kalya Scintilla (2) Kammerflimmer Kollektief (2) Kampec Dolores (1) Kang Eun Il (2) Kanka (2) Karachi (2) Karimouche (2) Karkwa (2) Karmuazine (2) Kartick And Gotam (2) Karukaya Makoto (2) Kashiwa Daisuke (1) Katchafire (4) Kazakhstan (6) Kazutoki Umezu (2) Kelin (2) Keller Williams (4) Kemopetrol (2) Ken Boothe (1) Kendra Morris (1) Kenmochi Hidefumi (1) Kenny Burrell (4) Kenny Knots (1) Kentaro (2) Kenya (5) KesakoO (2) Khaled Aljaramani (2) Khoe-Wa (2) Kid Called Computer (2) Kid Congo and The Pink Monkey Birds (2) Kid Loco (2) Kiko Dinucci (2) Kimono (2) King Django Quintet (2) King Khan (2) King Medallion vs. Arch Angel (2) King Tubby (2) King Tubby And The Aggrovators (2) Kings of Leon (2) Kinny (2) Kirghizistan (4) Kitty Hoff and Forêt-Noire (2) Kno (2) Ko-No-Michi (1) Koan Sound (1) Kodo (2) Kokoda le 39ème bataillon (2) Kokolo (2) Komla Mc (1) Koon Denpa (2) Koop (2) Kortatu (2) Kosovo (4) Kotoja (2) Kouyaté-Neerman (2) Kozak94 (2) Krar Collective (1) Kristuit Salu vs. Morris Nightingale (2) Kronos Quartet (2) KRS-One (2) Krystle Dos Santos (1) KTU (2) Kuba (2) Kuj skills (1) Kusa o fumu oto?) (1) Kylie Auldist (1) Kyp Malone (1) KYSEA (2) L and CHEESE with MR. MOODS (2) L.U.C FEAT. URSZULA DUDZIAK (1) l'arc-en-ciel nait (雨が来る虹がたつ (1) L'Armée des douze singes (2) L'Exorciste (2) L'Homme sans âge (2) L'Imaginarium du Docteur Parnassus (2) L'instinct de la musique (2) L'Oniraunote (2) L'Or bleu (2) L'Orange (1) l'Oreal (2) La Bête Humaine (2) La Canaille (4) La Caravane Electro (2) La Caravane Passe (2) La Caution (2) La Cherga (2) La Cité de Dieu (2) La cité des enfants perdus (2) La Commission européenne lance un programme de propagande radio (2) La Démocratie en France 2008 (2) La domination masculine (1) La fin de la propriété de soi (2) La Fin du Pétrole (2) La Gale (1) La guerre de l'information utilise des opérations psychologiques agressives (2) La guerre invisible (2) La guerre pétrolière oubliée du Soudan (2) La Kinky Beat (2) La Légende de Beowulf (2) La Main Gauche (2) La menace iranienne (2) La Merditude Des Choses (2) La Negra (1) La Paz (2) La Phaze (2) La quatrième révolution (2) la Route du Rock (1) La Rue Ketanou (2) La Rumeur (4) La sagesse des crocodiles (2) La Stratégie du choc (2) La Tordue (2) La Trahison des médias le dessous des cartes (2) la tyrannie du cool (2) La vie des autres (2) Laab (2) Lady Passion (2) Laetitia Sheriff (2) Laïka (5) Laila Angell (2) Laino (2) Lakmi et Boomy (2) Lamont Kohner (1) Land Of Kush's Egyptian Light Orchestra (2) Laos (2) Låt den rätte komma in (2) Latin Jazz (12) Latin Music (11) Latin Pop (1) Latino Rock (1) Laura Vane And The Vipertones (2) Laurel Aitken (2) Lauryn Hill (2) Le Chat Du Rabbin (2) Le club des incorruptibles (2) le dessous des cartes (69) Le Dimanche (1) Le grand marché des cobayes humains (2) Le grand Monopoly du gaz (2) Le nuage (2) Le Parasite (4) Le Peuple de l'herbe (5) Le Peuple de l’Herbe (2) Le Peuple Des Océans (1) Le Secret des Sept Soeurs (2) Le Syndrome du Titanic (2) Le Tableau (2) Le temps des mensonges (2) Le Tombeau des lucioles (2) Le Tone (2) Led Zeppelin (2) Lee Fields (2) Lee Fields and The Expressions (2) Lee Perry (2) Lee Perry and The Upsetters (4) Lee Scratch Perry (3) Leena Shamamian (2) Left Lane Cruiser (4) Lena (1) Lendi Vexer (4) Lengualerta (2) Lennie Hibbert (2) Lenny Harold (2) Les Armées Privées dans la Cible (2) Les Bêtes du sud sauvage (1) Les Chemins de la liberté (2) Les Contes de la nuit (2) Les Créatures De L'esprit (2) Les enfants des rues de Mumbai (2) Les Fils De L'Homme (2) Les Hurlements d'Léo (2) Les insurgés de la terre (2) Les Kamale (2) Les Marches du Pouvoir (2) Les nouveaux chiens de gardes (1) Les Occidentaux dénient que la Géorgie a procédé à un génocide (2) Les origines du langage (1) Les Sept Jours du Talion (2) Les Skalopes (2) Leslie West (2) Lettres d'Iwo Jima (2) Lettuce (2) Leviev (2) Liban (6) Liberté (9) Liberté d'expression (2) Libye (32) Lin Hai (2) Lindigo (1) Linton Kwesi Johnson (2) Linval Thompson (2) Lion Turf (2) Lion Zion (2) Lip (2) Liquid Spirits (2) Lisa Ono (2) Lisbeth Scott (2) lithium (2) Littérature (2) Little Axe (4) Little Barrie (2) Little Dragon (2) live (215) Livres (18) Liz Green (2) Lizz Fields (2) Lloyd Miller (2) Lloyd Miller and The Heliocentrics (2) Lms (1) Lo-Fi (10) Lo'Jo (2) LOBBYS (24) Lofofora (6) Logorama (2) loi (315) loi Internet et Création loi Hadopi (4) Loka (4) London (3) Londres (2) Lonnie Mack (2) Loolacoma (2) Loppsi (10) Lorn (4) Los Amigos Invisibles (2) Los Cojolites (2) Los Guanabana (2) Los Ministers del Ronsteady (2) Los Miticos Del Ritmo (2) Los Skarnales (2) Los Tres Puntos (2) Los Umbanda (2) Lost In Translation (2) Lotus (2) Lounge (39) Love Day Quartet (2) Low (2) Low Fidelity Jet Set Orchestra (2) Low In The Sky (2) Lowb (2) LR-60 (1) LR-60 and Mr. Moods (1) Lucas Santtana (3) Lucky Elephant (1) Ludwik Ludwikzon Orkestra (2) Luis Delgado (2) Luísa Maita (2) Lulu Rouge (2) Lunatic Calm (2) Lund Quartet (2) Lura (3) Lurrie Bell (1) Lydia Lunch (2) Lydia Lunch and Big Sexy Noise (2) Lymbyc Systym (2) Lyrics Born (2) Lyricson (2) M'Barka Ben Taleb (1) Mabataki (2) Mabuta no hikari?) (1) MACACO (2) Maceo Parker (2) Machine Head (2) Macy Gray (3) Mad Doctor X (2) Mad Lion (1) Madagascar (12) Made In Groland (1) Mademoiselle K (2) Mafia (4) Mafia Trece (2) Maga Bo (2) Maghreb (2) Magic Sam (2) Magic Slim (2) Magical Power Mako (2) Mahsa and Marjan Vahdat (2) main basse sur le riz (2) Makura kōji?) (1) Mala (1) Mala Rodriguez (2) maladie (7) Malaisie (2) Malediction (2) Mali (22) Malia (2) Malika Madremana (2) Mammuth (2) Mañana Me Chanto (2) mandat (2) manifestations (14) Manille (2) Manipulations (21) Manu Dibango (1) Manu Katché (2) Manuel El Guajiro Mirabal (2) Manutension (2) Marcia Ball (2) Marcia Griffiths (2) Marconi Union (2) Marcus Miller (4) Marge (2) Margeaux Lampley (2) Margie Evans (2) Maria De Barros (2) Marie-Louise Munck (2) Mark de Clive-Lowe (2) Mark Knopfler (2) Mark Wonder (1) Markey Funk (2) Markus Kienzl (2) Maroc (6) Maroquinerie (1) Marsmobil (2) Martin Campbell (2) Martin L. Gore (2) Martina Topley-Bird (2) Marujita (2) Marwan Abado (2) Mary Anne Hobbs (2) Mass Of The Fermenting Dregs (2) Massive Attack (2) Math Jazz (2) Mato Seco (1) Matryoshka (2) Matt Elliott (2) Matt Marshak (4) Matthew Shipp (2) Matumbi (1) Mauresca Fracas Dub (2) Mauritanie (2) Mavis (2) Max Tannone (2) Maya Solovéy (2) Mayotte (2) Mayra Andrade (4) MC Esoteric (2) MDC (2) Mdungu (2) Medcament (2) medecine (4) Medi (2) Medias (29) Médias (1) Médias citoyens (1) Meitz (2) Melifaroh (2) Melina Kana (2) Melina Kana and Ashkhabad (2) Melingo (4) Melissa Laveaux (2) Melody Gardot (1) Même la pluie (2) Mémoires de volcans (1) Memories of Murder (2) menace (9) Menahan Street Band (1) Mentz (2) mer (2) Mercan Dede (4) Merlune (2) Merlyn Webber (4) Meschiya Lake and the Little Big Horns (2) Meta Force (1) Metal (4) Metastaz (3) Method Man (2) Method Of Defiance (2) Metric (2) meu (2) MewithoutYou (1) Mexique (11) Mezei-Bakos-Mezei (2) MGT (2) Micatone (2) Michael Carvin (2) Michael Jackson (2) Michael Kiwanuka (2) Michael Prophet (2) Michel Camilo (2) Michel Muller (2) Michigan and Smiley (2) Michiko to Hatchin - 01 vostfr - Adieu paradis insensible (1) Michiko to Hatchin - 02 vostfr - Délicieuse hors la loi (1) Michiko to Hatchin - 03 vostfr - Comme une bille de flipper désespérée (1) Michiko to Hatchin - 04 vostfr - Le chat errant de la Voie Lactée (1) Michiko to Hatchin - 05 vostfr - La nostalgie des imbéciles (partie 1) (1) Michiko to Hatchin - 06 vostfr - La nostalgie des imbéciles (partie 2) (1) Michiko to Hatchin - 07 vostfr - La monotonie de la pluie (1) Michiko to Hatchin - 08 vostfr - Le jeu fatal des musiques noires (1) Michiko to Hatchin - 09 vostfr - La fille passionnée du Chocolate (1) Michiko to Hatchin - 10 vostfr - Le carnaval des hyènes (1) Michiko to Hatchin - 11 vostfr - Point de départ de la tempête (1) Michiko to Hatchin - 12 vostfr - Purgatoire télépathique à 108° "108°C of Telepathic Purgatory" (Telepatia a 108°C no Purgatório) "Jigoku 108°C no ter (1) Michiko to Hatchin - 13 vostfr - Le poisson rouge du marais "Goldfish Bog" (Peixe Dourado do Brejo) "Doronuma no gōrudofisshu" (泥沼のゴールドフィッシュ) (1) Michiko to Hatchin - 14 vostfr - L’audace du coureur explosif "Reckless and Explosive Runner" (Ousadia do Corredor Explosivo) "Meichirazu no bōhatsu (1) Michiko to Hatchin - 15 vostfr - Graffiti dessiné en vain "Aimless Graffiti" (Grafite Desenhada em Vão) "Itazura ni gurafuti" (いたずらにグラフティ) (1) Michiko to Hatchin - 16 vostfr - Une étude en rouge infidèle "Crimson Faithless Etude" (A Vermelha Descrendice) "Makka na fujitsu no echūdo" (まっ赤な不実の (1) Michiko to Hatchin - 17 vostfr - Festin sanglant. L’opéra crève-cœur "Bloodfest The Heart-Pounding Opera" (Tonelada de Sangue A Ópera que Mexe no Co (1) Michiko to Hatchin - 18 vostfr - Samba hors de contrôle "Fool's Ballistic Samba" (O Tolo que Avança como uma Bomba Sambista) "Akantare no dandō sanba" (1) Michiko to Hatchin - 19 vostfr - L’agaçant papillon noir "Irritating Dark Butterfly" (Irritante Borboleta que Interrompe a Luz) "Hagayui shakō no bat (1) Michiko to Hatchin - 21 vostfr - Dernière valse hors-saison "Off-Season Last Waltz" (A Última Valsa que Florece Enlouquecida) "Kurui saki rasutowarut (1) Michiko to Hatchin - 22 vostfr - Va de l’avant "Run with It" (Corra Simplesmente como se Deve Correr) "Ari no mama de hashire" (ありのままで走れ) (1) Mickey Green (2) Microsoft (6) Middle Class Rut (2) Midnight Club 2 (1) Midnite Fith Son (2) Midori (2) Midori no za?) (1) Mig (2) Migration (4) Miguel Poveda (2) Mikkim (2) Mikromusic (2) Mikuś (2) Mil (2) Mile (1) Miles Davis (2) Miles Davis and Bill Laswell (2) militaires (14) minerais (3) mines (12) Minimalism (2) Minimalist (16) Minorité nationale (2) Mirel Wagner (2) Miroslav Tadic (2) misère (2) Miss Muffin (2) Mister Modo and Ugly Mac Beer (1) Misty (1) Mix (46) MJ A ROCKER (1) Mo Kalamity (2) Mo'Kalamity and The Wizards (4) Mo’town Junkie (2) Mobster (2) Moby (2) Moca (2) Mocha Lab (2) Mod-folk (2) Mogadiscio (2) Mohamed Kouyou (1) Mokhov (2) Mokoomba (1) Molecule (2) Molodoï (4) Momo (1) Monde (2) mondial (4) mondialisation (8) Mondkopf (1) Mongolie (2) monnaie (2) Monokle and Galun (2) Mononome (2) Monophonics (2) Monsanto (2) Monsieur Dubois (2) monsters (2) Monta At Odds (2) Moon (2) Moonraker (2) Moraito Chico (2) Morcheeba (2) More Relation (2) Moremoney (2) Moriarty (6) Morning Dew (2) Morriarchi (2) Morse (2) Mort (48) Mortal Kombat 4 (1) Morwell Unlimited Meet King Tubby (2) Mory Kante (2) Mos Dub (2) Mosanto (2) Mose Allison (2) Moshi Moshi Nu Sounds From Japan (2) Mother (2) Moto (1) Moto Racer 2 (1) Mounira Mitchala (4) Mountain Mocha Kilimanjaro (1) Mourah (2) Movie (64) Moving forward (2) Moyen Orient (9) Mozambique (2) Mr Juan (1) Mr Mamadou (2) Mr Nobody (2) Mr Tchang and The Texas Sluts (2) Mr. Confuse (1) Mr. Moods (13) Mr. Moods and Emily Jane Carmen (2) Mr. Moods meets Tack-Fu (2) Mr. President (2) Mr. Something Something (2) Mr. Williamz (1) Mr.KiD (5) MSF (2) Mugison (2) muisc (2) Mukta (2) Mulatu Astatke (6) multi (17) multinationales (6) Mummer (2) Munk (2) mur (2) Murat Aydemir (2) Murat Aydemir and Salih Bilgin (2) Murcof (2) Mururoa (2) Muse (3) Mushishi - 01 vostfr - Un monde au naturel (緑の座 (1) Mushishi - 02 vostfr - Clarté sous les yeux clos (瞼の光 (1) Mushishi - 03 vostfr - Tendres cornes (柔らかい角 (1) Mushishi - 04 vostfr - Le chemin de l'oreiller (枕小路 (1) Mushishi - 05 vostfr - Le marais vagabond (旅をする沼 (1) Mushishi - 06 vostfr - Le troupeau qui boit la rosée (露を吸う群 (1) Mushishi - 07 vostfr - La pluie tombe (1) Mushishi - 08 vostfr - Depuis le rivage (海境より (1) Mushishi - 09 vostfr - Une lourde graine (重い実 (1) Mushishi - 10 vostfr - Du blanc dans la pierre à encre (硯に棲む白 (1) Mushishi - 11 vostfr - La montagne dormante (やまねむる (1) Mushishi - 12 vostfr - Le poisson borgne (眇の魚 (1) Mushishi - 13 vostfr - Pont d'une nuit (一夜橋 (1) Mushishi - 14 vostfr - À l'intérieur de la cage (籠のなか (1) Mushishi - 15 vostfr - Printemps secret (春と嘯く (1) Mushishi - 16 vostfr - Le serpent de l'aube (暁の蛇 (1) Mushishi - 17 vostfr - La récolte des cocons vides (虚繭取 (1) Mushishi - 18 vostfr - Le vêtement qui enveloppe la montagne (山抱く衣 (1) Mushishi - 19 vostfr - Le fil des cieux (天辺の糸 (1) Mushishi - 20 vostfr - Une mer de pinceaux (筆の海 (1) Mushishi - 21 vostfr - Les spores de coton (綿胞子 (1) Mushishi - 22 vostfr - Le temple au milieu de la mer (沖つ宮 (1) Mushishi - 23 vostfr - Le son de la rouille (錆の鳴く聲 (1) Mushishi - 24 vostfr - En route vers le champ du feu de joie (篝野行 (1) Mushishi - 25 vostfr - Œil chanceux (1) Mushishi - 26 vostfr - Le son des pas sur l'herbe (草を踏む音 (1) Music (78) Music From South India (2) musical (4) Musique (2) Mustard Plug (2) Mute Beat (2) Muyayo Rif (2) My Automata (2) Myspace Zone (2) Mzai (2) Mzekezeke (2) N (2) Nabh24 (2) Nahuatl Sound System (2) Naive Diver (2) Najwa Gibran (2) Nancy Dupree (2) nanotechnologies (8) Näo (2) Naoki Kenji (2) Naomi (2) Naono (2) Naphtaline Orchestra (2) Napoleon Maddox rend hommage à Nina Simone (2) Narc (2) Narcotic Fields (1) Naruyoshi Kikuchi Dub Sextet (2) Nas (2) Natacha Atlas (4) Nathalie Handal with Will Soliman (2) Nation (4) Natiruts (Live) (1) NATO (2) Natty (2) Natural Self (1) Nature (4) Nausicaä de la vallée du vent (1) Nausicaä of the Valley of the Wind (1) Nazis (2) Nazisme (2) NED (2) Nedry (1) Negusa (2) Nelli Rees (2) Nelly McKay (2) Neo Classic (1) Neo Conservateurs (2) Neo Roots (4) Neo Soul (2) Neo Tango (2) Neo-Classic (3) Neo-Classical (1) Néo-Classical (1) Neo-Roots (2) Nepal (1) Nes (2) Nestlé (2) Netizen Report (7) Neurasja (2) New Jazz (54) New Primitives (2) New Super Mario Bros. U (1) New Tango Orquesta (2) news (4) News Games (2) nGlide (1) Nguyen Le (1) Nguyen Le Feat. Paolo Fresu (1) Niazura (2) Nicaragua (2) Nick Cave and Warren Ellis (2) Nick Rivera (2) Nicknack (3) Nicola Conte (2) Nicolay with The Hot At Nights (2) Niger (5) Nigeria (11) Nigéria (1) Nighthawks (2) Nightmare on Wax (2) Nightmares On Wax (2) Nihon (2) Nikki Yanofsky (2) Nikonn (2) Nils Frahm (2) Nina Attal (1) Nina Simone (4) Ninja Tune (2) Nintendo (1) Niominka Bi and Ndiaxas Band (2) Niteffect (2) Nitin Sawhney (4) Nizetch Hifi Outernational Season II (2) Nneka (3) No Blues (2) No Country for Old Men (2) No One Is Innocent (2) No Time For Nuts (1) Noa (2) Noah D (2) Noam (2) Nobody (4) Nobody Knows (2) Nocow (2) Noir Désir (2) Noise Rock (2) Noiseshaper (2) NoJazz (2) Nomak (2) Non Dolet (2) Non Herrmutt Lobby (2) Norah Jones (3) Nortec Collective (2) Nosfell (2) Nostalgia 77 (2) Notre poison quotidien (2) Nottango (2) Nouvel Ordre Mondial (1) Nouvelle Zelande (2) Nouvelles Technologies (111) Nova classics 01 (2) Nova Tunes (2) NSA (3) Nu-Classic (4) Nu-Funk Jazz (1) Nu-Jazz (115) Nu-Roots (2) Nu-Soul (99) Nuage Mortel (2) Nucleaire (50) Nucléaire (70) Nujabes (3) Numaads (2) Number One du Senegal (2) Nuru Kane (2) O-Rynn (2) O.G.M ?? Vous avez dit O.G.M : Organisation Générale du Mensonge (2) O.M.S (2) O.N.O (2) O.N.U (8) O.S.T (17) O+S (2) Obama (4) Obsidian Blue (2) obsolescence (2) Occident (6) ocean (3) Ocoeur (2) Oddworld Abe's Oddysee (1) ODG (1) œil malchanceux (眼福眼禍 (1) OFCE (2) OGM (4) Oh Land (2) Oi (4) OiO (1) Ojos De Brujo (2) Oki (2) Oki Dub Ainu Band (2) Okitsu-miya?) (1) Oktawia Kawecka (2) Oku (2) Ólafur (2) Oligarchie (5) Olu Dara (1) Omar Perry (2) Omar Rodriguez Lopez (4) Omar Sosa (1) Omara Portuondo (2) OMC (6) Omer Avital (2) Omoi mi?) (1) OMS (6) On Ka'a Davis with Famous Original Djuke Music Players (2) Ondatropica (1) Ondubground (2) One Shot Not (6) Oneyed Jack (4) ONG (10) Onra (3) Open Mike Eagle (2) Open Range (2) opinion (2) Opiuo (2) Oppression (3) or (2) Orange (2) Orchestre Baobab (2) Orelha Negra (4) Organ (1) Original Soundtrack (4) Origine (2) Origins of Guitar Music in Southern Congo and Northern Zambia (2) Orishas Across The Ocean (2) Ormuz (2) Orquesta Típica Fernández Fierro (1) OST (1) OTAN (33) Other (2) Other Weapons (2) Otis Grove (2) Otis Taylor (2) Ouganda (2) Ouïgours (2) Oum Kalthoum (1) Oumou Sangare (2) Owiny Sigoma Band (2) Oxmo Puccino (5) Oye Primate (2) Ozi Batla (2) P2 (2) Paco (2) Padmo (2) Pakistan (11) Palanca (2) Pale Sketcher (2) Palenke Soultribe (2) Palenque Palenque (2) Palestine (9) Palmacoco (2) Palo (2) Palov and Mishkin (2) Pancho Quinto (2) PanDub Bear (2) Paolo Fresu (3) Paper (2) Paper Tiger (2) Papouasie (2) Paprika (2) paradis fiscaux (2) Paradise Now (2) Paradox (2) Paragay (4) Paraguay (2) Paris (5) Parlement (4) Parov Stelar (2) Part2Style (1) Partho Das (2) Patates Rats (2) Patriot Act (4) patriotisme (2) Paul Pena (1) Pauvreté (21) Pays Bas (2) Paysans (2) PC (8) Peace One Day (2) Peace Orchestra (2) Peach Stealing Monkeys (1) peacock (2) Peau (2) Pêche (2) Pentagone (2) Pentagone: Nous devons combattre le Net (2) Pentatones (4) People Everyday (2) Pepe Deluxé (2) Pepil Pew (2) Peplum (2) Percussion (2) Perhttp://www.blogger.com/img/blank.gifte (2) Perou (8) Perte (2) Pertego (2) pesticides (4) Peter Broggs (2) Peter Murphy (2) Peter Tosh (2) Petrole (49) Petropolis (4) PFL (2) Pharaoh's Daughter (2) Pharmaceutique (10) Phil Lesh (2) Philippines (2) Phillip Frazer (2) philosophie (24) Phoebe Killdeer and the Short Straws (2) Photophob (2) Phtographe (2) Phutureprimitive (2) Pi (2) Piano (30) Pilöt (2) Pink Floyd (4) Pink Floyd Redux (2) Pink Turns Blue (2) PIPA (2) piratage (4) piraterie (6) pirates (12) Planet Asia and Madlib (2) planète (1) Planète à vendre (2) Plantes (1) plastic (8) plastique (8) Platform (4) podcast (9) Poetic (2) Poetry (2) Pogoiting with the froggs (2) poison (4) Police (62) policier (13) Politics (6) Politique (543) Polka Madre (2) Pollution (138) Pologne (1) Polynésie (2) Ponto de Equilibrio (2) Ponyo sur la falaise (2) Poodleplay Arkestra (2) Pop (43) Pop Folk (18) Pop Rock (12) Popa Chubby (4) Popa Chubby and Walter Trout Band (2) populisme (2) Port Royal (2) Portico Quartet (2) Portishead (4) Portugal The Man (2) Positivo (1) Post Metal (1) Post Punk (5) Post Rock (31) Power Pop (2) Precious (2) President (2) président (4) Presse (7) Prêt à jeter (2) Pretty Lights (2) Pretty Purdie (2) previsions (3) Prévisions (2) Prince (2) Prince Alla (1) Prince Alla And Junior Ross (2) Prince Fatty (1) prison (5) Prison Valley (1) privatisation (8) privée (6) Prix agricoles les véritables raisons de l’inflation (2) Proche-Orient (4) Proem (2) Professor (2) Professor Psygrooves (2) Professor Wouassa (2) Progressive Rock (14) Project (2) Project Mooncircle (4) projet (12) ProleteR (4) Promo (3) Propaganda (124) Propagande (1) Proper Vein (2) Prophesy (1) prostitution (2) protection des viols de brevets Google Cisco HP Ericsson Verizon (2) Psapp (2) Psycatron (1) Psych Funk (2) Psych Funk Sa-Re-Ga (2) Psychedelic (132) Psychedelic Country (1) Psychedelic Funk (1) Psychedelic Rock (2) Psychill (4) psychologie (2) public (6) Publicité (2) Pulshar (2) Punk (86) Punk Rock (1) Pupajim (4) Pura Fé (2) Puseletso Seema (2) Putumayo (1) QPE (2) Qu'un seul tienne et les autres suivront (2) Quantic (2) Quantic and Alice Russell With The Combo Barbaro (2) Quantifier (2) Quasimode (1) Quatar (1) Queen (2) Queens (2) QUOI (2) R;Zatz (2) R.WAN (2) Raashan Ahmad (2) Rachael (2) Rachel and The Soul Criminals (2) Rachel Magoola (2) Racing (1) Racisme (4) Radar Men From The Moon (2) Radi0.1 Pirates i Babylon Burning (2) Radikal Dub Kolektiv (2) Radikal Guru (2) Radio Citizen (2) Radioactif (13) Radioinactive (1) rafale (2) Rage Against The Machine (3) Ragga (43) Ragga Dancehall (5) Raging Blues (2) Raiz di Djarfogo (2) Rajaleidja (2) Rajery (2) Ralph Towner (4) Rango (2) Rap (102) Rap Fusion (95) Rapcore (4) Raphael Gualazzi (2) rapport (45) Rapport Angelides (2) Rare and Cheese (2) Rare Groove Reggae Nova (2) Ras Michael and Sons Negus (2) Ras Natty Baby (2) RATP (2) Raul Midon (2) Ravi Shankar (2) Raw Stiles (2) Ray Callao (2) Ray Charles and The Ray Charles Orchestra (2) Ray Harris (2) Raymonde et les Blancs Becs (2) Rcola (2) RDC (10) rebellion (2) recherche (2) Recoil (2) Red Road (2) Reflection sur : Le monde de l'image (2) Reflexion (97) Reflextion (16) réfugiés (8) Regal (2) Reggae (478) Reggae 8-Bits (1) Reggae Jazz (3) Regis Debray (2) Rekevin (4) Rekhmire (2) religion (14) Remember Me (1) Remember Shakti (2) Remix (48) Rena Jones (2) Renaissance (2) Renation (70) Renske Taminiau (2) Renzu (3) reportage (102) Repression (27) Requiem For A Dream (2) réseau (6) ressources (5) ressources naturelles (2) Retraites (4) Retro (2) Retro Discography (4) réunions secrètes UE OGM (2) Reverend Tisley (1) Reverse Engineering (2) Révolte (4) Revolution (36) Revolutionary Brothers (2) RFID (4) Rhythm and Sound (2) Rhythm Rockers (2) Richard Bona (2) Richie Mac (2) Riddlore (2) Rigmor Gustafsson (2) Rim Banna (2) Rita Indiana y Los Misterios (2) Riz (6) RJD2 (2) RnB (12) RND (2) Rob Sawyer (2) Rob Swift (2) Robert French Meets Anthony Johnson (2) Robert Glasper Experiment (2) Robert Randolph and The Family Band (2) Roberto Fonseca (2) Robin McKelle (1) Robin McKelle and the Flytones (1) Rock (111) Rocksteady (6) Rod Anton (1) Rod Piazza and the Mighty Flyers (2) Rod Taylor (2) Rodrigo Leão (2) Rogall (2) Rokia Traoré (2) Roma (2) Roma Amor (1) Romantique (6) Roms (4) Ronnie Foster (2) Root Soul (2) Roots (1) Roots ; Jazz (1) Roots Manuva Meets Wrong Tom (2) Roots Zombie (2) Roots'N Future Hi Fi (1) Ror Shak (2) Roudoudou (2) Route du Rock (1) Roy 'Bubbles' Burrowes with Clifford Jordan and Charles Davis (2) Roy Ayers (2) Royaume-Uni (22) RPG (1) Ru Trip Community (6) Rub a Dub (2) Ruby Velle and The Soulphonics (1) Ruede Hagelstein and The Noblettes (2) Ruhnama (2) Rumba (18) Rumer (2) Rundskop (2) Runga (2) Russendisko (2) Russian Red (2) Russie (32) Russkaja (2) Rwanda (2) Rx Bandits (2) Rxnde Akozta (2) Rykarda Parasol (2) Rythm and Blues (6) Ryuichi Sakamoto (2) RZA (1) Sa Dingding (2) Sabi no naku koe?) (1) Saez (2) Sagesse (2) Sahara (4) Sahel (6) salaires (2) Salamat Nubiana (2) Salih Bilgin (2) Salsa (10) Saltillo (2) Samba (4) Samon Kawamura (2) Samsara Blues Experiment (2) Samuel eLe Rumba (2) Samurai (2) Sandhy Sondoro (2) Sandra Nkake (2) Sans lutte pas de victoire possible (2) Santah (1) Santé (78) Sao Paulo is Burning (2) Sara Lugo (2) Sara Schiralli (2) Sarah Lee Guthrie and Johnny Irion (2) Sarah White (2) Saravah Soul (2) Sarkozy (6) Sasha Sokol (2) Satanicpornocultshop (2) Satellites (1) Saul Williams (6) saumon (2) Save The Green Planet (2) Savoir (2) Schiller (2) Schiste (2) Science (2) Science Fiction (21) Science Fiction Theater (2) sciences (17) Scientist (2) Scoop (2) Scott Kid (1) Scrat (2) Screenatorium (4) Scrimshire (4) Scubaroots (2) SE (2) Seasick Steve (2) Seba (2) Sebastian Sturm (2) secret (18) Secret Cinema (1) Secret Cinema and Psycatron (1) Sécurité (32) Seeda (2) Selah Sue (2) Semantic (2) Semiomime (1) Senegal (2) Sénégal (2) sensure (4) Sepiamusic (2) Sepultura (4) Sequence Theory Project (3) Serbie (4) Serengeti (2) Serge Gainsbourg (1) Serge Teyssot-Gay (2) Sergent Garcia (2) Seun Kuti (2) Sevara Nazarkhan (2) Sexe (4) Sfonx (2) SGT. (2) Shafiq Husayn (2) Shakatak (2) Shangai Nights (2) Shanghaï (2) Shapes And Sizes (2) Sharon Jones and The Dap Kings (4) Sharon Sable (1) Sharon Sable and E. Shawn Qaissaunee (1) Shatter The Hotel (2) Shawn Lee (2) Shawn Lee's Incredible Tabla Band (2) Shawn Lee's Ping Pong Orchestra (2) Shelton (2) Shigeto (2) Shiina Ringo (2) Shitao (1) Shivkumar Sharma (2) Shiyugosha (4) Shoegaze (10) Shooting Dogs (2) Short Film (10) Short Film (2) Shrines (2) Shukar Collective (2) Shulman (2) Shuren The Fire (1) Siah and Yeshua DapoED (2) Sidi Touré (2) Sidsel Endresen (2) Sierra Leone Refugee (2) Sierra Leone's Refugee All Stars meet Dj Logic (2) Siggy Blooms (2) Signor Wolf (2) Silverman (2) Silverstreaks (2) SimCity 4 (1) Simon Joyner (2) Simulation (3) Sin Nombre (2) Singapour (2) Sinto (2) Sinusoidal (2) Sir Jean (2) Siriusmo (2) Sissy (2) Sista Kat (2) Sister Fa (4) Sitar (4) Sizemen (2) Sizzla (2) Ska (85) Ska Cubano (4) Skalariak (1) Skalpel (2) Skaribas (2) Skeewiff (2) Skeletons (2) Skinny (2) Skipless (2) Skunk (2) Skunk Anansie (2) Skype (2) Skyrim (1) Skyy (1) Slackeye Slim (2) Slam (4) Slava Grigoryan (2) Sleater-Kinney (2) Sleepin Giantz (1) Sleepy Sun (2) Slightly Stoopid (2) Slouch (2) Slumdog Millionaire (1) Sly Johnson (4) Smokey Bandits (2) Smolik (2) Smoma (2) Smooth Jazz (4) Snow and Voices (2) Soca (2) Socalled (1) social (502) société (2) Sodjul (2) Soema Montenegro (2) Sofrito (2) Software (3) Soil and Pimp Sessions (2) Sol Simio (2) Sola Rosa (1) Sold Out Cyclone (2) Sole and The Skyrider Band (1) Solo Banton (3) Somalie (16) Something Something Something Dark Side (2) Somi (2) sondage (6) Sonic Robo Blast 2 (1) Sonic Youth (2) Sons (2) Sonya Spence (2) Soom T (4) SOPA (2) Sophie Barker (2) Sophie Zelmani (2) Sotu (2) Souad Massi (4) Soudan (2) Soukous (4) Soul (218) Soul Funk (3) Soul Reggae (1) Soul Scream (2) Soulpersona (2) Soulprodz (1) Sound Of Rum (2) Sound Wave Pressure (2) Soundpool (2) sous-marin (2) SPA (2) Space (4) Spacek (2) Spacemonkeyz (2) Spangle Call Lilli Line (2) Sparklehorse (2) Spectateur (2) speculation (1) Speech (2) Speedometer (4) Speng Bond (1) Spider (2) Spoek Mathambo (2) Spoken Word (16) Sporto Kantes (2) Spuntic (2) Spy Dub (2) Sri Lanka Tsunami tourisme banque mondiale (2) Staff Benda Bilili (2) Staff Brenda Bilili (1) Stand High Patrol (2) Stanley Brinks (2) Star Band de Dakar Vol.3 (2) Stateless (2) Station (2) Steel Pulse (2) Stefano Bollani (2) Stekri (2) Stellardrive (2) Stepniewska (2) Steppa (2) Steppa Dub (1) Steve Turré (2) STIC (2) Stiff (2) Stigmath (1) Stomu Yamash'ta (2) Stoned Soul Picnic (2) Stoner Rock (4) Storage (1) Stranded Horse (2) stratégie (7) Strategy (2) Stratfor (2) Stress Assassin (2) structure (2) studio (2) Sub-Jazz (2) Subheim (2) Submotion Orchestra (4) Sudio (2) Sufi (2) Sugahspank (2) Sugame no uo?) (1) Sugarman 3 (2) Suhov (6) Suisse (2) Summer Wars (2) Sun City Girls (2) SuperHeavy (2) Superpoze (2) Sur Sudha (1) Surf (4) Surveillance (69) Susana Rinaldi (2) Susheela Raman (9) Sushidread Meets Axon (1) Sussan Deyhim (4) Susumu Yokota (2) Sutrastore (2) Suuns (2) Suzuri ni sumu shiro?) (1) Svinkels (2) Sway (2) Sweet Smoke (2) Sweetback (2) Swift (4) Swollen Members (4) Sydney Rogers (2) Sylford Walker (2) Syncopera (2) Syreeta (2) Syrie (14) T Mo (2) Tab (1) Tab and Anitek (2) Tabi o suru numa?) (1) Tahuna Breaks (1) Tail Dragger (2) Tail Dragger and His Chicago Blues Band (2) Taiwan (3) Taïwan (4) Takahiro Kido (2) Takako Minekawa (2) Talvin Singh (2) Tambien la Lluvia (2) Tame Impala (2) Tango (14) Tape Five (2) Tara Jane O'Neil (2) Tara King Th. (1) Tara Priya (2) Tarantula (1) Tarika Blue (2) Tarmac (2) Tau ea Linare (2) taxe (2) Taxi Driver (2) Taylor Mcferrin (2) Tchad (2) Tchernobyl (8) Techno (4) Techno Dub (3) Teeko (2) TelDem Com'Unity (2) Telepathe (2) telephonie (4) télévision (6) Teofilo Chantre (2) Teppen no ito?) (1) Terakaft (3) Terje Rypdal (2) Terrakota (2) Terre (1) terre rare (2) Terre sous influence (1) Terri Lyne Carrington (2) territoire (2) terrorisme (13) Terumasa Hino Quintet (4) Tetarise (2) Têtes Raides (2) textile (2) Tha Blue Herb (2) Thailande (4) THC (2) The 39 Steps (2) The Abbasi Brothers (2) The Abyssinians (2) The Aggrolites (2) The Album Leaf (2) The Ambassadors Of Sorrow (2) The Animatrix (4) The Arrows (2) The Asteroids Galaxy Tour (1) The Atomica Project (1) The Bahama Soul Club (2) The Bamboos (2) The Believer (1) The Black Angels (2) The Black Belles (2) The Black Box Revelation (4) The Black Dog (2) The Black Keys (6) The Black Seeds (3) The Blood Of Heroes (2) The Blue Seeds (2) The Bombay Royale (2) The Brunettes (2) The Budos Band (4) The Cancel (2) The Cat Empire (2) The Celebration (2) The Chaser (2) The Cinematic Orchestra (6) The Creations Steppers (2) The Dark City Sisters (2) The Dead Weather (4) The Deadbeats (2) The Devils Double (2) The Dø (2) The Donkey Jaw Bone (1) The Drastics (2) The Dreadnoughts (2) The Durutti Column (2) The Dust Brothers (2) The Dynamics (2) The Eclips Band (2) The Ecstasy Of Saint Theresa (2) The Edge Of Heaven (2) The Elder Scrolls (1) The Eliminators (2) The Ex (2) The Excitements (2) The Fall (2) the Fallen Men (2) the Flytones (1) The Fountain (2) The French Touch Connection (1) The Frikyiwa Family (1) the Fusion Experience (2) The Gaslamp Killer (2) The Ghost Writer (2) The Gladiators (2) The Grassy Knoll (2) The Grateful Dead (2) The Haggis Horns (2) The Heavy (5) The Heavy Pets (1) The Heptones (2) The Herbaliser (3) The Herbaliser Band (2) The House of Urban Grooves (2) The Hunter (2) The Hushpuppies (2) The Ides Of March (2) The Infesticons (2) The Kilimanjaro Darkjazz Ensemble (4) The Kingstonians (2) The Last Drive (2) The Left (2) The Ligerians (1) The Limits of Control (2) The Log.OS (2) The lookie loo's (2) The Lost Children Of Babylon (2) The Make Up (2) The Malex Kings (2) The Mannish Boys (2) The Michel Bisceglia Ensemble (2) The Mississippi Mafia (1) The Mojos (2) The Mops (2) The Motet (2) The Mutant Hifi (1) The Nels Cline Singers (2) The New Law (4) The Nightwatchman (2) The Non (2) The Orb (1) The Oscillation (2) The Palmero Surf Experience (2) The Pepper Pots (2) The Pioneers (2) The Prodigies (2) The Prodigy (2) The Q4 (4) The Quiet Nights Orchestra (2) The Red Earth Collective Ft Soothsayers Horns (2) The Reflections (2) The Road to Guantanamo (2) The Robert Cray Band (2) The Roots (6) The Secret Whistle (2) The Shaolin Afronauts (2) The Shock Doctrine (2) The Simeons (2) The Skatalites meet King Tubby (2) The Soul Investigators (2) The Souljazz Orchestra (3) The Soultwisters (2) The Spasm Band (1) The Spirits Within (2) The Stance Brothers (2) The Starseeds (2) The Super Guitar Trio and Friends (2) The Tao Of Slick (2) The Teardrops (2) The Time And Space Machine (2) The Warrior Dubz (2) The Way Back (2) The Whistleblower (1) The White Stripes (2) The Wisdom of Crocodiles (2) The Wizards (2) The Wudos Band (2) The Yuval Ron Ensemble (2) Thea Van Seijen (1) Thee (2) theTRIF (1) Thievery Corporation (2) Third Eye Foundation (2) Third Person Lurkin (2) Third World (4) Thirdiq (2) This is England (2) Thomas Dutronc (2) thriller (30) Tied and Tickled Trio and Billy Hart (2) Tienanmen (2) Tijuana Cartel (2) Tiken Jah Fakoly (1) Tim Hecker (2) Timber Timbre (2) Tinariwen (3) Tinavie (2) Tino Gonzalez andLos Reyes del K.O (2) Tipper (2) Tito (1) Tok Tok Tok (2) Tokyo Freeters (2) Tom Harrell (2) Tom Morello (2) Tommy Guerrero (2) Tony Allen (2) Tony Mahoney (2) Tony Tuff (2) Toots and The Maytals (2) Tor (1) Total (2) Totalitaire (6) Touaregs (2) Toumani Diabate (2) toxique (2) Tracey Thorn (2) Tracing Arcs (2) Tracks (1) Trade - Les trafiquants de l'ombre (2) Traditional (6) Traffic (2) trafic (10) traité (11) Trance (4) transgenic (2) transport (1) Trash (2) travail (16) Traveller (2) Travis Barker (2) Trebles and Blues (2) Trent Reznor and Atticus Ross (2) TriBeCaStan (1) tribunal (1) tribute (2) Tricky (2) Trifonic (1) Trigg (2) Trilok Gurtu (1) Trio Chemirani (2) Trio Exklusiv (2) Trip Hop (292) Trip Pop (7) Trip-Hop (1) Triston Palmer (2) Trojan Reggae Rarities Box Set (2) Trombone Shorty (2) Tropa de Elite (2) Troupe d'Elite (2) TSCG (2) Tsegué Maryam guèbrou (2) Tsunami Wazahari (2) Tsuyu o suu mure?) (1) Tune-Yards (2) Tunisie (10) Turkménistan (2) Turntable (12) Turquie (7) Tutu Puoane (2) TV (4) TV on the Radio (2) Twin Muses (2) Twitter (6) Two Fingers (2) U Brown (2) U Roy (2) U-Roy (1) U.A (2) U.R.S.S (4) U.S.A (1) UE (14) UFO Music (1) Ugress (2) Uh Oh (2) Uht° (4) Ukraine (2) Ulzhan (2) UMP (2) Umrao Jaan (2) Una (1) Unasaka yori?) (1) Unbuntu (1) Unbuntu One (1) Undergang (2) Underground (2) Undermood (2) Une livraison de Nouvelles questions féministes (2) Union Africaine (2) Union Européene (8) Union Européenne (1) United Kingdom (2) Unity Gain Continuum (1) Unkle (2) Unplugged (2) Up (2) Upper (2) Uranium (5) Urbanisation (6) Uro mayu tori?) (1) US (18) Us3 (2) USA (109) Utah Jazz (4) V.A (56) V.A - Afrika Underground (2) V.A Indestructible Beat of Soweto Vol.2 Thunder Before Dawn (2) V.F (212) V.I.C Sound (2) V.O (43) VA (53) Vaccin (2) Vakill (2) Valse avec Bachir (2) Vampires (2) Vanessa da Mata (1) Vargo (2) Various Artists (9) Veell (2) Veloce (2) Venezuela (5) Veolia (10) vêtements (2) Vibrations Reggae (2) Vicky Flint (2) victimes (2) Video (5) vidéo (2) Vie Privée (2) Viellesse (2) Vietnam (14) Viêtnam (2) Vieux Farka Touré (2) villes (4) Vincent Cheirezy (2) Viol (2) Violence (19) Violent Public Disorderaz (2) Violon (2) virus (2) Vitalic (2) Viva Tirado (2) Vlatko Stefanovski (2) Vocal (18) VoIP (2) Vol au-dessus d'un nid de coucou (2) Volcan (2) Volfoniq (3) Voo Voo and Haydamaky (2) vostfr (33) vSquared (2) Vu du ciel (2) W E E D (2) Wackenhut (2) Waitapu (2) Waiwan (2) war (4) Warren Haynes (2) Warrior King (2) Wata bōshi?) (1) Watch The Men Fall (2) Watcha Clan (2) Water makes money (2) Wavves (2) Wax Poetic (1) Wax Tailor (3) Wayne Gorbea Salsa Picante (2) Wayne Shorter (2) Web 2.0 (19) Web Browser (1) Webdocumentaire (4) Welton Irie (2) Western (2) Why (2) Wii U (1) Wikileaks (8) William Parker (2) Willie Williams (2) Windows (2) Winston Mc Anuff and The Bazbaz Orchestra (2) Winston McAnuff (4) Winston Reedy (1) Woima Collective (2) Wolf Myer Orchestra (2) Wolfgang Muthspiel (2) Wolfmother (2) Woodville (2) World (438) World Electronic (5) World Music (40) World Web War (1) Woven Hand (2) WTO (4) WU LYF (2) Wu Tang (2) Wu-Tang Clan (4) X (2) X-makeena (2) X-Tribe (2) XenomiX (1) Xihilisk (2) Xploding Plastix (2) Y'akoto (2) Yael Naïm (2) Yakutsk (2) Yama idaku koromo?) (1) Yama nemuru?) (1) Yaoundé by night (2) Yawarakai tsuno?) (1) Yemen (4) Yoanna (2) Yodelice (6) Yoko (2) Yonderboi (2) Yosebu (2) YOU Dub I (2) Youth In Dub (2) Yppah (2) Yuka Honda (2) Yuri Honing and Floris (2) Yuzo Koshiro (2) Zambie (2) Zara McFarlane (2) ZaZen (2) Zeb (2) Zefs Chasing Cara (2) Zeitgeist (2) Zen RMX (2) Zenzile (14) Zeynep Karababa (2) Zhubin Kalhor and Bikramjit Singh (2) Zion Train (6) Zoë Keating (2) Zoi Tiganouria (2) Zoufris Maracas (2) Zouk (2) Zul (1) 비열한 거리 (1) 夜上海精選 (2)

My Blog List